Le surf, c’est plus qu’un sport. C’est un art de vivre qui n’est pas l’apanage des beach bums. Tout le monde, peu importe son âge, peut défier les vagues du monde entier. Rencontre avec des adeptes de surf qui n’ont pas l’intention de remiser leur planche de sitôt.
Au début des années 2000, Dominique Pouliot déménage en France où elle séjourne en vacances à Biarritz, dans le Sud-Ouest, berceau du surf en Europe. « Ce fut mon premier véritable contact avec ce sport. J’ai tout de suite rêvé d’en faire, même si j’étais persuadée que c’était inaccessible », témoigne cette femme qui avait deux jeunes enfants à l’époque. Le rêve de dominer les vagues persiste pendant des années. « Je regardais des films de surf, mais je n’osais pas plonger », raconte cette coordonnatrice de projets.
Une décennie plus tard, sous l’impulsion de ses deux garçons devenus grands, eux-mêmes des adeptes de la planche, elle se joint à un cours de groupe à Hawaii. « À 56 ans, j’étais largement l’aînée de la classe. Je passais mon temps à surfer avec des jeunes », dit-elle avec une pointe de fierté. C’est le début d’une passion dévorante qui la mène à entreprendre deux voyages de surf par année. « Je suis allée au Mexique, au Nicaragua, à la Barbade et à Tofino, en Colombie-Britannique », dit celle qui a maintenant 63 ans, et qui part parfois en solo.
Pendant la pandémie, elle découvre le surf de rivière sur le fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Montréal, glissant sur des vagues éternelles. « C’est une déclinaison super technique du surf. En océan, la vague te pousse. En rivière, tu fais corps avec la vague », explique la femme de Saint-Lambert. En 2023, en congé sabbatique, elle s’y adonne cinq fois par semaine… « Le surf, c’est un bel équilibre avec la vie. Si ça ne va pas bien dans ta tête, ça n’ira pas bien avec la vague. Ce sport me fait prendre conscience de l’importance de l’équilibre mental », philosophe-t-elle.
Une vague qui prend de l’ampleur
Hugo Lavictoire, fondateur de KSF, une école qui donne des cours de surf de rivière depuis 2003 à Montréal, remarque un engouement sans précédent pour le surf. « Le sport connaît une effervescence au niveau mondial et parmi les nouveaux adeptes, on constate une hausse de plus en plus grande de personnes plus âgées. C’est un changement de paradigme, car dans le passé, seulement les jeunes de moins de 35 ans osaient suivre un cours », dit l’instructeur, qui vient de passer le cap de la cinquantaine.
Selon cet expert, il y a de nombreux avantages à pratiquer ce sport, et ce, peu importe l’âge. « Quand tu chutes de ta planche, tu tombes dans l’eau. Ça ne génère pas de gros choc, comme en planche à neige. C’est aussi une activité qui travaille la souplesse, ce qui est une bonne chose lorsqu’on vieillit », dit Hugo Lavictoire, qui passe son hiver au Costa Rica pour jouer, ô surprise, dans la houle.
Le surf serait aussi un sport à progression rapide, affirme Jérôme Casanova, un surfeur au tournant de la cinquantaine et instructeur au Surfshack, à Sept-Îles. « On n’a pas besoin d’être super en forme pour s’y adonner. J’ai vu des sédentaires progresser rapidement », dit cet adepte du surf en eau froide. La bonne forme physique sert à rester plus longtemps dans les vagues.
Simon Trudel-Perreault, 52 ans, fait du rodéo sur les vagues depuis plus d’un quart de siècle. « Tous mes voyages sont axés sur le surf », avoue-t-il. Pas très évident dans une relation de couple ! Qu’importe, il n’a pas l’intention de remiser ses planches. « Avec l’âge et l’expérience, je connais mes meilleures années de surf à vie. […] Tant que je pourrai marcher, je vais surfer », dit ce col bleu qui s’entraîne pour en faire le plus longtemps possible.
Hugo Lavictoire voit comme une bonne nouvelle l’arrivée d’adeptes plus matures. « Ces gens-là respectent plus l’étiquette du surf et influencent positivement les plus jeunes », soutient l’entrepreneur. Les deux endroits où il y a des vagues éternelles à Montréal, Habitat 67 et la Vague à Guy, en bénéficient. Moins d’incivilités, plus de camaraderie.
Justement, Dominique Pouliot adore le mélange des générations dans le monde du surf. En plus de fraterniser avec des individus de tous âges, Dominique fait des voyages de surf avec ses fils, maintenant dans la vingtaine. « Je me trouve choyée de pouvoir le faire. Mon objectif est de devenir meilleure qu’eux », affirme-t-elle, sourire aux lèvres. Attention les jeunes, maman arrive !
Où s’initier ?
Pour découvrir ce sport, on peut suivre des cours dans les destinations soleil, comme le font beaucoup de Québécois qui débutent. Le surf s’apprend également au Québec. KSF organise des cours de surf de rivière sur les vagues montréalaises. « L’idéal, c’est de former un petit groupe de gens de votre âge, ce qui réduit l’anxiété de joindre un groupe de jeunes », dit Hugo Lavictoire, fondateur de KSF.
La Côte-Nord constitue le nouveau buzz de la planète surf québécoise. On y trouve des vagues régulières dans le secteur Moisie à Sept-Îles, où est établi le Surfshack depuis 2010. « C’est un vraiment un beau terrain d’initiation », dit Jérôme Casanova, son principal instructeur. À l’automne et au printemps, les vagues prennent de l’ampleur, au grand bonheur des locaux et de plus en plus de vacanciers. Psitt ! Les eaux froides seraient un baume pour les articulations.