D’un côté, il y a une planète à bout de souffle, incapable même en épuisant ses ressources, de subvenir à la demande de sa population croissante et de plus en plus vorace. De l’autre, il y a des individus surendettés et stressés, recherchant continuellement à combler leurs insatisfactions par l’achat de biens et services, sans jamais y arriver. La solution est simple : il faut se mettre à consommer mieux et, surtout, moins. Bonne nouvelle : il paraît que le bonheur croît avec l’usage…
C’est du moins ce qu’affirment les tenants de la simplicité volontaire, ce mode de vie axé sur une consommation de biens réduite, l’autosuffisance et la responsabilité écologique. L’application de ces principes rendrait les adeptes de la simplicité volontaire plus satisfaits de leur vie et plus heureux que les consommateurs ordinaires, notamment parce qu’ils disposeraient de plus de temps pour eux et cultiveraient plus de liens significatifs avec leur entourage, entre autres par le biais des objets empruntés entre voisins.
Vive les consommateurs libres !
Se transformer en « simplicitaires » purs et durs ou adhérer au Mouvement pour une décroissance conviviale n’est pas du tout nécessaire pour devenir des consommateurs plus responsables et moins soumis aux diktats de la société de consommation : nouveaux gadgets électroniques, vêtements mode, auto de l’année, etc.
Mettre les préceptes de la consommation responsable à l’essai, c’est découvrir une forme de liberté par rapport à la surabondance de biens matériels, dont on n’a plus à se priver parce qu’on ne les désire tout simplement plus. C’est opter pour des produits durables lorsqu’un achat est nécessaire, de façon à limiter notre empreinte écologique.
C’est aussi être lucides par rapport aux stratégies des grandes entreprises et ne pas tomber dans le panneau de l’obsolescence programmée. Cette tactique a pour effet de limiter volontairement la durée de vie des objets pour nous inciter à consommer plus et à jeter au panier des objets conçus pour être impossibles à réparer, avec les conséquences que l’on connaît pour l’environnement. Et que dire de la course aux nouvelles technologies dans le secteur des télécommunications qui fait en sorte, par exemple, qu’un téléphone cellulaire acheté à fort prix soit complètement désuet moins de deux ans plus tard ?
Consommer mieux, c’est également se donner les moyens d’épargner pour des projets qui nous tiennent vraiment à cœur : voyages, chalet ou autres et faire ainsi le meilleur usage possible de notre argent durement gagné.
Consommateur responsable, moi ?
Beaucoup de gens, en particulier depuis la dernière crise financière, ont été sensibilisés aux dangers et aux leurres de la société de consommation, au point de renoncer à acheter des produits ou services dont ils n’ont pas besoin. C’est là le geste le plus populaire en matière de consommation responsable, selon le Baromètre 2012 de la consommation responsable au Québec, un indicateur de la variation de cette tendance parmi les adultes québécois.
Qui sont les consommateurs responsables, selon le Baromètre ? « Les 50-59 ans sont ceux qui passent le plus à l’action et les 60-69 ans sont tout près derrière, note Fabien Durif, directeur de l’Observatoire de la consommation responsable. Quant aux jeunes de 18-29 ans, contre toute attente, ils sont les moins nombreux à consommer vert eux qui, sur papier, sont les plus motivés à le faire. Par ailleurs, les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes dans le clan des consommateurs responsables. »
Ceux qui ont les revenus les plus bas sont les plus enclins à déconsommer. Toutefois, des gens de toutes les tranches de revenu apprivoisent les vertus de la récupération, de la satisfaction générée par le fait main, de la liberté de choix qu’on y gagne. Par ailleurs, la consommation responsable n’est pas du tout incompatible avec le luxe. Le domaine de l’écotourisme est un bon exemple de consommation responsable haut de gamme, avec son offre de voyages à valeur ajoutée.
Sceptiques, ces Québécois !
De façon générale, qu’est-ce qui incite les Québécois à consommer vert ? Les bénéfices pour l’environnement, d’abord, puis pour la santé, la société, l’image personnelle ou sociale ainsi que le design du produit. Toutefois, l’indice de consommation responsable des adultes québécois a stagné au cours des trois dernières années, les principaux freins mentionnés étant le prix et le manque d’informations claires sur les produits et services, en particulier concernant la certification.
« Les gens sont intéressés à mieux consommer mais ils sont confus en raison de la surabondance de certifications qui complexifie les achats et qui est due à un manque d’encadrement de la part du gouvernement. De plus, ils n’ont pas confiance en l’engagement des entreprises en matière de développement durable, ni en la publicité environnementale, pas plus qu’envers le discours gouvernemental en la matière. Le nerf de la guerre dans ce cas-ci est l’information. Les acteurs de la consommation responsable doivent donc trouver des façons efficaces de diffuser l’information sur leurs bonnes pratiques. Car tout ne peut pas être écrit sur l’emballage », affirme M. Durif.
Petit guide du consommateur responsable
Devant un besoin à combler, comment agira le consommateur responsable ? D’abord, il résistera à tout achat impulsif et fera plutôt sagement ses devoirs. « Si vous avez réellement besoin de quelque chose, demandez-vous si vous ne pouvez pas plutôt réutiliser, louer, emprunter ou vous procurer le bien usagé sur un site d’échange comme Kijiji plutôt que l’acheter neuf. Et si vous en arrivez à l’acheter, fouillez d’abord les différentes sources d’information afin de choisir l’option la meilleure pour votre santé et pour l’environnement, notamment en favorisant un produit certifié écologique et en vous renseignant sur la pertinence de cette certification », résume M. Durif, professeur au département de marketing de l’UQÀM.
Bon point pour les 50 ans et plus : déjà, ils sont ceux qui prennent le plus le temps de réfléchir avant d’acheter un bien ou un service. Mais réussiront-ils pour autant à conserver leur titre de champions des consommateurs avertis au Québec ? À suivre lors de la publication du Baromètre 2013 de la consommation responsable !