Au secours ! On m’a volé… mon identité !

Votre identité vaut de l’or. Se la faire voler, c’est l’enfer. Et le phénomène n’est pas marginal puisque le Centre antifraude du Canada a reçu près de 90 000 plaintes pour fraude en 2016.

Oubliez l’ado boutonneux devant son PC encrassé entouré de boîtes de pizza vides. La majorité des fraudeurs travaillent pour de grandes organisations criminelles.

Et ils sont très rusés. Ils fouillent vos poubelles, votre boîte aux lettres, vous appellent ou envoient lettres, courriels et textos en se faisant passer pour votre banquier, votre patron, votre petit-fils, un percepteur fiscal… Ils vous offrent un emploi, vous avertissent qu’un proche est incarcéré ou qu’on vous poursuit, qu’il y a une erreur dans vos dossiers, qu’on vous doit de l’argent. Ils vous demandent ensuite des renseignements personnels, de changer votre mot de passe. Leurs courriels ou leurs arguments sont impeccables, habiles, efficaces…

Pertes de temps et d’argent

Le Better Business Bureau de la Colombie-Britannique estime que les Canadiens ont été fraudés pour 91 millions de dollars en 2016, ce qui ne représenterait que… 5 % des pertes véritables de 1,8 milliard de dollars ! Car de nombreuses victimes ont honte de révéler qu’elles ont été fraudées.

Des spécialistes estiment de 175 à 600 heures le temps qu’il faut pour restaurer son identité. Et le quart des victimes n’y arriveront jamais complètement. Avant le retour à la normale, elles se font refuser des prêts, peinent à s’assurer, à louer un logement, une voiture, à prendre l’avion, ou se voient imposer un taux d’intérêt plus élevé…

Plusieurs réussiront, par exemple, à rétablir leur réputation chez les agences de crédit comme Equifax et Trans-Union. Mais elles conservent une mauvaise cote de crédit à cause des refus causés par la fraude d’identité et parce qu’elles constituent désormais un risque.

Quelles sont les personnes les plus vulnérables ? Habituellement les 55 ans et plus, car le vol d’identité est surtout numérique, et qu’Internet est nouveau à leur culture.

Comment s’y prennent-ils ?

Les fraudeurs obtiennent votre numéro de téléphone ou votre adresse courriel en piratant des bases de données. Parfois ce sont celles de grandes organisations, comme Yahoo!, Winners ou Equifax. Le plus souvent, ils ciblent les listes conservées sur l’ordinateur de votre employeur ou de votre club de bridge… qui n’ont peut-être jamais su qu’elles ont été volées, explique François Daigle, vice-président chez Okiok, une firme de sécurité informatique.

D’autres utilisent des logiciels-espions qui épluchent les réseaux sociaux. Ils croisent le nom de vos enfants, chiens, dates de naissance, compositeurs, auteurs ou films préférés, pour découvrir vos mots de passe.

Ces logiciels, ou même les voleurs par effraction, exploitent les faiblesses des mots de passe sur vos téléphones, tablettes, ordinateurs ou routeurs. Seulement 4 % de ces mots de passe résistent à leurs attaques.

Les sacs à main ou portefeuilles subtilisés mènent souvent les voleurs aux boîtes de courriel, où foisonnent les documents sensibles qui contiennent vos renseignements personnels.

Comment vous protéger ?

Les banques, les gouvernements ou le fisc ne communiquent JAMAIS avec vous par téléphone ou courriel. Ils disposent déjà des renseignements qu’un fraudeur vous demande.

« Si c’est le cas, une lumière rouge devrait clignoter dans votre tête, reprend François Daigle. Si votre interlocuteur insiste pour transiger avec vous, raccrochez immédiatement et rappelez le service à la clientèle à partir du numéro inscrit sur une facture ou un état de compte. »

 

Qu’est-ce que les fraudeurs recherchent ?

  • Nom et prénom
  • Date de naissance
  • Numéro d’assurance sociale, d’assurance-maladie, de permis de conduire
  • Adresse civique intégrale
  • Nom de jeune fille de la mère
  • NIP et mot de passe de services en ligne
  • Numéros, dates d’expiration et codes de sécurité à l’endos des cartes de crédit
  • Numéros de comptes bancaires
  • Numéro de passeport

 

Des signes de fraude

  • Vous recevez un état de compte à votre nom, mais ce ne sont pas vos transactions.
  • Une société de crédit ou une institution financière vous annonce une demande de crédit approuvée ou rejetée… que vous n’avez pas faite.
  • On vous refuse une demande de crédit pour acheter ou louer un bien, un véhicule, un logement.
  • Un créancier ou une agence de crédit vous contacte pour une dette jamais contractée.
  • Si vous vous croyez victime de fraude, visitez le rcmp-grc.gc.ca/scams-fraudes/victims-guide-victimes-fra.htm

 

Comment vous protéger ?

  • Ne répondez jamais aux courriels ou appels non sollicités, dans lesquels on vous demande de communiquer des renseignements personnels.
  • Remplacez la boîte aux lettres extérieure par une fente à courrier dans la porte.
  • Recevez et payez vos états de compte et factures par Internet.
  • Numérisez systématiquement factures, états de compte, reçus et documents importants, vérifiez-les chaque mois, déchiquetez-les avant de les jeter au recyclage.
  • Assurez-vous que les logiciels pare-feu et de protection sont à jour sur vos ordinateurs et routeurs.
  • N’écrivez jamais votre NIP sur l’enveloppe de protection d’une carte de débit ou crédit. Ne le divulguez pas à personne. Votre date de naissance n’est pas un bon NIP.
  • Laissez dans un lieu sûr vos cartes d’identité non essentielles.
  • Vérifiez votre dossier de crédit chaque année chez Equifax ou Trans-Union (c’est gratuit).
  • Masquez votre transaction avec une main quand vous pitonnez sur un guichet automatique ou un terminal en magasin.
  • Ne laissez jamais une carte de débit ou crédit quitter votre champ visuel, surtout en voyage.
  • Conservez tous vos mots de passe dans un fichier crypté ou une voûte numérique (comme 1Password).