Un road trip au bout de la 138

Elle a accueilli près de 90 000 personnes l’an dernier, une hausse de près de 20 % par rapport à l’été précédent. C’est dire qu’elle a la cote, la majestueuse Côte-Nord! Pour la découvrir, partons en road trip au bout de la 138, là où la magnificence du littoral se déploie. Rien de tel que de parcourir les kilomètres verdoyants en les ponctuant d’arrêts où flâner dans les petits villages côtiers, s’emplir les poumons d’air salin et s’enivrer de la beauté des plages.

Premier arrêt, peu avant Baie-Comeau : la Pointe-aux-Outardes et son trésor de plage. Coup de cœur pour ce sable blond qui n’en finit plus et ses douces battures. Sur la pointe ouest de la péninsule Manicouagan, le Parc Nature de Pointe-aux-Outardes mérite aussi qu’on s’y attarde. Avec ses neuf écosystèmes, il s’étend sur seulement deux kilomètres carrés et est aussi un endroit de prédilection pour l’observation d’oiseaux migrateurs.

Un lever du soleil splendide à la Pointe-aux-Outardes. Photo : Marie-Eve Blanchard

Après avoir dégusté une bière, ou deux, aux saveurs locales à la Microbrasserie St-Pancrace de Baie-Comeau – les petits fruits et les herbes nordiques y sont savamment mis de l’avant –, on s’éloigne de la 138. Direction Pointe-des-Monts, là où l’estuaire devient le golfe. Sur une presqu’île se dresse le deuxième plus vieux phare du Saint-Laurent, qui a balayé les eaux durant 134 ans. On y grimpe pour admirer la vue panoramique, mais aussi pour s’étonner de cette tour de sept étages où ont logé les gardiens et leur famille durant une soixantaine d’années.

La nature est immense à Sept-Îles. Photo : Marie-Eve Blanchard

À Sept-Îles, le Hermel de Mylène Paquette, dans lequel elle a traversé l’Atlantique à la rame en 2013, attire notre attention. On se rend ensuite à l’île Grande Basque en zodiac pour y randonner. Le lendemain, un apéro improvisé aux abords de la baie de Moisie, où le fleuve prend des allures d’océan, nous confirme que Sept-Îles est vraiment bordée de toutes parts d’une nature immense.

La beauté sauvage de la Minganie

Plutôt que la populaire chute Manitou, on opte pour la chute de la rivière Sault Blanc, près de Rivière-au-Tonnerre, un secret bien gardé. Il faut se stationner à la hauteur du kilomètre 1080 avant d’emprunter le sentier Edgardo, balisé et assez facile, menant à l’Anse du Sault Blanc. Là, en bordure d’une plage sauvage, les vagues déferlent tandis que deux phoques curieux en émergent.

Photo de la chute de la rivière Sault-Blanc.
La chute de la rivière Sault Blanc est un secret bien gardé. Photo : Marie-Eve Blanchard

À Havre-Saint-Pierre, le festin de homard et de pétoncles s’impose Chez Julie, une institution presque cinquantenaire. C’est parfait pour se sustenter la veille d’une excursion dans la réserve du parc national de l’Archipel-de-Mingan. On choisit les îles Niapiskau et Quarry, deux incontournables parmi la trentaine d’îles calcaires et le millier d’îlots qui ont jailli de la mer après la dernière glaciation. Tandis que les îles émergeaient de l’eau, la mer, le vent, le gel et le dégel les ont façonnés bien curieusement par endroits, créant des structures géologiques qui caractérisent l’archipel et qui lui donnent parfois des airs de bout du monde. On y admire de près ces fascinants monolithes de même qu’un petit rorqual enchaînant quelques sauts à une proximité déconcertante de la rive. Dès lors, on comprend pourquoi le New York Times a fait figurer cet archipel sur sa liste de lieux à ne pas manquer en 2024.

