Combien coûte réellement votre voiture?

La majorité des Québécois dépendent de l’automobile. Mais peu d’entre eux connaissent les coûts cachés de leur bagnole. Pourtant, ce sont des frais qui peuvent aisément faire déraper leur budget. Et vous, savez-vous combien coûte réellement votre voiture?

Selon un sondage de CAA Québec remontant à plusieurs années, 67 % des Canadiens ignorent les coûts réels associés à la possession d’un véhicule. Sur ce plan, CAA Québec évoquait, avant la pandémie, un budget annuel moyen de 11 000 $ (incluant achat ou location, financement, assurances, immatriculation, permis de conduire, entretien, pneus, dépréciation, essence ou électricité et taxes). C’était avant l’inflation actuelle…

Rien qu’en essence, toujours selon CAA Québec, pour une voiture compacte, la moyenne annuelle québécoise se situerait dans les 3 300 $. Pour un VUS, ce serait 9 000 $!

Des frais qui ne tiennent pas la route

À 18,5 % du total, le transport est le deuxième poste de dépenses des ménages canadiens, selon Statistique Canada. Or, 90 % de cet argent va à l’automobile. Du point de vue financier, ça ne tient pas la route puisque, selon la plupart des chercheurs, une automobile est stationnée 95 % du temps.

Signalons que la voiture représente toujours la plus grande dette des ménages, après l’hypothèque. Un consommateur sur deux emprunte pour acquérir son véhicule, dont 11 % avec une marge de crédit.

Un bon moyen de connaître le véritable coût d’une automobile est d’utiliser le calculateur en ligne de CAA Québec. Cet outil affiche le coût d’achat ou de location pour le modèle de votre choix, neuf ou usagé, en fonction de votre kilométrage annuel. Il offre aussi le coût annuel du carburant.

Gare à la dépréciation

La dépréciation, soit la différence entre la valeur à l’achat et à la revente du véhicule, est l’aspect le plus sous-estimé des consommateurs, selon Jesse Caron, recherchiste de CAA Québec.

Ainsi, dès la première année, votre véhicule neuf a déjà perdu 30 % de sa valeur, et jusqu’à 50 % au bout de trois ans! Ainsi, si vous financez votre voiture sur plus de trois ans, le solde de votre prêt est plus élevé que la valeur du véhicule. On appelle cela le « capital négatif », ou la « balloune ». Si votre véhicule est financé sur huit ans, vous risquez de perdre beaucoup d’argent si vous changez de véhicule. Or, la moitié des propriétaires québécois ont des véhicules de moins de cinq ans. À l’inverse : plus longtemps vous conservez votre véhicule, moins il vous coûte cher en dépréciation. Le conserver pendant 10 ans prend donc tout son sens.

Certaines marques se déprécient moins rapidement que d’autres, mais on parle d’une différence de 10 % au mieux au bout de quatre ans. Les camionnettes compactes sont celles qui conservent le mieux leur valeur, les VUS et les voitures de luxe, le moins.

On peut également légèrement ralentir la dépréciation d’un véhicule en effectuant un entretien régulier, qui diminue sa détérioration (et augmente sa valeur de revente). Cependant, en ce moment, avec des prix historiquement élevés sur le marché de la voiture usagée, la dépréciation fait moins mal au consommateur vendeur…

Des coûts cachés

Y a-t-il des coûts cachés entourant l’achat ou la location d’une automobile? Ils sont nombreux.

Ainsi, les consommateurs qui préfèrent louer doivent la plupart du temps faire face à une facture inattendue, souvent élevée, pour les dommages ou l’usure anormale, au moment de la remise du véhicule. Une façon de contourner le problème est de commander soi-même une inspection un mois avant la remise, pour éviter des frais prohibitifs chez le concessionnaire. Ou de racheter le véhicule. Depuis des mois, la valeur résiduelle inscrite au contrat est souvent inférieure à celle sur le marché de la voiture usagée! Sinon, on peut souscrire une assurance contre l’usure excessive jusqu’à une valeur de 2 500 $ au-delà de l’usure normale, mais vous devrez ajouter 25 $ par mois à votre mensualité, soit 900 $ au bout de trois ans.

Autre coût caché : l’acompte comptant versé à la location, qui fera baisser les mensualités. En cas de vol ou d’accident avec perte totale, vous perdez cet argent. Versez plutôt un dépôt de sécurité au départ qui, souvent, se traduit par un taux plus avantageux.

Autre désavantage de la location : les consommateurs excèdent parfois le kilométrage annuel affiché au contrat, qui ne correspond pas à leurs besoins réels. La pénalité fait mal!

Quant aux acheteurs de voitures neuves, ils sont désavantagés par la crise mondiale de la chaîne logistique affectant les fabricants. Les concessionnaires proposent souvent une version plus luxueuse, disponible immédiatement, plutôt qu’une attente de plusieurs mois pour votre premier choix. Mais avez-vous besoin d’un toit ouvrant ou de sièges en cuir?

Cher, le financement

Certains se disent que le budget hebdomadaire ne représente que quelques dollars de plus par semaine. Erreur. Il faut éviter ce piège, qui ne reflète jamais le véritable coût du financement. D’autant plus qu’il faut multiplier le coût par 4,3, et non 4, ce qui fait une différence mensuelle de plusieurs dizaines de dollars.

Les prêts à long terme sont de plus en plus populaires. Un véhicule de 30 000 $ payé en cinq ans à un taux de 10 % coûtera 8 244,60 $ en intérêts. Ce coût additionnel s’élève à 10 016,16 $ pour un prêt sur six ans et 11 649,76 $ pour un prêt sur sept ans, calcule l’Office de la protection du consommateur.

Certains concessionnaires imposent un financement obligatoire pour offrir un prix attrayant. Si on peut rembourser le prêt au complet quand on veut, et ce, sans pénalités (par un autre prêt avec un meilleur taux), c’est peut-être attrayant. Mais si le coût du financement excède le rabais consenti, on achète ailleurs!

La mode des VUS entraîne aussi des coûts cachés, parce qu’ils se vendent aussi avec des pneus surdimensionnés par rapport aux berlines. On parle de plusieurs centaines de dollars par jeu de pneus de gamme moyenne.

Concrètement, un VUS se vend 10 000 $ plus cher en moyenne qu’une berline. Et vous dépenserez une fortune en essence.

À essence ou électrique?

Certains veulent se rattraper avec un véhicule électrique. Certes, vous économiserez des milliers de dollars annuellement. Mais si vous roulez moins de 20 000 kilomètres par année (comme de nombreux retraités), vous ne rentabiliserez pas votre véhicule avant la fin du financement de cinq ans, comparé à une voiture à essence.

Les véhicules électriques seront réellement avantageux lorsque leur prix s’apparentera à ceux des véhicules thermiques. Selon certains experts, il faut attendre… 2027. Aujourd’hui, pour plusieurs modèles, on doit les conserver pendant sept ans ou davantage pour réaliser des économies, comparé au modèle équivalent à essence.

Et si vous roulez moins de 5 000 kilomètres par année, votre véhicule représente un véritable gouffre financier, qu’il soit thermique ou électrique.

Si vous décider d’acheter un véhicule usagé,  lisez nos 10 conseils.