La femme qui a retrouvé le bonheur après avoir tout perdu

S’il existe une recette du bonheur, France Wagner ne la connaît pas. Inutile donc de lire son premier livre pour trouver la liste d’ingrédients d’un quelconque bouillon de poulet pour l’âme. En revanche, ce que la présidente de Tel-Aide Montréal a à vous offrir, c’est son parcours de résilience. Un parcours inspirant qui s’amorce dans la souffrance inimaginable : la mort soudaine de son fils unique.

Disons-le d’emblée, France Wagner en a bavé dans la vie. En l’espace de quelques années, elle a perdu son fils, sa relation avec l’homme qu’elle aimait, sa job… Sans compter la demeure où elle rebâtissait sa vie, ravagée par un incendie.

Cette série de séismes sert de fil conducteur à son livre Au malheur, j’ai choisi la vie…, un récit de résilience publié aux éditions Bloom.

« Ç’a été un exercice très, très difficile, reconnaît l’autrice, assise dans le café montréalais auquel elle nous a donné rendez-vous pour une entrevue. Quand tu commences à écrire ton histoire, tout remonte à la surface… »

La tragédie qui change tout

Parmi ces souvenirs, celui de la mort de son fils, « le malheur de sa vie », est le plus vif. Il y a une quarantaine d’années, le petit Yan, sept ans, entre à l’urgence après s’être plaint d’une douleur au cou. Sur place, son état se dégrade rapidement; étourdie, la maman peine à saisir ce qui se passe. C’est alors que le docteur lui annonce que son garçon est plongé dans un coma duquel il ne sortira jamais. Il n’y aura pas de traitement. Pas de guérison. Pas d’espoir. Son seul choix : le moment du débranchement.

« On ne peut pas se l’imaginer, dit-elle au sujet du mal qu’elle a ressenti. J’ai braillé ma vie… au point de me demander “est-ce que je continue?” »

Le choc de la perte de son petit gars a été violent, mais France Wagner a tout de même commencé à recoller ce qui lui restait de morceaux de sa vie éclatée. Heureusement, il y avait le travail, dans lequel elle a rapidement plongé. « Ce n’était pas une fuite, se rappelle-t-elle, mais plutôt une façon de se concentrer sur autre chose que la douleur. Ce n’est pas possible de souffrir 24 h sur 24; ça prend un répit à un moment donné. » La femme d’affaires, la gestionnaire aguerrie, l’a trouvé au bureau.

« J’ai aussi lu beaucoup sur des gens qui ont perdu des enfants, ajoute-t-elle. Ça m’a aidée à comprendre ce que je vivais et à reprendre espoir. »

Quand l’amour s’efface

Cet espoir de guérison renaissait aussi avec son mari, un « homme formidable ». Des voyages, une nouvelle « maison de rêve », une vie paisible en couple… Ce n’était pas parfait, mais l’amour semblait au rendez-vous. Le hic, c’est que, pour lui, l’amour s’est plutôt ravivé avec une autre femme, rencontrée à son nouveau travail.

Eh oui. Trois ans après la mort de son fils, voilà qu’elle perdait aussi l’homme de sa vie. Une autre tuile, une autre plongée dans la souffrance et l’incertitude.

De mère de famille à épouse, à femme célibataire. Après son divorce, France Wagner allait devoir apprivoiser (encore) un nouveau mode de vie. Le sentiment de trahison était bien réel, mais le désir de se rebâtir l’était tout autant. Toutefois, à l’image des années précédentes, le destin ne lui ferait pas de cadeaux.

Trouver sa force intérieure

« Quand je relis mon livre, je me dis que j’ai été bonne de passer à travers tout ça », dit-elle, évoquant l’ensemble des épreuves qu’elle a vécues, dont la perte de son emploi. Mais comment fait-on pour se relever après la pire des chutes, pour rester debout quand la vie multiplie les jambettes?

« Je ne suis pas une femme exceptionnelle, répond-elle sans fausse modestie. Mais j’ai travaillé pour me relever. »

Il y a eu ces lectures faites après la mort de son fils, son ressourcement dans la sphère professionnelle, ses projets, ses mains tendues à ses proches et à son entourage… Elle aurait pu se fermer aux autres et aux nouvelles expériences, mais elle a choisi de faire le contraire.

« J’aime la vie, fondamentalement, et je me suis rendu compte de sa fragilité quand j’ai perdu mon fils. Le temps qu’il me reste, il faut que je le vive. »

Une bonne partie de ce temps est investi dans le bénévolat, chez Tel-Aide Montréal, d’abord comme écoutante, puis comme présidente. « Quand on fait de l’écoute, on se rend compte à quel point il y a beaucoup de malheur dans la société, soutient-elle, évoquant la montée du sentiment de solitude et des problèmes d’anxiété. Quand je faisais de l’écoute, la nuit, je me disais à quel point je suis chanceuse malgré tout ».

Mais France Wagner insiste : il n’y a pas de recette pour retrouver le bonheur. Ce qui lui a permis de donner du sens à sa vie n’en fera pas forcément autant chez quelqu’un d’autre. Ce qu’elle souhaite, ce n’est pas de guider, mais d’inspirer. « Qui suis-je pour vous dire quoi faire? Tout le monde a ses réponses. J’ai voulu faire œuvre utile. J’aimerais que les gens se disent : “Moi aussi, je peux trouver une force intérieure” ».

À vous de lire son histoire et d’y puiser ce qui colle à votre vie.

Au malheur, j’ai choisi la vie…
Les éditions Bloom
132 pages
19,95$

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