« Des cadeaux de Noël, en as-tu vraiment besoin ? »

En cette veille de la période des fêtes, un concept un peu beaucoup à contre-courant émerge timidement : n’offrir et ne recevoir aucun cadeau à Noël. Insensé ? Au contraire. Il suffit d’appliquer à ce sujet précis la formulation fétiche du chroniqueur et auteur Pierre-Yves McSween : « Des cadeaux de Noël, en as-tu vraiment besoin ? »

Le No gift act…

Adepte d’éducation financière, ce comptable chouchou des médias, qui ne donne pas dans la rectitude et force les remises en question sur nos comportements de consommateurs, a choisi son camp. Il suggère que les familles qui en ont contre le « festival de la consommation inutile » qu’est devenu Noël se lèvent et adhèrent à un No gift act consistant à troquer l’énergie et l’argent consacrés à l’achat de cadeaux souvent superflus, contre du temps de qualité en famille.

« Dans les faits, Noël appauvrit tout le monde, c’est ridicule ! On gagnerait tous à éviter les biens matériels et à offrir plutôt des moments et des activités ensemble », déclare Pierre-Yves McSween, avec le franc-parler qui a fait sa marque.

Ainsi, bye-bye les échanges de cadeaux qui se traduisent par un article de plus au fond de l’armoire. Bye-bye la carte de crédit en fusion le 24 décembre, qui se transforme en lendemain de veille pénible en janvier (les ménages canadiens ont prévu un budget moyen de 652 $ pour la période des fêtes en 2015). Allô les après-midi faits d’activités gratuites comme le patinage et les jeux de société, à mordre dans le bonheur de profiter du temps qui passe. Alléchant, non ?

…Ou le Certificat d’exemption de cadeau

Il y a dans votre famille trop d’irréductibles de l’orgie de cadeaux pour qu’un tel pacte soit envisageable ? Soit ! Signez alors des accords bilatéraux avec d’autres personnes avec qui vous partagez une communauté de pensée; ça fera déjà ça de pris. Le principe est simple : vous lui remettez sans tarder – par exemple lors de la Journée sans achat, le 25 novembre – un certificat d’exemption de cadeau. Il vous rendra sûrement la politesse.

Ce document mis de l’avant par l’Union des consommateurs soustrait celui que le reçoit à l’ « obligation » de vous acheter un cadeau et suggère d’agréables solutions de rechange, à partager : une promenade en nature, un repas, etc. Pour l’imprimer : uniondesconsommateurs.ca/docu/Certif_Cado_imprim.pdf

Bien sûr, la logique d’y aller mollo avec les cadeaux de Noël vaut aussi pour les autres cadeaux qu’on offre la plupart du temps, avouons-le, de peur de se voir accoler l’étiquette de cheap, et qui souvent s’avèrent plus ou moins appréciés.

Consommer moins, consommer mieux

De façon plus générale encore, le sujet des cadeaux met en lumière notre rapport tordu avec nos finances personnelles. Il en résulte une introspection parfois douloureuse qui nous amène à réaliser à quel point nous obéissons au mantra de la consommation : j’achète, donc je suis…

En répétant à toutes les sauces son éternel « En as-tu vraiment besoin ? » – à l’achat de son livre, on obtient même un porte-carte de crédit avec cet aide-mémoire ! – , Pierre-Yves McSween tente de nous faire comprendre que nous dépensons une portion significative de notre argent pour rien.

Résultat : on baigne jusqu’au cou dans les paiements, on se prive de la liberté de faire des choix, on vit dans l’insécurité financière car on n’arrive pas à se constituer une marge de manœuvre pour faire face sereinement aux imprévus de la vie. De plus, on n’épargne pas assez en vue de nos vieux jours, ce qui fait qu’on se magasine une retraite pas du tout dorée.

Bonne nouvelle : notre horizon financier n’a pas à être ainsi. Mais pour se faire, il faut examiner tous nos choix et utiliser nos ressources financières de façon futée. Les cadeaux qu’on offre, les petits luxes qu’on se paie « parce qu’il faut bien se gâter », cette voiture neuve aux multiples gadgets, nous apportent-ils vraiment du bonheur ou plutôt des plaisirs bien trop éphémères en comparaison de leur coût en jours, semaines ou mois de travail ?

Un cadeau sensé

Alors, prêt pour un premier sapin de Noël dénudé de tout cadeau ? En fait, il pourrait y avoir une exception : le livre  En as-tu vraiment besoin ?, de Pierre-Yves McSween (Guy St-Jean éditeur, 368 pages, 24,95 $). On en offre un seul exemplaire par famille, en demandant qu’il soit donné au suivant après usage, encore et encore.