Michel Jodoin n’a plus d’agenda depuis que la cidrerie qui porte son nom est dirigée par un trio d’entrepreneurs de la relève, dont fait partie l’un de ses fils. Et le réputé cidriculteur ne s’en plaint pas! Depuis deux ans, il a plus de temps pour s’adonner à ses passions : la musique jazz, mais surtout le sport, et parfois même en version extrême.
Si l’intérêt de Michel Jodoin pour le jazz est plus récent, sa dépendance aux endorphines, souvent surnommées « hormones du bonheur », ne date pas d’hier. Même à 68 ans, s’élancer à vélo de montagne sur les sentiers techniques de Moab, dans l’Utah aux États-Unis, l’emballe encore autant qu’il y a 20 ans.
« Je vais un peu moins vite et c’est un peu plus difficile, mais j’y trouve mon plaisir », explique-t-il. Il précise par ailleurs qu’il n’a pas encore remplacé sa monture par un modèle à assistance électrique, ce qui lui offrirait éventuellement la possibilité de mieux doser ses efforts.
Celui qui a redonné ses lettres de noblesse au cidre québécois à partir des années 1980 n’a d’ailleurs pas l’habitude de faire les choses à moitié, que ce soit en affaires ou dans les sports. « J’ai besoin d’endorphines et de défis, fait-il valoir. Quand je suis sur mon vélo de montagne, je ne pense à rien d’autre. »
Collectionner les défis
Si le vélo est l’activité de prédilection de Michel Jodoin, il a néanmoins, à une certaine époque, troqué sa bécane pour ses bottes de randonnée pour s’attaquer aux plus hauts sommets de la planète. Parmi ses ascensions figurent l’Elbrouz en Russie, le Kilimandjaro en Tanzanie, et l’Aconcagua en Argentine.
Il s’est ensuite mis à la course à pied. Inscrit à différents clubs de course, il s’y est fait de bons amis, avec lesquels il a participé à plusieurs marathons, dont ceux de Paris, Madrid et Édimbourg, en plus de ceux de Montréal, Québec et Ottawa.
De là à participer à des ultramarathons, il n’y avait qu’un pas… que Michel Jodoin a franchi en courant. Âgé de la cinquantaine à cette période, il a participé au Marathon des Sables (250 km en six jours), au Maroc, ainsi qu’au Namib Desert Challenge (220 km en cinq jours), en Namibie, petit pays aux confins de l’Afrique australe.
Après avoir repoussé ses limites dans la chaleur torride du désert, et parce qu’il ne recule devant rien, il s’est aventuré dans la neige et le froid glacial du Groenland pour prendre part au Polar Circle Marathon.
Avec le recul, l’entrepreneur à la retraite constate que ces défis, marqués par le dépassement de soi, ont constitué un des ingrédients de sa réussite en affaires. « J’ai beaucoup travaillé et c’était ma façon d’évacuer un peu de pression, dit-il. Ça m’a permis de continuer. »
Pour l’instant, Michel Jodoin est à ce point mordu du vélo de montagne qu’il se rend dans l’Utah à l’automne et y séjourne dans son motorisé, qu’il entrepose ensuite sur place pour mieux y retourner pendant l’hiver. Il en profite alors pour explorer les États plus au sud avant de repasser par Moab au printemps pour mouliner à nouveau dans les paysages de roches rouges, avant de reprendre la route du Québec.
L’an dernier, il a même initié son petit-fils Nathan, 14 ans, au vélo de montagne, encore et toujours dans l’Utah. Un moment précieux! « On en a fait pas à peu près », lance avec un large sourire le pomiculteur de Rougemont, en Montérégie.
Scénario de rêve
Michel Jodoin ne pouvait d’ailleurs rêver d’un meilleur scénario pour le transfert de l’entreprise qu’il a fondée en 1988. La cidrerie est restée « dans la famille ». Outre son fils Philippe, qui représente la cinquième génération de pomiculteurs, David Jodoin et Jean-Philippe Lachapelle, respectivement son neveu et son gendre, ont également pris la relève.
Si le nouveau retraité demeure disponible pour le trio de jeunes entrepreneurs, il peut maintenant donner libre cours à son besoin de bouger. « L’agenda a pris le bord », s’amuse à raconter Michel Jodoin.
Au début de 2025, il s’est rendu à Oman, au Moyen-Orient, dans le cadre d’un voyage de groupe, où randonnée pédestre et visites culturelles étaient au programme. L’été dernier, il a visité la Côte-Nord, au Québec. Il a également assisté à plusieurs concerts de jazz, son nouveau dada.
Lorsque Virage l’a rencontré, le globe-trotter planifiait son prochain séjour à Moab avec sa conjointe, Josée Beauregard, également passionnée de vélo. « Le kitesurf me travaille aussi pas mal », lance-t-il. Même chose pour les longues randonnées. Bref, une aventure n’attend pas l’autre.