Nous cherchions une destination qui nous dépayserait et nous surprendrait, nous voulions visiter des lieux inédits. Nous avons mis le cap sur les canyons de l’ouest américain… et frappé dans le mille !
Vegas l’ahurissante
Point de départ : Las Vegas. Des vols directs quittent quotidiennement Montréal vers la Sin City. Navette du terminal vers l’immense centre de location de voitures et en moins de deux, nous étions motorisés et prêts pour l’aventure.
Vegas, gigantisme, démesure : des synonymes. On s’y attend. Mais s’immerger dans cette douce folie en marchant sur le Strip, wow ! Le Mirage, Mandalay Bay, Paris Las Vegas, Le Vénitien, les hôtels casinos aux noms évocateurs sont immenses et extravagants. On voudrait tous les visiter. Nos coups de cœur : le Bellagio et le Ceasar’s Palace.
Mais Vegas, c’était une parenthèse en passant. Le but de notre périple : réveiller les explorateurs en nous.
Le Grand Canyon : rencontre avec l’immensité
Le lendemain matin, nous quittons Las Vegas par le barrage Hoover Dam, un chef-d’œuvre d’ingénierie qui permet l’irrigation de près de 1,5 million d’acres de terres agricoles et alimente en eau plus de 18 millions de personnes. On peut d’ailleurs le visiter si les merveilles techniques nous intéressent.
De l’autre côté du barrage, c’est l’Arizona. Le paysage devient désertique et croise la mythique route 66 avant d’atteindre Tusayan, une miniville à l’entrée du Grand Canyon National Park.
« Et si on allait faire quelques photos du coucher de soleil ? À cette heure-là, il n’y aura presque personne. » Erreur ! C’est à la queue leu leu qu’on circule dans le parc. Difficile de trouver une place pour stationner et pour déployer mon trépied, car des centaines de touristes ont déjà installé leurs chaises pliantes. Quand le soleil descend, la scène est époustouflante : le canyon s’allume d’une gamme d’orangers flamboyants. Ciel, que notre planète est surprenante !
Le Grand Canyon peut se visiter de plusieurs façons : en hélicoptère, à dos de mule ou à pied (dans ce cas il faut être en forme car les conditions sont difficiles et les températures extrêmes). Toutefois, c’est en voiture, sur le sentier carrossable du South Rim, que la plupart le font. Les points de vue sont spectaculaires, bien indiqués, avec des stationnements tout près. De l’un à l’autre, nous nous sommes ébahis, quasi tétanisés devant cette imposante immensité. Une expérience qui ne ressemble à rien et qui revêt, presque, une dimension spirituelle.
Dans la partie du parc interdite à la circulation automobile, des navettes assurent régulièrement le service. On peut descendre à différents endroits et reprendre la suivante.
Où loger ? Près de Grand Canyon Village, à l’intérieur même du parc, on trouve quelques hôtels. Ou à Tusayan, situé à seulement 8 km de l’entrée du South Rim.
Les environs de Page : sublimes
Deux jours à admirer le Grand Canyon, puis nous reprenons la route vers la petite ville de Page au bord du Lake Powell, pour d’autres sublimes expériences.
D’abord le Horseshoe Bend. Comment se fait-il qu’une telle splendeur soit aussi mal indiquée ? Le stationnement est sur la route 89, à 3 km au sud de Page, près de la borne routière 545. Il faut 20 minutes de marche pour s’y rendre, le sentier est de sable et la chaleur écrasante, la crème solaire et une bonne provision d’eau s’avèrent indispensables. Tout au bout, s’ouvre une vue en plongée absolument inouïe sur le Colorado aux eaux émeraude qui sculpte un fer à cheval dans les rochers orangés. En bas, quelques radeaux suivent tranquillement le courant, ce sont les aventuriers qui descendent la rivière avec nourriture et tente, seuls dans l’immensité.
Un peu plus loin au sud de Page, nous nous perdons sur une route au milieu de nulle part. Le décor ressemble tant à ceux des films westerns que nous nous demandons si John Wayne et la cavalerie ne vont pas surgir dans le détour. Nous allons vers Lee’s Ferry dans le Glen Canyon National Recreation Area. Si, jusqu’à maintenant, nous n’avons vu le Colorado que de très loin, juchés sur les parois du canyon, nous pouvons ici approcher la rivière.
Il est possible, dans ce parc, de camper, de faire du kayak, de la randonnée pédestre ou même du vélo de montagne. Pour les sportifs aguerris disons, car les conditions ne sont pas des plus faciles. Plus contemplatifs que sportifs, nous nous arrêtons un moment devant deux rochers en équilibre, une curiosité géologique. Nous sommes alors profondément émus par l’incommensurable beauté de notre monde.
