Alerte au diabète

Le diabète. Il touche 880 000 Québécoises et Québécois, dont près du quart des personnes de 65 ans et plus. Pour freiner cet ennemi qui gagne dangereusement du terrain, il faut fourbir plusieurs armes, à commencer par la prévention et le dépistage précoce, car plus de 250 000 diabétiques québécois ignorent qu’ils le sont. Peut-être êtes-vous du nombre…

D’aucuns qualifient le diabète de fléau du XXIe siècle, à l’échelle planétaire, tant cette maladie aux complications parfois dévastatrices progresse à une vitesse fulgurante. Un adulte sur 11 en est atteint dans le monde – plus d’un sur 10 chez nous – et le nombre de cas pourrait croître de près de 50 % d’ici 2035, selon la Fédération internationale du diabète.

Un ennemi sournois

D’emblée, quelques mots sur le diabète, qui demeure méconnu et traîne derrière lui son lot de mythes. Cette maladie a deux visages. Le type 1 compte pour 10 % des cas et touche la plupart du temps dès le jeune âge. Le type 2 compte pour 90 % des cas et se caractérise par un manque ou un défaut d’utilisation de l’insuline, hormone servant à faire baisser le taux de sucre dans le sang.

« 80 % des diabétiques de type 2 sont au-dessus de leur poids santé et possèdent un tour de taille élevé », fait remarquer Julie St-Jean, nutritionniste à Diabète Québec. Parmi les autres facteurs de risque, il y a ceux qui ne sont pas modifiables, l’âge et l’hérédité, ainsi que ceux sur lesquels on peut agir, notamment l’hypertension artérielle et la sédentarité.

Arme no 1 : la prévention

Il n’y a pas de police d’assurance contre le diabète, surtout quand la maladie couve dans nos gènes. Mais on peut toutefois mettre les chances de son côté en agissant en amont, par ces mêmes bonnes habitudes de vie qui permettent de passer outre à bien des tracas de santé : activité physique, saine alimentation, gestion du poids et du stress, consommation modérée d’alcool et cessation tabagique.

Le jeu en vaut la chandelle, puisqu’un diagnostic de diabète est porteur de lourdes conséquences pour qui le prendrait à la légère. Des atteintes sérieuses aux reins, aux yeux, aux nerfs, au cœur et aux vaisseaux sanguins peuvent en effet diminuer considérablement la qualité de vie des gens atteints.

Arme no 2 : le dépistage précoce

Vous vous dites peut-être que vous aurez bien le temps de vous mettre à un mode de vie plus sain si jamais le diabète s’invite dans votre vie. Cette procrastination est risquée, d’autant plus que vous faites peut-être partie du tiers des diabétiques qui s’ignorent et chez qui la maladie a déjà silencieusement commencé ses ravages.

Le fait est que le diabète présente parfois des symptômes – fatigue, envies plus fréquentes d’uriner et volume d’urine supérieur, soif ou faim exagérée, bouche sèche, vision embrouillée, perte de poids involontaire, picotements aux doigts ou aux pieds… – et parfois non.

« Les recommandations canadiennes sont de passer, dès l’âge de 40 ans, un bilan sanguin incluant la mesure de la glycémie à jeun ou de l’hémoglobine glyquée, permettant de poser un diagnostic de diabète de type 2 ou de prédiabète », souligne Julie St-Jean.

Arme no 3 : la prise en charge

Enfin, après un diagnostic, c’est essentiel que le patient s’engage dans son traitement et fasse équipe avec ses professionnels de la santé. C’est la façon de faire pour éviter les complications à long terme et les atteintes à la qualité de vie.

La nutritionniste de Diabète Québec explique qu’il existe de nouvelles classes de médicaments permettant de contrôler de mieux en mieux le taux de sucre sanguin tout en agissant positivement sur d’autres facteurs de risque, tels que le poids ou la tension artérielle. Et il y a un plus grand nombre de solutions de rechange pour un patient qui ne tolérerait pas tel ou tel médicament. Il y a aussi de nouvelles insulines dotées de différentes durées d’action. Grâce à un nouvel appareil révolutionnaire – non encore remboursé par la RAMQ – on peut même scanner ses valeurs de glycémie à travers ses vêtements grâce à des capteurs, et ainsi dire adieu aux piqûres sur le bout des doigts !

« Mais on aura beau avoir les meilleurs médicaments au monde, les diabétiques doivent les prendre de façon appropriée et aussi agir sur leurs mauvaises habitudes de vie. Ils ont accès à des ressources pour se faire accompagner dans ce processus qui touche plusieurs sphères de leur vie », conclut Julie St-Jean.