Dépister pour mieux traiter : 8 choses à savoir sur le cancer du poumon

Bien que le cancer du poumon demeure le plus meurtrier au Canada, « l’espoir est bien réel », souligne la Dre Nathalie Daaboul, hémato-oncologue à l’Hôpital Charles-Le Moyne. Dépistage plus précoce et mieux ciblé, nouveaux traitements, symptômes à surveiller… Voici huit choses que vous devez savoir pour vous aider à agir plus tôt que trop tard.

1. Le taux de survie s’améliore

Le cancer du poumon est le cancer le plus fréquent au Canada, et presque la totalité (98 %) des diagnostics sont attendus chez des personnes de 50 ans et plus, selon des données du gouvernement fédéral.

À l’échelle du pays, la survie nette à cinq ans pour le cancer du poumon est de 22 %, comme l’indiquent les données de la Société canadienne du cancer (SCC). Cela signifie qu’en moyenne, 22 personnes sur 100 ayant reçu un diagnostic de cancer du poumon vivront au moins cinq ans.

Mais, comme nous le souligne la Dre Nathalie Daaboul, « plus on détecte tôt, meilleures sont les chances de survie ». En effet, pour les cancers détectés au stade 1, le taux est d’environ 62 %. Au stade 4, il n’est que de 3 %.

Ces statistiques illustrent parfaitement l’importance du dépistage précoce, même pour les personnes sans symptômes apparents.

2. Le dépistage se facilite

Pour la spécialiste, c’est justement le dépistage qui offre le plus d’espoir ces dernières années, étant plus simple et accessible. L’examen utilisé est une tomodensitométrie à faible dose (TAFD), un type de scan qui produit des images détaillées en 3D des poumons pour repérer d’éventuelles anomalies. Or, trop peu de personnes sont au courant que cette ressource est disponible.

Au Québec, un projet pilote mesure actuellement la viabilité d’un programme permanent de dépistage du cancer du poumon, dans la même veine de ceux qui existent pour le cancer du sein et le cancer colorectal.

Selon la Dre Daaboul, le gouvernement semble vouloir aller de l’avant, à l’image de ce qui se fait en Ontario et en Colombie-Britannique, par exemple. « Bien que ce soit un projet pilote, tous les Québécois et Québécoises pourraient en ce moment se faire dépister, s’ils présentent les facteurs de risque, et ce, peu importe leur lieu de résidence ». Il faut notamment avoir entre 55 et 74 ans et présenter un historique tabagique significatif.

Hélas, souligne la docteure, nous n’en sommes pas encore l’étape de faire du dépistage dans la population non-fumeuse. »

Si vous correspondez aux critères d’admissibilité, il est important d’en parler avec votre médecin ou votre infirmière praticienne spécialisée. L’auto-référencement est aussi possible : il suffit de contacter le centre de coordination via le site du ministère de la Santé, et une infirmière évaluera les facteurs de risque.

3. Il y a des symptômes à surveiller

Les gens ont « tendance à négliger des symptômes qui sont faciles à détecter », souligne la Dre Daaboul, qui est aussi professeure agrégée à l’Université de Sherbrooke. Même si l’on ne correspond pas au profil typique d’une personne à risque, il faut être à l’affût de certains signes :

  • Essoufflement ou respiration difficile
  • Toux persistante ou nouvelle
  • Sécrétions anormales (expectorations sanglantes ou colorées)
  • Douleur thoracique
  • Fatigue inhabituelle
  • Perte de poids inexpliquée

« Ces symptômes ne sont pas normaux et ne doivent pas être ignorés », insiste la Dre Daaboul. « Même s’ils peuvent être causés par d’autres maladies, il ne faut pas négliger un cancer du poumon débutant. »

4. Il y a (encore) de la stigmatisation

Le cancer du poumon est encore trop souvent associé exclusivement au tabagisme, ce qui mène à une forte stigmatisation. Pendant longtemps, argue la Dre Daaboul, cela pouvait même nuire à l’accès aux soins, puisque ces patients pouvaient être jugés comme étant « moins méritants de traitements », que le tabagisme soit en cause ou non. Heureusement, cela s’est estompé, mais l’image d’une personne qui a couru après son propre malheur persiste dans la culture populaire.

