Bilan de santé annuel : en avez-vous besoin?

Vous vous sentez bien, mais sait-on jamais… Avec l’âge, le temps est peut-être venu de prévoir un bilan de santé annuel. Mais est-ce vraiment nécessaire? La science est assez claire à cet égard : même lorsqu’on vieillit, pour la majorité des gens, il n’est pas utile de voir son médecin tous les ans pour s’assurer que tout va bien.

Professeur adjoint de clinique au Département de médecine de famille et de médecine d’urgence à l’Université de Montréal, le Dr René Wittmer confirme d’entrée de jeu que pour une personne en bonne santé, rien ne justifie de se soumettre à une batterie de tests annuellement pour vérifier « au cas où ».

« Déjà, à la fin des années 70, le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs recommandait qu’on ne parle pas de bilan annuel, mais plutôt d’examen périodique. Celui-ci devrait aussi varier d’un individu à l’autre, rapporte le Dr Wittmer. Selon son âge et certains facteurs de risque que l’on peut présenter, la fréquence à laquelle il s’avère utile de voir son médecin change. C’est le genre de chose que l’on établit avec le patient lorsqu’on le voit. »

Qu’en est-il des tests de dépistage?

L’omnipraticien précise toutefois qu’il peut quand même être indiqué de consulter son médecin, surtout si sa dernière visite remonte à plusieurs années. En prévention, il est alors possible de procéder à des tests de dépistage. Un exemple classique est la vérification du taux de cholestérol. Elle est recommandée à partir de 40 ans chez les hommes et de 50 ans chez les femmes. Selon les guides pratiques, ce test devrait être réalisé aux 5 à 10 ans.

« Il y a des exceptions en fonction des antécédents de la personne ou pour d’autres raisons, mais on est loin de devoir faire ces examens tous les ans pour la plupart des gens. Le dépistage du diabète de type 2 est un autre exemple de test effectué périodiquement, particulièrement chez les individus qui ont certains facteurs de risque — et l’âge en fait partie. La fréquence est évaluée par le médecin suivant une grille de risques », note le Dr Wittmer.

Quand le bilan cache une inquiétude

Une histoire familiale de cancer ou encore de maladie cardiovasculaire motive bien entendu des consultations plus rapprochées. Dès le moment où l’on constate des changements dans son état de santé ou que de nouveaux symptômes apparaissent, il est évidemment conseillé de prendre rendez-vous.

« Lorsqu’un patient vient me voir pour un bilan de santé, je lui demande pourquoi il pense qu’il en a besoin, explique le Dr Wittmer. Très souvent, il y a une autre raison de consultation du genre : j’ai perdu du poids, j’ai mal quelque part où je n’avais pas mal auparavant, j’ai une bosse qui a poussé, quelqu’un dans ma famille a été atteint d’une maladie… Ce qu’il faut, c’est de découvrir le motif réel de la visite, puis prescrire les tests utiles dans les circonstances. »

Les médicaments, motif de visite

Quiconque consomme des médicaments devrait, en principe, rencontrer son médecin sur une base plus régulière qu’une personne qui n’est prend pas. « D’abord pour renouveler l’ordonnance, mais aussi pour s’assurer que la médication fonctionne bien, qu’il n’y a pas d’effets secondaires et de surveillance à faire. Un très bon exemple, ce sont les médicaments pour la pression, afin de vérifier si on est dans les cibles », émet le Dr Wittmer.

Les rendez-vous périodiques représentent en outre une excellente occasion de passer en revue les médicaments que l’on prend souvent depuis plusieurs années. Une pilule prescrite il y a 30 ans peut nécessiter, en vieillissant, d’ajuster la dose et même d’en cesser l’usage.

Une approche individualisée

« En résumé, ce qu’il faut retenir, c’est que l’approche doit être centrée sur ce qui peut être utile pour chaque individu, conclut l’omnipraticien. Il ne s’agit pas d’une logique économique, mais bien de proposer les tests et traitements appropriés. Même si la science va en ce sens, des manières de faire et une culture, c’est long à changer. L’idée, c’est de travailler de façon plus efficiente, d’offrir l’accès à la bonne personne, au bon moment. »