En amour avec les belles d’autrefois

Sur leur passage fusent les « oh » et les « wow » ! Plus elles sont vieilles, plus elles font tourner les têtes. Les voitures anciennes captivent bon nombre de Québécois. Rencontre avec des passionnés de bolides d’un autre temps.

« Je déteste conduire les voitures modernes. Mais pour les anciennes, c’est complètement différent ! », lance d’emblée Gilbert Bureau, qui cultive un intérêt pour ces bagnoles depuis l’âge de 13 ans.

Une première voiture ancienne à 18 ans

À cette époque, alors que ses amis allaient au dépanneur du coin pour y zieuter des revues sexy, il s’orientait surtout vers les revues de « chars ». Dans un magazine datant des années 1920, il aperçoit une publicité d’un modèle de cette période. « Je me suis dit : “Un jour, j’aurai cette voiture !” Aujourd’hui, j’ai cette voiture… et la revue qui a tout déclenché ! », raconte-t-il.

Lorsqu’il se balade sur les chemins de campagne au volant de sa rutilante Cadillac 1926 décapotable pouvant accueillir sept passagers, le retraité est transporté dans une époque lointaine, qu’il n’a pas eu la chance de connaître.

« Le volant est en bois et la voiture est découverte. Il n’y a ni radio, ni climatisation, ni chauffage. C’est costaud ! », décrit le retraité, qui n’hésite pas à porter un chapeau canotier lors de ses sorties ou à revêtir son « capot de chat », comme ceux que portaient les gentlemen de l’époque.

Gilbert Bureau a acquis sa première voiture ancienne à l’âge de 18 ans pour la modique somme de 50 $. Il en a possédé plus d’une vingtaine au cours de sa vie. Cet amateur d’histoire a fondé le club Voitures anciennes Québec (VAQ) en 1974.

Bien actif, le club regroupe aujourd’hui 2 500 membres. VAQ publie une revue mensuelle, offre un service de petites annonces et organise une vingtaine d’expositions, de mai à septembre.

« C’est mon dada »

 Lors d’une exposition, en 1995, Rita Landry tombe sous le charme de ces belles voitures, restaurées avec soin et gardées précieusement pendant toutes ces années.

La nouvelle adepte part sur les chapeaux de roue et achète sa première voiture, une Plymouth Fury 3 1970 décapotable. Deux ans plus tard, elle jette son dévolu sur une Buick spéciale 1957. « Tout le monde admirait ma belle voiture, un modèle rare », dit-elle. Mme Landry n’a pas hésité à investir pour la restaurer au fil des ans.

« Le chrome, la peinture, l’intérieur… J’en ai mis de l’argent ! C’est ma folie. Pour d’autres c’est le golf, le bateau, le camping. Chacun son dada », justifie cette bénévole du club VAQ.

Quelques années plus tard, en quête de changement, Mme Landry délaisse l’amour de sa vie pour une Ford Galaxy 500 1968. « C’est mon plus grand regret ! », confie la dame, dont l’ancienne voiture lui fait encore de l’effet lorsqu’elle la croise dans les expositions.

Cela ne l’empêche pas de se plaire au volant de sa belle monture turquoise des années 1960, qui ne passe pas inaperçue.

« C’est tout un thrill de conduire une belle d’autrefois ! Sur la route, les gens regardent ma voiture, m’envoient la main. Quand j’arrête pour faire le plein d’essence ou manger au restaurant, les curieux se rassemblent autour de ma voiture et me posent mille et une questions », s’enthousiasme Mme Landry. Son mari partage la même passion… mais pas la même voiture !

D’ailleurs, de plus en plus de femmes, jadis assises sur le siège passager, passent derrière le volant. « Il y a 20 ans, les femmes constituaient à peine 3 % des propriétaires de voitures anciennes. Aujourd’hui, elles représentent environ 10 à 15 % », évalue Denis Vallée, président du club Voitures anciennes Québec.

Il s’implique dans cette communauté depuis plus de deux décennies. Son goût pour ces reliques à quatre roues lui vient de son père mécanicien qui achetait et réparait des voitures des années 1930. Oubliez la mécanique et les moteurs. C’est le design qui l’intéresse.

« Dans ce temps-là,  les couleurs des voitures étaient plus frappantes, les lignes plus franches », note le propriétaire d’une élégante Cadillac 1954 jaune. Son garage abrite également une Mercedes 1992 décapotable rouge vin avec des sièges en cuir beige.

Des expositions un peu partout

Une chose est sûre, les automobiles d’époque ne laissent personne indifférent, faisant vibrer la fibre nostalgique. Plusieurs localités du Québec l’ont compris et organisent ou accueillent des expositions. Entre 125 et 150 d’entre elles ont lieu chaque été, à raison de trois ou quatre par fin de semaine, estime le président du club VAQ. Ces rassemblements attirent une foule bigarrée d’amateurs de belles bagnoles, de retraités et de jeunes familles.

« Ce passe-temps est en pleine croissance. L’émergence de nouvelles générations de mordus laisse présager une bonne relève », se réjouit Gilbert Bureau, qui se plaît à faire découvrir sa passion aux plus jeunes. En voiture !

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Pour connaître la programmation des expositions, consultez le site de Voitures anciennes Québec : vaq.qc.ca.

Photo : Bruno Petrozza