Cramponnez-vous !

Tous les Québécois devraient avoir dans leur trousse d’articles hivernaux des crampons, autant pour des questions de sécurité que pour le plaisir. Cet hiver, mordez dans la glace à pleines dents !

Avec les changements climatiques, la multiplication des épisodes de gel et de dégel crée les conditions parfaites pour glacer nos trottoirs, routes et sentiers. Idéal pour jouer au curling, mais pas vraiment pour marcher sans balai.

Il n’existe pas de solution miracle à ce problème. Les villes ne peuvent pas tout déglacer dans un temps record. La solution : on minimise nos risques de chutes en portant des semelles de crampons sur nos bottes. À mon humble avis, tout le monde devrait posséder une paire de crampons pour nos hivers, un accessoire qui ne coûte pas la peau des fesses, qui est aussi sécuritaire que ludique, et qui peut vous éviter un long séjour à l’hôpital.

On entrepose les crampons près de la porte d’entrée et on les enfile dès que des patins conviendraient mieux à la marche que des souliers. On peut aussi en laisser une paire dans le coffre à gants de la voiture. Les crampons sont aussi une belle façon de profiter de l’hiver en confrontant les éléments. C’est vraiment jouissif de marcher sur la glace. On a l’impression de briser un plancher de verre.

Des ventes qui explosent

Un coup de sonde du marché indique que la vente de semelles à griffes explose depuis quelques années. Selon Daniel Beaupré, copropriétaire de la boutique Courir située rue Saint-Denis, à Montréal, l’engouement pour les crampons s’explique notamment par le vieillissement de la population.

« Les gens sont plus craintifs. Une chute à 60 ans fait plus de dommages qu’à 20 ans », fait-il remarquer. Le commerçant constate aussi que les gens veulent continuer à marcher, peu importe les conditions. Bref, on ne veut pas s’encabaner sous prétexte que la ville devient une patinoire naturelle.

Pour Alain Sisler, fondateur de Life Sports Gear, une compagnie québécoise qui manufacture des crampons depuis 2014, la vogue pour les crampons s’explique par une plus grande connaissance des produits.

« Il y a une vingtaine d’années, c’était rare de croiser des randonneurs avec des crampons. Aujourd’hui, c’est très courant. Plus de gens donnent l’exemple, plus de gens veulent en essayer », dit cet homme d’affaires, qui surfe sur la vague.

Marche urbaine, course ou sentier

L’offre de crampons se diversifie beaucoup. « Avec le temps, les manufacturiers ont adapté les modèles à la pratique de diverses activités », dit Daniel Beaupré, qui a 33 ans d’expérience dans le commerce de détail.

Il existe trois grandes catégories de crampons : pour la marche urbaine, la course ou les sentiers. Les crampons pour la marche urbaine hivernale se caractérisent par un couvre-chaussure élastique en caoutchouc (dans mon jeune temps, on appelait cela un chouclaque) parsemé de petits pics qui s’agrippent à la glace. On les enfile sur les souliers ou les bottes en quelques secondes seulement et nous voilà en confiance.

Les modèles de base coûtent une vingtaine de dollars. Un exemple parmi d’autres, le modèle City de La Cordée se vend 16 $. Ses dix crampons sont remplaçables en cas de détachement. C’est sûr qu’à ce prix, l’ajustement est minimal. Il est fréquent que les crampons se détachent des bottes. Mais pour de courts déplacements entre la maison et le dépanneur, ça fait l’affaire.

Pour faire de longues marches, on investit davantage. Pour 35 $, on se paye le modèle Grip Pro, de Life Sports Gear, qui possède 28 crampons en acier qui domptent la glace. « L’avantage de ce produit, c’est sa courroie légère avec velcro qui facilite l’ajustement sur le pied. Son inconvénient, c’est son poids assez lourd [353 g pour la taille moyenne] », dit Daniel Beaupré, de la boutique Courir.

Pour de la course urbaine, on optera pour des modèles plus légers, car on ne veut pas traîner un poids considérable à chaque foulée. En règle générale, les modèles dédiés à la course ou à la marche rapide possèdent des pointes très petites en tungstène, un matériau plus résistant que l’acier. Un exemple : les crampons Runlite de Life Sports Gear, qui possèdent dix crampons en tungstène adhérant à la glace. Le prix de vente : 40 $. Je les ai essayés et ils tiennent très bien en place, même en marchant ou en courant à un bon rythme.

Pour un produit ultra polyvalent, convenant autant à la marche, à la course qu’à la randonnée en sentier, Daniel Beaupré recommande le modèle EXOspikes de Kahtoola, une compagnie du Colorado. « Les crampons sont en forme pyramidale, avec une pointe en tungstène à leur extrémité. Ils mordent autant dans la neige que la glace », dit notre expert. Coût de cet investissement : 60 $.

Sur les pistes

Lorsqu’on souhaite conquérir les montagnes enneigées sur des pistes glacées, les chaînes dentelées remplacent les semelles en caoutchouc pour un bon cramponnage autant dans la neige que sur glace. De tels crampons représentent un investissement de 50 $ et plus.

Un exemple : le modèle Spike One de Life Sports Gear possède dix crampons sur une armature en chaînes torsadées en acier inoxydable. Son prix : 50 $, incluant un sac de transport. Pour un produit d’une qualité hors pair, Daniel Beaupré suggère les MICROspikes, de Kahtoola. « C’est le nec plus ultra des crampons en chaîne pour la montagne, avec une semelle en élastomère très durable », dit Daniel Beaupré. La qualité a un prix : 87 $.

La question qui tue : raquettes ou crampons en sentier ? Ça dépend des conditions. Les raquettes performent en tout temps, autant dans la poudreuse que sur la glace, car elles possèdent des dents acérées sous les semelles. Quant aux chaînes cramponnées, elles conviennent aux sentiers peu enneigés ou sur les surfaces glacées. Leur avantage par rapport aux raquettes : leur légèreté et leur facilité d’utilisation. « Les chaînes sont très compactes. Elles se glissent aisément dans une poche d’un manteau lorsqu’on n’en a plus besoin », dit Alain Sisler, de Life Sports Gear. À vous de choisir !

Qu’importe, cet hiver, ne perdez pas pied sur la glace !

Photo : Simon Diotte