Après une vie de travail entourée de collègues, la retraite peut vous donner l’impression d’exister dans un univers parallèle où vous êtes en décalage par rapport aux autres et ressentez de l’isolement. La solitude n’est pas une fatalité et s’y résigner est plus risqué qu’on puisse le penser.
Au Québec, le vieillissement dans la solitude est une réalité grandissante. Une recherche récente menée par l’organisme Les Petits Frères révèle que près du tiers des quelque 2,3 millions de personnes âgées de 65 ans et plus que comptera la province en 2030 sera exposé à un risque d’isolement.
Des liens qui font du bien
Surmonter cette solitude peut s’avérer très bénéfique. Une vaste étude longitudinale, menée par l’Université Harvard auprès de 28 000 personnes âgées en moyenne de 89 ans, a révélé une corrélation entre toute forme de socialisation, même occasionnelle, et une espérance de vie plus longue et en meilleure santé, en comparaison avec l’absence de contacts sociaux (Harvard Health Publishing, 2023). En d’autres termes, entretenir un réseau pourrait être un facteur de soutien à la vitalité au cours du vieillissement.
Sur le plan cognitif, les relations amicales contribuent aussi à garder le cerveau en forme. Par exemple, la conversation tend à stimuler la mémoire et encourage la curiosité. De plus, le soutien social est un facteur qui peut favoriser la résilience lors des moments plus difficiles.
Pour nourrir son cercle rapproché
Comment agir face au sentiment d’isolement, lorsque nos amitiés se sont effritées ou lorsque notre entourage est moins garni que par le passé? Voici quelques pistes.
Osez revisiter les sentiers déjà empruntés. Reprendre contact avec d’anciens collègues, camarades ou voisins est une avenue enrichissante. Parfois, un simple appel ou un message suffit pour raviver la flamme d’une amitié qui semblait éteinte.
Engagez-vous dans la communauté. Ciblez des activités qui vous intéressent : clubs de lecture, groupes de marche, chorales, ateliers artistiques et organismes de bénévolat. Participer à ces activités permet non seulement de passer un moment agréable, mais aussi de rencontrer des personnes qui partagent vos intérêts.
Créez des rituels. Les amitiés se nourrissent de régularité et de petites attentions. La marche matinale hebdomadaire, le café du mardi ou la partie de pickleball le jeudi peuvent devenir des repères et renforcer le lien amical.
Demeurez curieux. Vos amis actuels peuvent vous ouvrir d’autres portes. Posez des questions sur leurs passions et faites preuve d’ouverture face aux nouvelles expériences.
Apprivoisez la techno. Les appels vidéo et les groupes de messagerie permettent de maintenir un lien vivant, même à distance. Apprendre à les utiliser peut faciliter les échanges.
Ces gestes simples rappellent que l’amitié n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’initiatives récurrentes. Et cela en vaut la peine, car, après tout, l’amitié n’est pas un luxe : c’est un investissement que l’on fait tout au long de la vie.
Nicolas Faubert Dufort est travailleur social, psychothérapeute, et thérapeute conjugal et familial.
Bibliographie :
Harvard Health Publishing. (2023, April 1). Even a little socializing is linked to longevity. Harvard Health. https://www.health.harvard.edu/mind-and-mood/even-a-little-socializing-is-linked-to-longevity
Les Petits Frères. (2023, 5 février). L’isolement des personnes aînées au Québec : des facteurs et des statistiques en hausse. https://petitsfreres.ca/lisolement-des-aines-au-quebec-des-facteurs-et-des-statistiques-en-hausse/