Certes, c’est court! Pour bien apprécier l’effervescence d’Istanbul, il faut assurément quelques jours. N’empêche, en se limitant à la portion européenne — rappelons que la ville turque est la seule ville au monde à être à cheval sur deux continents — il est possible de ratisser suffisamment large pour bien palper le pouls de la métropole et découvrir quelques-uns de ses attraits incontournables.
Jour 1 — Le quartier Sultanahmet
Tôt en matinée, après un copieux petit-déjeuner composé de fromage, d’olives, de pain, de charcuteries et de thé, la grandiose Hagia Sophia (Sainte-Sophie) s’impose. D’abord une basilique érigée en 532, puis devenue mosquée, elle a été un musée durant près de 90 ans avant de s’ouvrir à nouveau au culte musulman. On s’étonne donc de ne plus pouvoir y admirer les peintures avec des représentations humaines qui sont dissimulées pour la prière derrière de grands drapés. L’étage, qui offrait de magnifiques vues, n’est plus accessible et le nouveau coût d’entrée (25 €) n’est franchement pas donné. C’est dommage, mais il demeure impératif d’admirer de l’intérieur ce joyau de l’art byzantin, avec son imposant dôme, ses mosaïques et ses colonnes monumentales.
Derrière la mosquée, le fastueux palais de Topkapi vaut assurément lui aussi une visite avec sa riche architecture, ses faïences et ses mosaïques. On pourrait consacrer plusieurs heures à explorer cette ancienne résidence des sultans qui domine la Corne d’or et le Bosphore depuis le XVe siècle. On s’attardera surtout à ses jardins et son somptueux harem.
Fermée durant cinq années, la spectaculaire Citerne Basilique s’avère un coup de cœur. Véritable palais souterrain, cette enfilade de colonnes et de voûtes ravitaillait la ville et ses palais en eau douce durant des siècles. Impossible de ne pas s’émerveiller devant l’ingéniosité du VIe siècle et ces 336 colonnes judicieusement mises en valeur par des jeux de lumière et des œuvres d’art contemporain.
On fait un bref saut à la Mosquée bleue pour y admirer la beauté de ses 21 000 carreaux de faïence d’Iznik aux motifs floraux et géométriques, puis une balade jusqu’au Grand Bazar. Et il n’est pas nécessaire d’être un grand adepte de magasinage et de contrefaçons… au pire, on s’y rend pour faire le plein de loukoums (une confiserie turque),mais surtout pour ressentir le gigantisme en se perdant au cœur de son dédale de rues intérieures et de ses 4000 boutiques.
Un brin d’énergie? On pousse jusqu’à la magnifique mosquée Süleymaniye, qui domine la Corne d’Or depuis une colline. Autrement, on entre se rafraîchir avant d’assister à une cérémonie de derviches tourneurs, un étonnant rituel spirituel où, tout de blanc vêtus, des danseurs tournent avec grâce sur eux-mêmes, avant de s’offrir une soirée sur l’une des nombreuses terrasses sur les toits de la ville.
Jour 2 — Rive nord de la Corne d’Or
On débute cette journée avec une grimpette jusqu’à la rue Istiklal, bordée de magasins de toutes sortes. On déambule à travers de petites rues où se prélassent un peu partout des chats, en tenant à la main un simit bien chaud, cet emblématique petit pain cerclé garni de graines de sésame qui évoque un bagel.
Seul musée au monde à être issu de l’imaginaire d’un écrivain, le Musée de l’innocence est tiré du livre du même nom de l’écrivain Orhan Pamuk. Se présentant comme un documentaire de la vie quotidienne de la bourgeoisie stambouliote des années 70-80, l’insolite musée se situe entre réalité et fiction. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu le livre pour apprécier l’originalité et le portrait sociologique que trace l’exposition d’une génération à travers les nombreux artéfacts qui s’y trouvent.
Direction Galataport, nouveau port de croisière en pleine expansion avec ses boutiques chics et ses restaurants branchés où se distingue désormais le Istanbul Modern. Le tout nouveau bâtiment abritant le musée d’art contemporain de la ville est élégant et offre une magnifique vue sur le Bosphore grâce à sa terrasse d’observation et l’omniprésence de sa fenestration. Réalisé par le réputé architecte Renzo Piano, le musée abrite des collections de 1945 à nos jours et présente tant des œuvres d’artistes internationaux que domestiques qui ont joué un rôle déterminant dans la transformation mondiale de l’art.
Aux restaurants onéreux du port, on préférera le quartier Karaköy, plus animé et qui foisonne de terrasses aux mets typiques inspirants : mezzés de toutes sortes, köfte, délicieux sandwich au poisson et même le kokoreç, ce populaire sandwich d’intestins d’agneau…
On opte ensuite pour le traversier, un moyen parfait de se déplacer à bas prix, pour se rendre dans le quartier d’Ortaköy pour admirer la magnifique mosquée baroque devant le pont des Martyrs du 15 juillet. Autrement, on s’offre une balade sur le pont Galata, fréquenté par les pêcheurs, pour ensuite vivre une croisière mémorable au coucher de soleil sur les reflets dorés du Bosphore.
Carnet pratique
Hébergement : Évitez le quartier Sultanahmet, très touristique de jour, mais désert ou presque en soirée avec peu de restaurants intéressants. Privilégiez le vibrant Karaköy, Galata ou Taksim.
Se déplacer : la IstanbulKart permet d’emprunter le métro, le traversier et l’autobus. Les tarifs sont franchement abordables, en moyenne 17,70 TL (0,80 $) pour un trajet.
L’arrivée ou le départ : Un taxi depuis l’aéroport vous coûte environ 50 $. Encore méconnue, une ligne de métro assure désormais une liaison de l’aéroport au centre-ville. À 35 TL (1,50 $), c’est une option franchement économique!
Astuce : Pour inciter les voyageurs à découvrir Istanbul, Turkish Airlines offre le programme Escale à Istanbul. Les passagers de la classe économique ont droit à une nuitée gratuite dans un hôtel quatre étoiles. Une belle manière de prolonger le plaisir d’un autre voyage en y ajoutant une halte significative.