Collection d’arches naturelles
Route 163 vers la 191, nous traversons Monument Valley en territoire navajo, un autre point de vue cinq étoiles : la chaussée, plane, s’étire vers les rochers monumentaux. « Chéri, arrête la voiture, il faut que je fasse LA photo ! »
À 8 km au nord de Moab, nous entrons dans l’Arches National Park. La voie carrossable, qui épouse les reliefs à flanc de roc, est notre premier contact avec le domaine des 2 000 arches naturelles de l’Utah. Elle nous coupe le souffle.
Arches est un terrain de jeu inédit pour les amateurs de jeep, de tout-terrain et de vélo de montagne, intrépides et en super forme, car il s’agit d’une contrée aux conditions désertiques. La température peut varier de 40 degrés Fahrenheit au cours d’une même journée. Quand il y a des orages, les inondations sont fréquentes à certains endroits. Ceci dit, on peut faire une visite tout à fait peinarde et se contenter de photographier les arches visibles depuis la route qui fait près de 60 km. Si l’on marche un peu ou moyennement, selon les lieux, on pourra aussi accéder à des points de vue plus spectaculaires. Si l’on tient vraiment à goûter l’aventure hors de la voie asphaltée, on trouvera à Moab, petite ville hyper sympa, différentes expéditions avec guides.
Pour notre deuxième journée à Moab, nous partons explorer Dead Horse Point et Canyonlands, lieux sauvages mais sillonnés d’une route panoramique pavée de 32 km. Personne autour, c’est un samedi d’avril et il neige sur les mesas (plateaux) et les cratères. Paysage désertique ? Ou lunaire ? Ou martien ? Toutes ces réponses sont bonnes.
Les hoodoos de Bryce
Nous quittons Moab et reprenons la route sur 450 km vers Bryce Canyon, pour d’autres découvertes géologiques surprenantes : les hoodoos, ces longs pics rocheux qui se dressent comme une armée, comme une forêt, comme un escadron. J’ignorais l’existence de tels phénomènes. Merci la vie de me donner l’occasion de les découvrir.
Treize points d’observation sont facilement accessibles en voiture dans le Bryce Canyon National Park ; on peut les faire en quelques heures. Ils sont autant de balcons s’ouvrant sur des scènes inédites, notamment Sunrise Point et Sunset Point. Bryce Canyon s’élève à plus de 2500 m d’altitude, il ne faut donc pas s’étonner d’être continuellement essoufflé.
Où loger ? Il n’y a que trois hôtels et un camping à Bryce Canyon City. Nous avons particulièrement aimé notre expérience au Best Western Ruby’s Inn, au décor on ne peut plus cowboy américain.
Rose Zion
Un dernier parc avant le retour à Vegas qui n’est plus qu’à quatre heures de route : Zion, où même l’asphalte a été rosé à certains endroits pour mieux se fondre dans le paysage. L’attraction principale est la Zion Canyon Scenic Drive, qui n’est toutefois accessible qu’en navette d’avril à octobre. On peut, là aussi, descendre et remonter à n’importe quel point de vue. Venant de Bryce, nous entrons par l’est et la route est absolument spectaculaire, escarpée, avec des virages en épingle impressionnants. Nous devons aussi traverser le Mount Carmel Tunnel, long de 2 km, une épreuve pour la claustrophobe que je suis. Plusieurs pratiquent la randonnée pédestre à Zion, la variété des sentiers va de la simple promenade panoramique à l’excursion musclée pour marcheur entraîné.
Où loger ? À Springdale, à 2 km de l’entrée sud du parc. Cherchant du typiquement rustique, nous avons plutôt choisi le Best Western East Zion Thunderbird Lodge, à Mount Carmel, où l’offre de restaurants est à peu près inexistante à part la salle à manger de l’hôtel. Nous avons profité de l’occasion pour goûter le steak pané à la mode de l’Utah. Après tout, les voyages, c’est pour découvrir, n’est-ce pas ?
Attention : températures extrêmes
Les différences d’altitude font considérablement varier les températures. Il faut donc choisir le bon moment pour s’y rendre en tenant compte des endroits que l’on veut visiter. À Las Vegas, la température est torride en été. En altitude par contre, le printemps n’arrive qu’en mai et la neige peut tomber dès la mi-octobre. Les meilleurs mois ? Septembre et début d’octobre ou mai et juin.