Coup d’œil sur l’accident vasculaire cérébral (AVC), considéré à juste titre comme un véritable fléau de santé publique.
1- Il existe plusieurs types d’AVC
L’AVC ischémique, de loin le plus courant, est causé lorsqu’un caillot sanguin obstrue une artère du cerveau. L’AVC hémorragique, plus rare, survient quant à lui dès qu’un vaisseau éclate sous la boîte crânienne, ce qui provoque un important saignement. « Cette rupture s’explique par des changements vasculaires liés à l’hypertension. L’accumulation de dépôts amyloïdes, fréquente chez les personnes qui souffrent d’Alzheimer, peut aussi être en cause », indique le Dr Sylvain Lanthier, neurologue à l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal et porte-parole pour la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC.
2- L’incidence d’AVC augmente sans cesse
Malgré les avancées importantes en matière de prévention et de traitement, l’AVC constitue la troisième cause de décès dans les pays industrialisés. Au Canada, 89 000 personnes subissent un AVC chaque année. Au Québec, ce nombre serait de 20 000. « L’augmentation du nombre de cas dans les dernières décennies est attribuable au vieillissement de la population et aux mauvaises habitudes de vie, mais aussi à de meilleures capacités diagnostiques. Moins d’AVC passent sous le radar qu’il y a 30 ans, lorsque je débutais mon parcours en médecine », affirme-t-il.
3- Il n’y a pas d’âge pour subir un AVC
Environ un AVC sur cinq se produit chez des patients âgés de moins de 50 ans. Les causes de ces AVC sont généralement moins communes et exigent des traitements plus ciblés. Ceci étant dit, on constate aussi une hausse des cas d’AVC auprès des patients âgés de 0 à 18 ans en lien avec la sédentarité, la malbouffe, le tabagisme, la toxicomanie, etc. « On voyait rarement des AVC chez l’enfant et l’adolescent auparavant. C’est maintenant de plus en plus répandu », commente le médecin spécialiste.
4- L’AVC afflige plus les femmes
Les femmes enceintes, ménopausées et âgées sont plus susceptibles de faire un AVC et d’en succomber. De fait, parmi les décès dus à un AVC en 2017, il y avait 36 % plus de Canadiennes que de Canadiens. En outre, elles sont plus nombreuses à devoir composer avec des séquelles en raison de leur espérance de vie plus élevée que celle des hommes. Malheureusement, il y a un déficit de connaissances sur l’AVC chez les femmes à combler à l’heure actuelle. « Elles ont été historiquement sous-représentées dans les essais cliniques sur l’AVC. On ignore donc comment la maladie les touche spécifiquement », souligne le Dr Sylvain Lanthier.
5- Les signes d’un AVC passent souvent inaperçus
40 % : c’est la proportion de personnes qui ne connaissent aucun des signes et symptômes de l’AVC, selon un récent sondage de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC. L’organisation a d’ailleurs mis au point un acronyme, VITE, pour les reconnaître : V pour visage asymétrique ou affaissé, I pour incapacité à lever les deux bras, T pour trouble de la parole et E pour extrême urgence, c’est-à-dire composer le 911. « L’AVC est, par définition, un déficit neurologique soudain. Il n’y a rien de subtil : tout va bien et – bam ! –, on est foudroyé par une perte de fonctions cérébrales », insiste le spécialiste.
6- En cas d’AVC, chaque minute compte
Le temps joue contre soi lorsqu’on fait un AVC. Dans un monde idéal, il faut partir le chronomètre dès l’apparition des premiers signes et symptômes – on dispose alors de 4 h 30 à 6 h pour recevoir des soins. Si cela est simple à faire quand on est éveillé, c’est une autre paire de manches si l’on prend conscience du problème à son réveil, après une nuit de sommeil. Que faire ? « On ne prend pas de risque et l’on alerte quand même les ambulanciers, répond le neurologue. À l’hôpital, des examens d’imagerie médicale permettront de juger de l’étendue des dommages et d’agir en conséquence. »
7- Les soins sont (très) efficaces
Deux traitements sont offerts aux victimes d’AVC en phase aiguë. Le premier consiste à prendre de l’alteplase, un médicament qui dissout les caillots sanguins. La seconde possibilité est d’insérer un cathéter jusqu’au vaisseau atteint afin de rétablir le flux sanguin vers le cerveau, une procédure nommée la thrombectomie endovasculaire. Dans un cas comme dans l’autre, on améliore le pronostic de la maladie. « Les patients traités avec l’alteplase sont 30 % plus susceptibles de s’en tirer avec une incapacité mineure, voire sans séquelles, trois mois après l’AVC », selon la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC.
8- On peut soigner l’AVC à distance
Si elles sont de plus en plus nombreuses, les unités hospitalières spécialisées dans les soins aux victimes d’AVC sont surtout concentrées dans les grandes villes. Cela ne veut toutefois pas dire que les personnes qui vivent dans des communautés rurales et éloignées sont dépourvues face à la maladie. Elles profitent des mêmes traitements par l’entremise de la Télé-AVC, qui repose sur des technologies comme la vidéoconférence. Au Canada, 307 centres hospitaliers offrent ce service de soins virtuels. « En cas d’AVC, il faut laisser les ambulanciers nous conduire vers les unités de prise en charge d’AVC. On ne sera pas nécessairement hospitalisé où on le souhaite », précise le Dr Sylvain Lanthier.
9- La réadaptation est le nerf de la guerre
La réadaptation physique à la suite d’un AVC débute le plus tôt possible, parfois dès l’hospitalisation. « Si le patient est en mesure de comprendre ce que je lui communique, je lui demande de s’activer dans le respect de ses capacités et en ne négligeant pas le repos », explique le neurologue. Ce dernier ne cesse de s’émerveiller de voir des patients remonter la pente très vite. « Ce sont souvent ceux qui ont pris leur réadaptation très au sérieux », note-t-il au passage.
10- L’AVC est une maladie de civilisation
L’AVC est une maladie liée au mode de vie en vigueur dans les pays riches. Pour le prévenir, une bonne hygiène de vie et une prise en charge des pathologies qui le favorisent, comme l’hypertension artérielle, le diabète de type 2 et l’hypercholestérolémie, sont de rigueur. « On estime que l’hypertension artérielle est à elle seule responsable de 50 % des cas d’AVC. C’est pourquoi on conseille de préparer soi-même ses repas plutôt que de les acheter transformés. Ainsi, on contrôle mieux la quantité de sel qu’on ingère », conclut le Dr Sylvain Lanthier.