Comment économiser sur le logement?

Au pays, les ménages consacrent en moyenne 31,4 % de leur budget au logement, selon des chiffres de février dernier de Statistique Canada. C’est leur premier poste de dépense, et il ne cesse de croître. Comment limiter les dégâts et économiser sur le logement?

La crise du logement touche propriétaires et locataires. Capitalisme 101 : quand la demande excède l’offre, les prix grimpent. Actuellement, il se construit moins de logements (toutes catégories confondues) alors que la population croît à des niveaux jamais vus depuis le babyboom des années 1960. Mais pour les plus vieux d’entre nous, c’est du déjà-vu. Certains se souviennent de la crise du logement de l’après-guerre : les maisons de vétérans des années 1945, ça vous dit quelque chose?

On va donc certainement survivre à la crise actuelle. Comment? En modifiant notre style de vie.

Emplacement

Lorsque l’on parle d’immobilier, l’emplacement est roi. Plus on se rapproche des centres urbains ou de villégiature à la mode, plus c’est cher. Or, ce qui a changé comparativement à 1945, c’est Internet et la COVID. Si votre patron est ouvert au télétravail ou si vous êtes à la retraite, pourquoi ne pas vous établir là où les maisons et les appartements sont plus abordables?

D’une région à l’autre, on peut économiser jusqu’à 500 $ de loyer et entre 100 000 $ à 300 000 $ pour une maison. Si un des membres du couple travaille à domicile, vous pourriez peut-être vendre une des deux voitures et dégager des économies annuelles d’au moins 13 000 $, selon la CAA.

Se réinventer

De nos jours, 19 % des ménages sont composés de personnes seules, comparativement à 6 % en 1941. À l’inverse, nombre de trentenaires et moins sont colocataires par obligation. En 2024, c’est une opportunité. Louer une chambre, à un étudiant par exemple, améliorera vos finances et vous donnera l’occasion multiplier les conversations (ce qui est difficile à faire avec un chien ou un chat).

Vous ne seriez pas un original : la colocation est le mode de vie qui croît le plus rapidement, soit de plus de 54 % entre 2001 et 2021, selon Statistique Canada.

Autre formule possible : les logements multigénérationnels. C’est aussi de plus en plus populaire : près de 1 enfant sur 10 âgé de moins de 14 ans vit avec au moins un de ses grands-parents, selon Statistique Canada. S’il y a différentes formules (partage de triplex, logement au sous-sol ou dans la cour), elles sont gagnantes pour les parents, enfants et grands-parents.

L’espace

Une autre façon de se réinventer, c’est d’opter pour un espace de vie différent. Ce n’est pas avantageux pour tout le monde ni à la portée de toutes les bourses, mais ça vaut la peine d’aiguiser son crayon et de faire quelques calculs.

Ainsi, vendre le grand bungalow vide pour aller vivre en appartement, loué ou acheté, se traduira par moins de dépenses.

Moins de pieds carrés signifie moins d’argent alloué au chauffage, à l’électricité, à l’assurance ou à l’entretien, et par la fin du déneigement ou de la tonte du gazon (qu’on paie ou qu’on fait soi-même). Pour certains, ces tâches permettent de varier le quotidien, mais une sortie en vélo, au cinéma ou à la bibliothèque n’est-elle pas plus intéressante?

La différence entre un appartement et un condo, c’est que le loyer est le maximum que vous paierez, alors que l’hypothèque, c’est le minimum. D’autres coûts s’ajoutent, comme les frais de copropriété, de notaire, les nouveaux finis de la cuisine ou de la salle de bain.

Dans le marché immobilier actuel, les loyers se rapprochent un peu partout du coût des condos. Mais un appartement dépourvu d’hypothèque est souvent moins cher qu’un loyer, surtout dans une RPA de luxe, même en tenant compte des frais de condo. Évidemment, quand on est habitué à être maître de son château, vivre dans un immeuble peut être un défi et certaines personnes ne voudront pas non plus endurer les assemblées de copropriétaires.  Mais la vie en condo, surtout dans les grands complexes d’habitation, permet aussi de rencontrer des gens au gym, à la terrasse ou à la piscine, et de vivre dans des quartiers inabordables pour les propriétaires de maisons unifamiliales.

Évidemment, si votre grand bungalow est payé depuis longtemps et que vous n’avez que les taxes à assumer, c’est un pensez-y-bien. Il faut tout de même maintenir votre maison en bon état : ça coûte environ 2 % de sa valeur annuellement. Refaire un toit ou des fondations endommagées, ce n’est pas de la tarte.

Financement

Le financement de votre logement fait une grosse différence. Autrefois, avoir une hypothèque à la retraite constituait un crime de lèse-majesté budgétaire. Aujourd’hui, c’est tendance. Du moment que le coût pour vous loger ne dépasse pas 35 % de votre budget, ça va. Mais pourquoi ne pas réduire cette dépense?

La hausse récente des taux d’intérêt en a ébranlé plusieurs, mais il ne faut surtout pas paniquer. Sans embarquer dans le sempiternel débat entre taux fixes et variables, ouverts ou fermés, des études, notamment celles du professeur Moshe Milevsky, de l’Université York, établissent que sur une longue période (près de 60 ans), dans 90 % des cas, les taux variables constituent le meilleur choix. Ce qui fait dire à de vieux routiers du courtage hypothécaire que, peu importe le contexte, vous serez gagnant 9 fois sur 10 à long terme avec des taux variables. Il faut toutefois être fait fort pour subir les périodes de haut taux d’intérêt…

En fait, si votre renouvellement d’hypothèque s’en vient, il est temps de magasiner votre prêteur et son offre. Ainsi, l’Autorité des marchés financiers (AMF) offre un simulateur d’économies d’intérêt sur cinq ans en fonction d’une réduction de taux variant de 0,25 % à 2 %, pour une hypothèque de 100 000 $ à 350 000 $. Le résultat est renversant. Pour une hypothèque de 100 000 $, l’économie varie de 1168 $ (avec une réduction de 0,25 %) à 9306 $ (réduction de 2 %). Pour une hypothèque de 350 000 $, on parle d’une réduction de 4087 $ (0,25 %) à 32 572 $ (2 %). Assez pour financer plusieurs projets de retraite…