Le menu est riche en matière d’agrotourisme au Québec. Et l’automne, saison des récoltes, est idéal pour l’explorer. Voici cinq destinations qui sortent des sentiers battus par l’originalité, voire l’unicité, de leur production. Bonnes découvertes gourmandes!
Figues fraîches locales

Populaire dans le bassin méditerranéen, la culture de figues a trouvé racine dans les Cantons-de-l’Est. La famille Proulx cultive en serre quelque 5000 figuiers, répartis en une vingtaine de variétés, à la Vallée du Moulin, à Melbourne, près de Richmond.
Il s’agit de la seule production commerciale de figues dans la Belle Province. L’aventure a commencé en 1998, lorsque Serge Proulx, ingénieur de formation, a acquis un site en bordure de la rivière au Saumon.
Il y a reconstruit un barrage abandonné et aménagé une microcentrale hydroélectrique qui alimente aujourd’hui les serres automatisées. Il a ensuite développé, au fil des ans, la production de sirop d’érable, de miel et de figues, une idée inspirée d’un voyage en Europe. Le projet a depuis pris une tournure familiale, les quatre enfants de Serge Proulx travaillant désormais à ses côtés.
Le site, aux allures de petit Éden, est ouvert au public de la fin juin à la mi‑octobre. Il est possible de visiter les lieux librement ou dans le cadre de visites guidées. Des figues fraîches et d’autres produits du terroir sont offerts en dégustation sur place et en boutique. Réservation recommandée. lavalleedumoulin.com

Fous des noix
Une visite au Jardin des noix, à Saint-Ambroise-de-Kildare, dans la région de Lanaudière, s’impose pour découvrir l’univers insoupçonné des noix nordiques. Parmi les activités proposées, on retrouve à l’automne l’autocueillette de noisettes et la cueillette guidée de noix de noyers noirs.
Alain Perreault s’est lancé dans cette culture encore marginale en 2007. Depuis, d’importants investissements ont été réalisés pour mécaniser la récolte, ainsi que les opérations de lavage, de cassage et de tri des noix. Un vaste bâtiment d’accueil et de transformation, doté de 120 panneaux solaires, a également été construit. La noiseraie biologique compte 4000 arbres.

Selon Isabelle Gagné, conjointe et partenaire d’affaires d’Alain Perreault, la noix de noyer noir se distingue de la noix de Grenoble à plusieurs égards. Son goût, entre autres, nous « transporte dans un autre univers », dit-elle. Sa coquille est aussi plus difficile à casser que celle d’autres variétés de noix.
Les noix, l’huile qui en est extraite et d’autres produits dérivés sont à l’honneur à la boutique de l’entreprise agrotouristique. Il est préférable de réserver pour certaines activités, offertes à l’année. aujardindesnoix.com
Le paradis de la pêche

Saviez-vous qu’il est possible de déguster des pêches et des nectarines cultivées non pas en Ontario ou aux États-Unis, mais bien au Québec? Pour s’offrir ce plaisir, il faut se rendre au Domaine de Dunham, dans les Cantons‑de‑l’Est.
Si l’endroit propose l’autocueillette de pommes (avec ses 18 000 pommiers), il n’en va pas de même pour les pêches et les nectarines. Ces arbres fruitiers étant plus fragiles, leurs fruits sont vendus uniquement au kiosque, « mûris à point sur l’arbre », précise Claude Girard, copropriétaire.
L’aménagement du site a tout d’un parcours du combattant pour l’agriculteur et sa conjointe, Ghislaine La Rocque. La propriété, située près des vignobles de la Route des vins à Dunham, était à l’abandon lorsque ces Montréalais ont décidé de l’acquérir en 2002. Ils y ont mis tout leur cœur pour en faire l’écrin de verdure qu’il est devenu.
Ouvert de la mi-août à la mi-octobre, le domaine, qui compte 100 acres de vergers, offre également des poires, des prunes et une vaste sélection de produits transformés. Il est possible d’y pique-niquer sur place. domainededunham.ca
Le safran de… Charlevoix

Le safran, l’une des épices les plus anciennes et parmi les plus chères au monde, n’est pas incompatible avec le climat nordique. Renald Lepage et Geneviève Tremblay en ont fait la démonstration. Ils ont expérimenté cette culture et fondé Safran nordique en 2016, à Clermont, dans la région de Charlevoix.
Cette culture présente plusieurs défis, et le couple continue de peaufiner ses méthodes de production. Mais il récolte désormais le précieux fruit de son travail. Le safran est obtenu à partir des pistils de la fleur de crocus. Il en coûte 11 $ pour un dixième de gramme de safran de Charlevoix.
« C’est un univers passionnant, dit Geneviève Tremblay. Notre mission est de démystifier l’épice pour que les gens puissent se l’approprier. » Pour ce faire, des visites guidées de la safranière sont offertes, parmi d’autres activités. Il est préférable de réserver. La construction d’un nouveau bâtiment d’accueil, qui abritera l’écomusée des safraniers, sera achevée à l’automne 2025. Différents produits gourmands, ainsi que des cosmétiques élaborés par le couple à base de fleurs de safran, y seront proposés. safran-nordique.com
Cochons laineux et savoureux

En faisant l’acquisition d’une ancienne tannerie à Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est, François Tremblay souhaitait y développer une production agricole de niche. Il a relevé le défi avec succès. Depuis 2020, la Ferme de la Tannerie se spécialise dans l’élevage à petite échelle de cochons Mangalitza, une race porcine originaire de Hongrie reconnue pour sa dense fourrure laineuse.
Au-delà de leur apparence singulière, ces porcs produisent une viande rouge persillée, savoureuse et tendre. La Ferme de la Tannerie transforme cette viande en charcuteries (saucissons, pancetta et coppa) vendues à la boutique (ouverte en saison, du jeudi au dimanche) ainsi qu’à des restaurants de la région.
Ralenti par la maladie l’an dernier, François Tremblay ne manque pas de projets pour mettre en valeur ce site bucolique. Un volet d’interprétation pourrait notamment voir le jour afin de souligner l’histoire de l’ancienne tannerie.
D’ici là, en plus de ses charcuteries, la ferme propose des poulets fermiers, des œufs et des légumes. Elle accueille également les membres de Terego, un réseau de stationnements pour véhicules récréatifs, partenaire de la FADOQ. latannerie.ca