La perte d’appétit : comment retrouver le goût des repas?

Lassitude des mêmes mets insipides, médication, solitude, deuil, douleurs chroniques : fréquente chez les personnes aînées, la perte d’appétit peut avoir diverses origines. Avant toute chose, il faut déterminer la cause pour retrouver le désir – et le plaisir – de se nourrir.

Pour maintenir un bon état de santé, manger suffisamment est primordial. Or, des facteurs physiologiques, psychologiques, sociaux et médicaux peuvent cause un désintérêt graduel ou soudain pour s’alimenter.

« On va regarder, entre autres, si la prise d’un nouveau médicament peut être en cause, rapporte Michel Sanscartier, nutritionniste et professeur adjoint de clinique à l’Université de Montréal. Dans la dimension psychologique, on vérifie, par exemple, si la perte d’un être cher pourrait être une raison. Dans la sphère sociale, on sait que plus on est isolé, moins on a d’appétit. »

Identifier la cause est important, car avec le temps, la perte d’appétit peut mener à la dénutrition, à une baisse de poids excessive et à une détérioration de la qualité de vie.

Composer avec un régime restrictif

Le spécialiste souligne au passage que plusieurs personnes aînées doivent composer avec un régime restrictif. Celles ayant un début de diabète se font conseiller de ne pas ajouter de sucre. Un excès de mauvais cholestérol se traduit par l’élimination des gras. L’hypertension entraîne, quant à elle, une réduction de la consommation de sel. « Sauf que ce que les gens aiment bien souvent, ce sont les aliments qui contiennent tout ça ! Il faut donc essayer de trouver des moyens… »   

Il est démontré que plus les restrictions sont nombreuses, plus le risque de dénutrition est présent. Évidemment, lorsqu’un mets ne « goûte plus rien », il devient difficile de stimuler la faim. Le sucre, le gras et le sel contribuent à rehausser la saveur des aliments, incitant par le fait même une personne à manger davantage. Dans ce contexte, M. Sanscartier propose de faire réévaluer la pertinence de toutes ces restrictions afin qu’il y en ait le moins possible.

Augmenter l’apport calorique

« Ce qu’on peut faire aussi, c’est d’augmenter la densité énergétique, c’est-à-dire d’intégrer plus de calories par bouchée, suggère le nutritionniste. Il existe toutes sortes de trucs pour y arriver : inclure des protéines en poudre, du beurre, de la margarine, des bons gras… Si on le peut, on met un peu plus de sel, plus d’épices et d’herbes. L’assaisonnement est très important pour donner de la saveur, car avec l’âge, la capacité gustative tend à diminuer. »

Si les portions généreuses ne représentent plus une option, on peut alors choisir de prendre cinq à six petits repas par jour. Des collations nutritives composées de noix, de fruits frais et de yogourt sont également à envisager. La présentation des plats joue par ailleurs un rôle crucial. Une assiette bien garnie, avec des couleurs variées, aiguise l’appétit. On s’assurera en outre d’incorporer différentes textures et de réduire le « tiède » pour le chaud ou le froid.

Recréer le lien entre les aliments et le plaisir

« Il faut revenir à la notion d’associer les aliments au plaisir ! lance le professeur adjoint de clinique au Département de nutrition de l’Université de Montréal. Dans cet ordre d’idées, de penser à conserver les saveurs qui rappellent de bons souvenirs est certainement une voie à exploiter pour les personnes aînées. Préparer la soupe maison que concoctait notre mère quand nous étions jeunes ou le dessert traditionnel de notre sœur ravive le goût de manger. »

Redonner un sens à l’alimentation passe enfin par l’environnement dans lequel les repas sont consommés. Partager ces moments en compagnie de proches a de très fortes chances de rendre l’expérience plus agréable. Si possible, vaut mieux éviter les sources de distractions en éteignant la télévision pour encourager la concentration sur l’action de manger. Afin de renforcer l’intérêt visuel, on peut utiliser de la vaisselle attrayante.

Parmi les autres considérations, notons l’activité physique, même modérée, qui aide à attiser l’appétit. Une petite promenade quotidienne, des exercices d’étirement ou de jardinage légers sont susceptibles de réveiller l’envie de manger, tout en améliorant la santé globale. Et si, malgré tout, le manque d’appétit persiste ou s’accompagne d’une perte de poids significative, il est essentiel de consulter une ou un professionnel de la santé.