Flanquée de Rémi, son adorable goldendoodle, Élise Guilbault entre dans la salle d’entrevue. Simple, drôle et pas un brin vedette, la comédienne est visiblement heureuse et pleinement satisfaite des largesses de la vie à son égard. Mais il suffit de prononcer « insécurité alimentaire » et toute légèreté disparaît. Car pour la porte-parole de Moisson Montréal, ce fléau, c’est du sérieux.
« J’ai vraiment épousé cette cause », dit celle qui incarne Dominique Lévesque dans la série de l’été, Cheval-Serpent, disponible sur tou.tv Extra.
Émue par la misère et la bonté
En apprenant à connaître Moisson Montréal et les 250 organismes accrédités à qui sont distribués gratuitement les denrées alimentaires et autres produits de première nécessité, elle a été bouleversée de deux façons. « J’ai été émue par autant de misère, puis par tout le courage des combattants incroyables qui œuvrent auprès des personnes dans le besoin, avec sensibilité et sans préjugés. »
Pour mettre en lumière la souffrance que trop de gens vivent dans l’ombre, elle reprend les mots de Gabriel García Márquez : « Nous avons tous une vie publique, une vie privée et une vie secrète ».
« Mitoyen à notre logement ou à notre maison, il y a des gens aux prises avec l’insécurité alimentaire en raison de la maladie ou d’une séparation. Il y a aussi des gens âgés, des étudiants ou des chefs de famille monoparentale qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. C’est faux de penser que les gens qui ont recours à de l’aide alimentaire sont assis sur leur chaise, regardent la télé et se grattent la bedaine en attendant qu’on les nourrisse. Dans les faits, ils se débattent et souffrent. »
En tournage : Unité 9
Pour cette comédienne depuis plus de 30 ans, qui nous a fait rire et nous a émue tant de fois, être porte-parole de Moisson Montréal est un engagement à longueur d’année. Aussi souvent que possible, elle parle de la cause et participe à des événements-bénéfice.
Du temps, elle en trouve, bien qu’elle ait le grand bonheur de jouer beaucoup ces dernières années. À preuve, jusqu’en octobre, elle reprend du service dans son rôle de Kim Vanier, d’Unité 9, dont le tournage de la 6e saison prendra fin en octobre. Elle a aussi eu un rôle dans le film Pauvre Georges, de Claire Devers. Par ailleurs, elle a tourné l’hiver dernier dans le film Pour vivre ici, du réalisateur Bernard Émond, qui prendra l’affiche en 2018. « Et puis, avec le succès de la 1re saison de Cheval-Serpent, j’ai espérance que les personnages vont survivre. »
Ayant eu sa part de passages à vide, cette pigiste assumée se considère chanceuse de jouer autant à l’heure où il est si difficile pour bien des comédiennes de 50+ de décrocher des rôles. « Quelque chose a un peu changé ces dernières années. Les personnages des auteurs n’ont plus toujours absolument 20 ou 30 ans », remarque-t-elle, en citant Unité 9 en exemple.
Telle Élise, tel chien
Au moment des photos, Élise invite volontiers Rémi à poser avec elle. La scène rappelle un peu la pub Tel maître, tel Fido, tant Rémi a un je-ne-sais-quoi d’Élise, et vice-versa. « J’adore Rémi, il m’apporte beaucoup de réconfort et me fait énormément marcher. Dans la vie, j’essaie de m’inspirer de ce qui compose sa vie : recevoir et donner beaucoup d’affection, manger, dormir, jouer. »
Cet amour pour les animaux, de même que son souci pour l’environnement, l’ont incitée à devenir végétarienne, il y a huit ans. « C’est une grande satisfaction pour moi, autant que lorsque j’ai cessé de fumer. » Toutefois, elle continue à manger du poisson, mais seulement s’il est issu de la pêche durable.
Quant à sa vie privée, elle aime la garder ainsi en se tenant aussi loin que possible des potins et des « y paraît que…». « Je suis une actrice et, en principe, on devrait me voir surtout quand je joue. »
En finir avec la faim
En conclusion d’entrevue, elle reprend son rôle de porte-parole de la plus grande banque alimentaire au Canada et se prend à rêver aux miracles issus de l’entraide.
« Si on s’y mettait tous, on pourrait enrayer de façon importante la souffrance liée à l’insécurité alimentaire. Après, on pourrait discuter des raisons pour lesquelles des gens se retrouvent dans des extrêmes pareils et trouver des solutions. »
Bref, il n’en tient qu’à nous tous de faire en sorte qu’un jour, on puisse dire : « Moisson accomplie ! »
***citation en retrait***
« Peut-être est-ce parce que je vieillis, mais pour moi, ce n’est plus possible d’accepter l’inacceptable »
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100 $ = 46 enfants rassasiés pendant une semaine
Ce serait merveilleux, n’est-ce pas, si nos investissements rapportaient 15 fois leur valeur ? Eh bien, c’est justement le rendement d’un don à Moisson Montréal. Résultat : un montant de 100 $ permet de nourrir l’équivalent d’un autobus d’enfants de 0-5 ans pendant une semaine.
« Moisson Montréal est cousue de chiffres pertinents pour convaincre les gens de donner. Le plus petit don fait un monde de différence », insiste Élise Guilbault, en rappelant que la faim sévit toute l’année, bien qu’on y soit plus sensible à l’approche du temps des fêtes.
Donnez donc !
Selon la porte-parole, devant la souffrance, on peut soit détourner le regard, soit agir. Bien sûr, elle choisit le second et invite la population à faire de même.
On peut contribuer à la cause en faisant du bénévolat, en organisant un événement bénéfice ou une collecte de denrées, en donnant des denrées, etc. Autre possibilité : un don testamentaire qui, grâce à l’effet de levier du modèle de Moisson Montréal et aux avantages fiscaux, multiplie par 30 l’impact de chaque dollar donné.
Pour faire un don à Moisson Montréal : moissonmontreal.org, don@moissonmontreal.org, 514 344-4494, poste 222.
Pour faire un don à la Moisson de votre région : banquesalimentaires.org, info@banquesalimentaires.org, 514 344-0789, 1 877 478-4040.
Photo : Bruno Petrozza – Maquillage : Véronique Prud’homme