Photo des monolithes de l'île Quarry.
Les splendides monolithes de l’île Quarry. Photo : Marie-Eve Blanchard

Jusqu’au bout, jusqu’à Kegaska

Le village de Baie-Johan-Beetz.
Le village de Baie-Johan-Beetz. Photo : Marie-Eve Blanchard

Les effluves d’épinettes succèdent à ceux des embruns avant d’atteindre Baie-Johan-Beetz, un village de moins d’une centaine d’habitantes et d’habitants au cœur de la taïga. Puis, sur près de vingt-cinq kilomètres, ce sont des arbres carbonisés qui rappellent comment un feu de forêt a failli engloutir le village en 2013. À l’entrée d’Aguanish, un arrêt s’impose au Fumoir Le Goynish : saumon fumé à froid et à chaud, rillettes, mousse et saumon mariné, tout est savoureux! On se dirige ensuite vers la plage, sise au-delà d’une anse tranquille peuplée de familles de pêcheurs, question de pique-niquer. Le spectacle qui s’y dévoile rappelle les Îles-de-la-Madeleine. Dunes, ammophiles, rafales et kilomètres de sable blond composent ce tableau digne d’une carte postale. Quel endroit fabuleux!

Sable blond et battures s’étendent sur des kilomètres. Photo : Marie-Eve Blanchard

On atteint finalement le lieu de naissance du poète Gilles Vigneault après avoir fait un arrêt pour cueillir quelques baies sauvages. Natashquan caresse le regard avec ses fameux Galets, ces anciens hangars de pêcheurs témoignant d’un passé florissant qui affleurent sur les rochers. Au café de L’Échouerie, on s’affaire à préparer le spectacle du soir tandis que sur la terrasse, à même la magnifique plage, le temps semble s’être figé.

À Natashquan, la vue est magnifique. Photo : Marie-Eve Blanchard

Et puis, tant qu’à y être, pourquoi ne pas aller au bout de ce dernier tronçon de route fraîchement asphalté? Peu avant l’arrivée au village anglophone de Kegaska, un ourson se dresse sur ses pattes l’espace de quelques secondes. Difficile de se sentir plus loin de tout. On se photographie finalement devant la pancarte emblématique « 138 – Fin », tapissée d’autographes et d’autocollants, avant de reprendre ce formidable trajet en sens inverse.

Image de panneaux recouverts de collants au bout de la route 138.
Voilà, vous êtes au bout de la 138! Photo : Marie-Eve Blanchard

Avant de partir : On lit Côte-Nord de Guillaume Hubermont (Édition Parfum d’encre) question d’apprivoiser la région, les gens de la Côte-Nord et leurs traditions.

Sur la route : On écoute l’audioguide Sur la route de Natashquan. Une façon originale de découvrir un parcours de 160 km à travers l’histoire de gens de la région.

Quelques adresses gourmandes

Microbrasserie St-Pancrace

55, place La Salle, Baie-Comeau

microbrasserie.stpancrace.com

Bar laitier Chez Marina et Cantine Chez Nat
Incontournables : la crème molle à la chicoutai et la guédille au crabe
1045, chemin du Roi, Longue-Pointe-de-Mingan

facebook.com/barlaitierMarinacantineNat

Chez Julie Boutique du terroir

Produits nord-côtiers et faits maison, dont les fameux muffins à la shikuteu

1001, promenade des Anciens, Havre-Saint-Pierre

chezjulie.ca

Restaurant Chez Julie

1023, rue Dulcinée, Havre-Saint-Pierre

chezjulie.ca

Fumoir Le Goynish,

237, rue Jacques-Cartier, Aguanish
facebook.com/fumoirlegoynish

Café-bistro L’Échouerie

55, allée des Galets, Natashquan
facebook.com/cafelechouerie

Vous cherchez d’autres idées de voyages cet été? Lisez Cinq destinations canadiennes pour remplacer les Étas-Unis.