« J’ai besoin de me sentir utile »

Depuis 20 ans, Jean-Marie Lapointe multiplie les engagements bénévoles. Parce que c’est bon pour les autres, mais aussi parce que c’est bon pour lui. Malgré les circonstances exceptionnelles que nous traversons, l’animateur continue de prendre soin des plus vulnérables. Et ils sont nombreux.

Bénévole depuis 20 ans

Pour l’animateur de Face à la rue et de Fin de mois, le bénévolat n’est pas qu’une contribution aux autres, mais une manière de se faire du bien. « Bien égoïstement, j’ai besoin de me sentir utile, soutient-il. Pour tout être humain, c’est important de sentir que son passage sur terre n’est pas lié qu’à la routine métro-boulot-dodo. Savoir que je peux faire une différence dans la vie de quelqu’un, c’est quelque chose de réconfortant pour moi. Je continue d’aller à la Maison du Père pour servir les repas aux plus vulnérables. Je vais faire l’épicerie pour des personnes âgées. Il y a des gens qui souffrent autour de moi et de temps en temps, je leur passe un coup de fil pour vérifier si je peux faire quelque chose pour eux. Ça fait partie de ma vie. »

À tous les jours, il reçoit des demandes d’aide. « Dans mon réseau, dit-il, il y a beaucoup de gens qui peuvent aider. Je me considère comme un entremetteur. »

Lorsqu’il était plus jeune, il voulait sauver les gens, mais il ne s’épuise plus à agir ainsi. « On peut aider ceux qui veulent s’aider, pas ceux qui veulent continuer à souffrir… », nuance-t-il.

Un fils dévoué

Fils du célèbre Jean Lapointe, Jean-Marie s’occupe de son papa avec toutes les attentions qu’il mérite. « Papa est pantouflard, il ne travaille presque plus, dit-il. Ça fait des années qu’il vit confiné. J’ai l’impression que les dernières années l’ont préparé à traverser ce que nous vivons en moment. Il a sa femme, son petit chien. Je ne le sens pas déprimé. »

Il relate que son papa a eu des soucis de santé ces dernières années. Plus récemment, lorsqu’il a vu ses oncologues et médecins, les nouvelles ont été très positives.

« Il a un regain, constate-t-il. Habituellement, il n’est pas celui qui nous appelle, mes sœurs et moi. Mais actuellement, je sens qu’il s’inquiète parce qu’il sait que je continue à faire du bénévolat et que par la force des choses, je suis exposé à la COVID-19. Je fais son épicerie. Honnêtement, c’est un plaisir. Mes sœurs m’appellent pour me remercier d’avoir fait les courses pour mon père, mais c’est plutôt moi qui suis conscient de ma chance : je ne peux pas faire l’épicerie pour ma mère, elle n’est plus là… J’essaie de me rappeler que je suis chanceux parce que mon papa est encore vivant et qu’il a besoin d’aide. »

Garder la forme… et lâcher prise

Âgé de 53 ans, Jean-Marie a su conserver une énergie et une forme physique qu’il faut qualifier d’exceptionnelles. « Je m’entraîne à la maison, je peux me défouler et maintenir ma forme, car j’aspire quand même à faire des compétitions de canot-kayak et de bateau-dragon cette année, et ce, même si la saison risque d’être compromise. Pour moi, c’est important. J’ai besoin de bouger. Je continue à prendre soin de moi et à bien manger. À m’occuper des autres et de moi-même. »

Il avoue que c’est beaucoup plus facile de se laisser aller que de se discipliner. « Le syndrome de la gratification rapide, moi aussi j’en suis atteint. Ayant eu des parents alcooliques et toxicomanes et ayant moi-même mes problèmes de dépendance, je sais que c’est plus facile de s’engourdir avec une bière ou un joint que de s’asseoir sur un coussin de méditation, un tapis de yoga ou de faire du jogging pendant 15 minutes… »

Un brin de philosophie

« J’essaie de vivre au jour le jour, explique-t-il, de rester dans le moment présent pour ne pas être déçu. Il ne faut pas comparer notre vie actuelle à celle d’avant. Il faut s’adapter. Les espèces qui survivent sont celles qui s’adaptent à leur nouvelle réalité. »

Selon lui, la pandémie de coronavirus s’avère une belle période pour l’intériorité. « Profitons de ce confinement pour se poser de vraies questions :  » Comment je veux vivre ma vie ? Améliorer la qualité de mes relations ?  » La spiritualité, ce n’est pas méditer 10 minutes le matin : c’est un mode de vie. C’est la toile de fond de notre existence, quelles que soient nos croyances. Avoir une bonne éthique, penser aux autres, tendre la main, ça se cultive à tous les instants ou du moins, à tous les jours. Ça colore la vie d’amour, de bienveillance et de bonté… »

Sur ce plan, Jean-Marie a croisé plusieurs beaux modèles. Il confirme : « Mes parents et ma tante religieuse aujourd’hui décédée en ont été d’importants pour moi, mais j’ai aussi eu la chance de rencontrer des maîtres comme le dalaï-lama, Matthieu Ricard, de même que tous les enfants et adolescents que j’ai accompagnés en fin de vie et les personnes handicapées du Défi sportif. J’avais cet appel en moi, mais j’ai pu bénéficier de la présence de toutes ces personnes. »

Au petit écran

 Face à la rue et Fin de mois sont disponibles sur tva.ca. Face à la rue est en rediffusion sur Moi et cie. La deuxième saison de Fin de mois devrait être diffusée sur ce même réseau en 2020. Jean-Marie donne des conférences. On s’informe auprès de son agente, Marie-Philippe Lemarbre, au 514 769-6324.

Photo : Roxane Chaput