
En Équateur, le bassin amazonien qui couvre l’est du pays est facile d’accès pour celles et ceux en quête d’aventure. À la fois grandiose et fragile, cette région permet de découvrir un écosystème unique et offre un regard intime sur la culture des peuples qui l’habitent. Josée Ouellet, créatrice de contenu à JO Voyage et membre FADOQ, nous raconte son périple dans la majestueuse forêt amazonienne.
L’aventure commence à bord d’un dug-out boat, une pirogue traditionnelle en bois. Nous glissons le long de la rivière Napo, puis sur l’un de ses affluents, la rivière Pañayacu. Les eaux noires sont teintées par la décomposition des végétaux et reflètent la lumière tamisée de la canopée. La forêt qui nous entoure est vibrante de vie. Les chants des oiseaux tropicaux résonnent à travers le feuillage dense, créant un véritable concert naturel.

Accompagnés d’Alex, notre guide, mon conjoint et moi allons camper dans la forêt amazonienne. Alex est originaire de la tribu Quechua. L’une des plus anciennes civilisations des Andes, les Quechuas entretiennent une relation sacrée avec la nature. Pour eux, la forêt est une entité vivante, respectée et protégée. Alex est emballé à l’idée de nous faire découvrir son territoire : « L’Amazonie, c’est ma vie, mon souffle. Chaque arbre, chaque rivière, chaque créature fait partie de moi ».
Il nous parle aussi des valeurs des siens : l’interdépendance entre les membres de la communauté, leur ingéniosité pour vivre en harmonie avec leur environnement et leur inquiétude face à l’avenir de la forêt.
Un sanctuaire naturel
Nous nous trouvons dans l’Oriente, région équatorienne du bassin amazonien. Ici, l’accès à la forêt est particulièrement aisé depuis la ville de Coca. Après 90 minutes de navigation, on rejoint le parc national Yasuni. S’étendant sur plus de 10 000 km², ce sanctuaire naturel, à la frontière du Pérou, regorge d’une biodiversité exceptionnelle. Il offre aux voyageurs en quête d’authenticité une immersion totale. De nombreux écolodges y proposent des activités permettant d’explorer la richesse de cet écosystème unique : la faune, la flore et les cultures des peuples autochtones, comme les Quechuas.
Le parc Yasuni fait partie du réseau des réserves mondiales de la biosphère de l’UNESCO depuis 1989. Mais malgré ce statut, le parc est menacé par l’industrie pétrolière*.

Photo : Anakonda Amazone Cruises
Au cœur de la jungle
Arrivés au camp, Alex nous initie à une activité locale : la pêche au piranha. Munis d’un simple fil et d’un hameçon appâté de viande rouge, nous tentons d’attirer ces poissons à la fois redoutés et fascinants. Après plusieurs essais, un cri de joie retentit : nous remontons un spécimen ! Alex sourit : « Sa chair est un mets apprécié ici. » Nous échangeons un regard hésitant… Peut-être une autre fois.

Quand le soleil disparaît, la jungle se métamorphose. Armés de lampes torches, nous partons en randonnée nocturne. La pénombre est peuplée de sons étranges et d’insectes redoutables. Soudain, ma lampe éclaire une araignée banane qui se découpe sur une feuille géante. Plus loin, nous apercevons une tarentule, imposante et fascinante.

En levant la tête, on découvre un magnifique ciel dégagé et étoilé. Les constellations des deux hémisphères se rejoignent sur la ligne de l’Équateur pour créer ce spectacle hypnotisant. Nous nous endormons sous la tente, entourés des bruits étourdissants de la jungle.
Une matinée de réflexion
Au lever du jour, la cacophonie de la nuit est remplacée par les chants discrets des oiseaux. Nous embarquons pour une excursion en kayak sur les eaux calmes qui serpentent entre notre campement et la lagune de Pañacocha. La lumière dorée du matin filtre à travers la canopée. Une légère brume flotte au-dessus de l’eau. Les parfums de terre humide et de fleurs exotiques emplissent l’air. Assise dans mon embarcation, je m’imprègne de toutes les sensations qu’offre la forêt qui s’éveille.

À cet instant, je ressens une profonde connexion avec cette nature grandiose. L’Amazonie semble riche et infinie, et pourtant, je suis frappée par sa vulnérabilité. Les ressources, aussi abondantes soient-elles, sont épuisables.
Prendre quelques jours pour explorer ce territoire magique, pour écouter les histoires des peuples qui y vivent, et pour observer de près cette biodiversité exceptionnelle, est une expérience transformatrice.
L’héritage des Quechuas nous rappelle que nous sommes un infime maillon d’un vaste ensemble et que nous avons la responsabilité de préserver ce monde qui nous nourrit, nous guérit et nous émerveille.
Visiter l’Amazonie Équatorienne
Quand y aller :
L’Amazonie a deux saisons et peut être visitée à tout moment de l’année.
Juillet à décembre : saison sèche
Janvier à juin : saison des pluies
S’y rendre :
De Quito se rendre dans la ville de Coca (Puerto Francisco de Orellana)
Avion : 40 minutes
Autobus : 5 h 30 min
Transfert en canot vers les Eco-Lodges : 1 h 30 min à 2 h
Se loger :
Anakonda Amazon Cruises
La Selva Eco-Lodge
À lire pour comprendre les enjeux liés à l’industrie du pétrole :
La voix du Jaguar
Nemonte Nenquimo, Mitch Anderson
Calmann-Levy, éditeur