« Même les non-fumeurs se font parfois demander : “Combien de cigarettes avez-vous fumées ?” », raconte la Dre Daaboul. Cette stigmatisation peut convaincre certains non-fumeurs qu’il est inutile de surveiller leur santé pulmonaire. Pourtant, ils ne sont pas à l’abri.

« C’est une phrase qu’on utilise de plus en plus : Toute personne qui a des poumons peut développer un cancer du poumon. » Pour illustrer son propos, l’hémato-oncologue souligne qu’on voit de plus en plus de femmes sans historique de tabagisme développer la maladie. Difficile d’expliquer le phénomène, mais celui-ci met néanmoins en évidence l’importance de changer nos façons d’aborder le cancer du poumon et de sensibiliser la population. L’exposition au radon, à la fumée secondaire et à la pollution de l’air fait aussi partie des facteurs de risque à ne pas négliger.

Évidemment, le tabagisme demeure un facteur de risque majeur qu’il ne faut pas ignorer. Ainsi, il demeure impératif d’encourager les gens à écraser pour de bon.   

5. Les traitements s’améliorent et se personnalisent

« Malheureusement, le cancer du poumon reste un cancer qui bénéficie de beaucoup moins de fonds de recherche que d’autres cancers, ce qui montre qu’on n’en est pas à une déstigmatisation parfaite », déplore celle qui est spécialisée en hématologie et en oncologie médicale.

Malgré cette iniquité, nos connaissances ont progressé de sorte que les « traitements se sont beaucoup améliorés ».

« On comprend beaucoup mieux le cancer du poumon aujourd’hui qu’il y a une quinzaine d’années », remarque-t-elle. Aujourd’hui, des analyses biomoléculaires permettent de mieux comprendre chaque tumeur et de choisir le traitement le plus efficace.

L’immunothérapie, ce traitement « révolutionnaire », comme l’explique la Dre Daaboul, stimule le système immunitaire de la personne pour qu’il combatte le cancer. Ceux et celles qui peuvent recevoir ce traitement, et qui répondent bien, peuvent s’attendre à un taux de survie amélioré, même dans le cas de cancers qu’on disait jadis avancés. « Étant donné les résultats, on commence à l’utiliser de plus en plus tôt dans le développement de la maladie, à des stades plus précoces », se réjouit l’experte.  

6. L’horizon s’annonce encore mieux

Grâce à une meilleure coordination multidisciplinaire et à des soins de soutien plus complets, la survie et la qualité de vie s’améliorent. « On gère mieux les effets secondaires des traitements et les symptômes associés au cancer du poumon », note la Dre Daaboul. « Tout cela contribue à prolonger la vie et à améliorer l’expérience des patients. »

Des améliorations généralisées aux habitudes de vie donnent aussi espoir. L’exercice régulier, une alimentation variée et équilibrée, ainsi que la cessation du tabac, a un impact réel. Tout cela améliore la qualité de vie en général, et diminue les chances de développer un cancer, dont celui du poumon.

7. Il demeure néanmoins un cancer très mortel

Le taux de décès par cancer du poumon est en déclin. Il baisse même plus vite que pour tous les autres types de cancer signalés.

Malgré ce progrès, le cancer du poumon reste le cancer le plus meurtrier au Canada. En fait, il entraîne pratiquement autant de décès que les trois autres principaux types de cancer (sein, colorectal, et prostate) combinés. Selon la SCC, une année donnée, on peut s’attendre à ce que près de 21 000 personnes meurent d’un cancer du poumon ou des bronches, soit près du quart de tous les décès par cancer au pays.

8. Consulter est crucial

La sensibilisation au cancer du poumon, au dépistage et aux facteurs de risque est un enjeu majeur. La Dre Daaboul conclut : « Il ne faut pas rester seul avec ses inquiétudes. Si vous avez des doutes ou des symptômes persistants, consultez rapidement votre professionnel de santé. Il existe des ressources et un soutien pour tous ceux qui s’inquiètent de leur santé pulmonaire. »