Richard a 61 ans. À sa grande surprise, un an après avoir pris sa retraite, il est toujours aux prises avec l’impression de manquer d’énergie qu’il attribuait auparavant à sa lourde tâche au travail. Loin de se sentir reposé, il est irritable et en plus, on lui a découvert un problème d’hypertension artérielle. Et si Richard souffrait d’apnée du sommeil ?
« Il y a deux pics de diagnostic de l’apnée du sommeil. Lorsque les gens sont au cœur de leur vie active, de la fin vingtaine à la quarantaine, puis autour de 60 ans. Souvent, le médecin va demander un test d’apnée du sommeil au moment où les patients consultent pour un autre problème de santé parfois associé à l’apnée », note le Dr Claude Poirier, pneumologue au CHUM.
De l’apnée du sommeil, moi ?
L’apnée obstructive du sommeil est une maladie respiratoire chronique causée par le relâchement de certains muscles de la gorge qui bloquent en tout ou en partie le passage de l’air durant la respiration. Touchant davantage les hommes que les femmes, cette maladie est aussi répandue que l’asthme, le diabète et l’hypertension artérielle, sauf que 80 % des gens qui en souffrent l’ignorent. Passé le cap des 50 ans, le risque d’en être atteint croît avec l’âge.
L’ennui, c’est qu’on se rend difficilement compte de ces arrêts de respiration fréquents durant la nuit… puisqu’on dort ! Certains symptômes devraient toutefois nous mettre la puce à l’oreille : arrêts respiratoires constatés par la personne qui partage notre lit, sommeil agité, étouffement, suffocation ou transpiration excessive durant le sommeil, énergie, vigilance ou concentration en baisse, somnolence diurne, irritabilité, dépression, etc.
À cela s’ajoutent des facteurs de risque tels que l’obésité, les antécédents familiaux, les allergies respiratoires, la ménopause, la consommation d’alcool, de tabac ou de somnifères, etc.
Pourquoi consulter ?
Si l’on a des doutes, on peut répondre à un test d’évaluation du degré de somnolence (Epworth) disponible en ligne. Un résultat se situant entre 10 et 20 indique qu’il vaut mieux consulter.
Car l’apnée du sommeil ne mine pas seulement le moral et la qualité de vie. Non traitée, elle prédispose aussi aux maladies cardiaques, au diabète, à l’hypertension artérielle, à l’obésité et à la dépression.
« L’axe de l’anxiété et de la dépression est vraiment majeur en apnée du sommeil. La pénurie de sommeil paradoxal, qui est secondaire à cette maladie, peut engendrer des troubles dépressifs et anxieux. Si l’apnée n’est pas traitée, on donnera des antidépresseurs pour ces troubles, ce qui engendrera des effets secondaires tel un gain de poids. Or, l’obésité est l’un des principaux facteurs de risque de l’apnée du sommeil. De plus, cette maladie se caractérise par un plus grand appétit. C’est une roue qui tourne et qui aggrave la situation tant qu’on ne s’attaque pas à l’apnée », explique le Dr Poirier.
Ça se traite comment ?
Un test d’une durée d’une nuit est nécessaire afin que le médecin puisse poser un diagnostic d’apnée du sommeil. Dans 80 % des cas, il s’agit de la polygraphie cardiorespiratoire du sommeil. Et c’est là que les choses se compliquent. Le Dr Poirier mentionne qu’il y a au moins un an d’attente dans les hôpitaux pour subir cet examen, sans compter le temps nécessaire pour obtenir une consultation avec un médecin spécialiste du sommeil. Le processus total dure autour de deux ans. Pour gagner du temps, on peut aller du côté du privé, si l’on a 300 $ à 600 $ à notre disposition.
L’autre enjeu, c’est que le traitement le plus efficace est l’utilisation, la nuit, d’un appareil à pression positive continue, connu sous le nom de CPAP, muni d’un tuyau relié à un masque. Or, l’appareil et l’encadrement nécessaire pour s’en servir peuvent coûter entre 1 500 $ et 2 200 $, montant qui n’est pas remboursable par la Régie de l’assurance maladie du Québec. Il faut savoir que la majorité des provinces canadiennes disposent d’un programme de soutien pour l’achat de cette machine. Un tel programme était en vigueur au Québec avant d’être coupé, au début des années 2000.
Aux yeux du Dr Poirier, l’apnée du sommeil est un parent pauvre de notre système de santé. « Une partie de la population est somnolente, voire dangereuse, mais n’a tout simplement pas accès aux examens et aux traitements », déplore-t-il.
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Vrai ou faux ?
- Le ronflement est un symptôme de l’apnée du sommeil.
- 50 % des personnes déprimées souffrent d’apnée du sommeil.
- L’apnée du sommeil non traitée double le risque d’être impliqué dans un incident de la route.
- Le risque d’être atteint d’apnée du sommeil est de 75 % après 80 ans.
- L’adoption de saines habitudes de vie est bénéfique après un diagnostic d’apnée du sommeil.
Réponses
- On peut ronfler sans faire de l’apnée du sommeil ou faire de l’apnée du sommeil sans ronfler.
- Les symptômes de l’apnée du sommeil sont souvent confondus avec ceux de la dépression.
- Ceci est dû à la diminution de l’attention et de la vigilance.
- Il est de près de 100 %, en raison du vieillissement et de la prise de poids.
- Il est entre autres recommandé de maintenir un poids santé, de cesser de fumer et de faire de l’exercice régulièrement.