Une rentrée de rêve pour Ève-Marie Lortie

Cet automne, Ève-Marie Lortie réalise son rêve professionnel en succédant officiellement à Gino Chouinard à la barre de Salut Bonjour. Puisque son rôle de mère s’est transformé, la nouvelle quinquagénaire se sent plus prête que jamais à relever ce défi.

 « C’était un objectif, admet-elle avec enthousiasme au sujet de son nouveau défi télévisuel. Je me disais qu’un jour, si c’était possible, j’allais lever la main. Gino aurait pu poursuivre son mandat pendant longtemps encore : il a la cote d’amour du public et l’équipe l’adore. Mais à la minute où il a évoqué son départ, j’ai fait connaître mon intérêt. C’est ma coupe Stanley! »

Cette consécration, c’est l’aboutissement d’un long parcours qui l’a menée à occuper tous les fauteuils et toutes les cases horaires, de LCN à TVA. « Je suis la première femme à animer officiellement Salut Bonjour en semaine. Je suis touchée par cette marque de confiance. On aurait pu prendre le virage de la nouveauté, mais on a décidé de miser sur quelqu’un de la famille. » 

Mettre la pédale au fond

Même si son horaire est plus chargé que jamais — le réveille-matin sonne à 2 h 50, du lundi au vendredi! —, celle qui a animé Salut Bonjour Weekend pendant 12 ans se dit heureuse de pouvoir (enfin!) profiter de ses fins de semaine.

« Le sacrifice des fins de semaine était énorme! Je suis tellement contente de les retrouver! Ne plus être la première à quitter les soupers d’amis ou de famille. Ne plus imposer que le repas se prenne à 18 h. Par contre, le fait de travailler la fin de semaine m’a permis, pendant des années, d’être disponible comme maman. Mais maintenant, je suis à une étape de ma vie où je peux mettre la pédale au fond. Je suis au maximum de mes capacités, de mon énergie. »

Installée dans la région de Québec avec son conjoint, l’animatrice s’est offert un pied-à-terre à Montréal où elle vit durant la semaine. « Clarens, mon amoureux depuis plus de 16 ans, est le meilleur allié qui soit. À titre de jeune retraité, il peut décider s’il m’accompagne à Montréal ou non. Il a beaucoup souffert de ne pas avoir de fins de semaine avec sa blonde alors qu’il travaillait toute la semaine. Il est donc super content de mon nouvel horaire. Tout le monde le dit : la routine peut plomber un couple. Quand les bases sont solides, on peut faire bouger un peu les choses. Dans notre cas, les bases sont solides. Entre nous, il y a de l’admiration et du respect… »

Un vaisseau amiral

Son rôle de mère s’est aussi radicalement transformé ces dernières années. Sa fille de 21 ans, Corinne, a quitté le nid familial pour vivre et étudier à Sherbrooke, tout en travaillant comme journaliste à la pige pour des salles de nouvelles de TVA. « Il y a beaucoup d’admiration entre nous. Elle fait son chemin à son rythme. Elle a quitté la maison en 2020, après son secondaire. Moi, à son âge, mes parents se sont séparés. Je me suis retrouvée sans maison familiale, et c’est ce que j’ai trouvé le plus difficile. Je n’avais plus d’ancrage. Je me suis toujours dit que si c’était possible, j’allais garder une sorte de vaisseau amiral pour ma fille. C’est pour cette raison que nous conservons les lieux que nous possédons déjà, car ce sont des endroits où nous pouvons atterrir. »

Ambitieuse à sa manière, Ève-Marie Lortie a toujours voulu cette carrière qui est la sienne et elle y a consacré toutes ses énergies.

« Lorsque je suis devenue mère monoparentale, ma fille allait avoir quatre ans. Malgré des horaires atypiques, je voulais poursuivre mon travail à Salut Bonjour. J’ai alors demandé de l’aide à des gardiennes, à ma mère. Cela m’a permis de continuer à m’épanouir au niveau professionnel. Est-ce que j’ai manqué des moments? Oui. Mais est-ce que j’ai été présente à d’autres moments? Oui. Je me rappelle ces drôles de regards qu’on me lançait quand on apprenait que je n’étais pas là pour le réveil et le déjeuner de ma fille. Cependant, je pouvais être présente pour faire un bricolage à l’école l’après-midi. J’ouvrais la porte à ma fille tous les jours. J’étais disponible pour aller au parc ou pour les devoirs. Est-ce que c’était parfait? Non, mais j’ai trouvé la paix à travers tout cela… »

Nouvelle quinquagénaire

Le 26 juillet dernier, Ève-Marie a célébré son cinquantième anniversaire. « J’ai, sous mes yeux, des modèles de femmes qui me montrent à quel point la vie est belle en vieillissant. Je pense à ma garde rapprochée : ma grande sœur, Manon, qui a six ans de plus que moi. Mon frère est en couple avec Julie, ma belle-sœur depuis que j’ai l’âge de 10 ans. Chrystine Brouillet, que j’ai la chance d’avoir comme amie. Avoir 50 ans implique pour moi de mieux me connaître. Le regard des autres est moins pesant qu’à 20 ans. J’ai voulu faire ce métier parce qu’il y a eu Janette Bertrand puis Claire Lamarche. Elles ont été des modèles pour moi. Le piège, c’est de rester ancré dans nos vieilles habitudes. Il faut rester ouvert à ce que la jeunesse a à nous proposer. »

« Il faut prendre soin de soi pour conserver sa santé, mais sinon, l’âge n’est qu’un chiffre, conclut-elle. À 50 ans, je réalise mon rêve professionnel. Je suis heureuse. J’ai des amis. Je ne suis en brouille avec personne. Je suis épanouie, amoureuse. J’aborde donc cette étape avec maturité. Il faut que chaque journée compte. Mon père, qui est décédé en 2020, disait : “Ne cours pas après le grand bonheur, capture tous les petits bonheurs qui permettent de se mettre au lit heureux…” C’est ce que j’essaie d’appliquer dans ma vie. »

Ève-Marie Lortie est en ondes à Salut Bonjour du lundi au vendredi, de 6 h 30 à 10 h 30.