Caroline Néron : « Je vis une renaissance »

Après un passage à vide dans sa carrière d’actrice et des déboires financiers à titre d’entrepreneure, Caroline Néron vit une véritable « renaissance ». Contre toute attente, au tournant de la cinquantaine, l’artiste a renoué avec le jeu et la femme d’affaires a su renaître de ses cendres. Et si la vie (re)commençait à 50 ans ?

Il y a quelques années, Caroline Néron était au zénith. Elle avait connu l’amour du public grâce à son parcours de comédienne et une ascension des plus spectaculaires avec sa carrière d’entrepreneure. À son apogée, son entreprise de bijoux comptait 21 boutiques, 200 employés, de multiples points de vente à l’étranger… Puis, tout a basculé avec une faillite hautement médiatisée.

« J’ai vécu des deuils d’amitiés, des deuils en lien avec mon entreprise, confie Caroline Néron en entrevue avec Virage.  Ce n’est pas comme perdre un être cher, mais ç’a été extrêmement pénible. Que certains de mes amis me laissent tomber dans une période aussi difficile m’a vraiment fait mal… et ça m’a fait souffrir longtemps ! »

« Un rêve »

C’est alors qu’elle est au creux de la vague que Caroline a reçu une proposition inattendue : celle de tenir le rôle de la mère dans La déesse des mouches à feu, le long métrage réalisé par Anaïs Barbeau-Lavalette. Elle aurait pu passer son tour. Après tout, elle n’avait pas travaillé comme actrice depuis 11 ans. « Mais lorsque l’opportunité s’est présentée, je l’ai interprétée comme un signe, explique Caroline. Il fallait que je plonge… »

Ce plongeon s’est révélé salutaire. D’abord, en confirmant la force de son talent — elle a d’ailleurs reçu le prix Iris de la meilleure interprétation féminine dans un rôle de soutien — puis en offrant un nouveau tremplin à sa carrière. Depuis, les projets s’enchaînent : les séries Stat et Un gars, une fille, le court métrage Molosse, les films Anna Kiri Superstar et Testament. Elle a également été choisie pour tenir l’un des premiers rôles dans la série dramatique La Collecte, réalisée par Podz. « Je remercie le ciel! dit-elle, enthousiaste. Je vis une renaissance… »

Prendre son envol

Cette renaissance ne se constate pas qu’à l’écran. Caroline Néron n’a pas ménagé ses efforts pour se relancer dans le commerce, rachetant son ancienne entreprise avec sa partenaire d’affaires de longue date, Julie St-Jacques.  

« Avec la faillite, poursuit Caroline, j’ai été beaucoup plus attaquée et plus durement parce que je suis une femme. Combien d’hommes m’ont dit que j’avais essayé d’être en affaires… Cette phrase-là m’a profondément marquée, surtout venant d’hommes qui avaient moins bien réussi que moi. J’avais un business de 16 millions depuis 18 ans et on osait me dire que j’avais essayé d’être en affaires? La féministe en moi a été inspirée. »

« Comme j’avais fait faillite, je pouvais repartir de zéro. J’étais en plein contrôle de ce que je voulais dire et faire. Et je me suis lancée. »

Caroline Néron

Cette inspiration s’est accompagnée de « leçons et d’apprentissages ». L’entreprise a maintenant une structure plus maigre, plus agile, et compte beaucoup moins d’employés que l’ancienne mouture — Caroline participe elle-même à l’expédition des produits! « Si les gens voyaient mon horaire, plusieurs n’en voudraient pas… J’ai la qualité d’être disciplinée, ce qui me permet de réserver des moments avec mon amoureux, avec mes amis, avec ma fille, et de voyager de temps en temps… mais je me lève à cinq heures du matin. Rien ne vient sans travail. »

En plein contrôle

L’entreprise vend une gamme de bijoux, mais aussi du maquillage, des parfums, des bijoux reliquaires… Et l’année dernière, elle a créé l’étonnement en ajoutant des jouets érotiques à sa collection, sous la marque Libre et assumée. « Ce slogan s’est imposé, explique Caroline. C’est l’état d’esprit dans lequel je me trouvais à tous les niveaux : en tant que comédienne et à titre d’entrepreneure. Comme j’avais fait faillite, je pouvais repartir de zéro. J’étais en plein contrôle de ce que je voulais dire et faire. Et je me suis lancée. »

Ce pari osé n’était pas sans risque. Mais celui-ci était calculé. « Mis à part le fait que je sois une entrepreneure et que la sexualité, c’est vendeur, je croyais au projet. J’avais un vibrateur depuis ma vingtaine. Combien de fois j’en avais parlé avec des amies qui étaient dans une relation où ça n’allait plus sur le plan sexuel? Nous avions des discussions très ouvertes. Je savais qu’il y avait un besoin. »

Sa ligne de jouets sexuels remporte un vif succès, dit-elle. Et comme elle s’occupe de l’expédition, elle a une bonne idée de la composition de sa clientèle. « J’ai reçu tellement de messages! Des femmes, qui avaient brimé leur sexualité pendant des années, s’autorisaient à avoir du plaisir. D’autres, de 70-75 ans, qui en achetaient pour leurs amies! »

Elle avoue avoir tout de même craint la réaction de son adolescente, Emanuelle. « J’ai failli lâcher le projet à la dernière minute, car j’ai eu un énorme vertige face à ma fille, confie-t-elle. J’en ai discuté avec elle. Elle trouvait ça cool et m’a encouragée à aller de l’avant. Ça m’a rassurée. »

Quant à un éventuel ressac médiatique, Caroline en a vu d’autres. « Si je me faisais rentrer dedans, ça ne serait pas la première fois. Je me suis rappelé que mon deuxième album avait été tellement détruit que ça m’avait fait perdre tout mon investissement. Je n’en tiens rigueur à personne. C’est mon métier, je l’ai choisi, et il comporte des risques. »

Sereine à 50 ans

Alors qu’elle a maintenant l’âge d’être membre FADOQ, Caroline Néron semble vieillir avec une sérénité enviable. Son truc? Focaliser sur les aspects positifs.

« Je suis rendue à 50 ans et je suis encore en santé. Je suis contente de vieillir. Plus je vieillis, plus ma fille vieillit et plus j’ai l’occasion de la voir évoluer dans sa propre vie. »

Elle se dit aussi moins complexée aujourd’hui qu’à 20 ans. « En vieillissant, l’expérience de vie et la confiance en soi font en sorte qu’on est mieux avec nous-même. Et pour ma part, j’ai encore 30 ans dans ma tête… »

Caroline Néron est maquillée avec des produits de sa gamme de maquillage.
Maquillage et coiffure : Gaël
Photos : Bruno Petrozza

On s’informe sur les produits de Caroline Néron en visitant le www.carolineneron.com et www.symbollia.com.