Introduit aux Jeux olympiques de Calgary en 1988, le pas de patin a révolutionné la pratique du ski de fond. Trois décennies plus tard, cette technique demeure cependant l’apanage d’une certaine élite sportive, alors que le pas de patin est plus accessible qu’on le croit. Pourquoi ne pas essayer de patiner sur la neige?
Je suis un amoureux du ski de fond depuis ma tendre enfance et pendant des décennies, j’ai toujours considéré la technique du pas de patin comme une extension inutile de cette discipline. J’éprouve déjà un plaisir incommensurable à glisser sur la neige à la manière de Jackrabbit, en utilisant le pas alternatif. Alors pourquoi devrais-je m’acheter un 2e équipement et apprendre une nouvelle technique en vue de profiter de l’hiver?
Mais voilà, j’ai tenté le diable par acquit de conscience, croyant que ça ne serait qu’un flirt temporaire. En février dernier, j’ai suivi un cours privé d’une heure de skating avec Judith Cotton-Montpetit, coordonnatrice de l’école de Ski Montagne coupée, réputé centre de Saint-Jean-de-Matha, dans Lanaudière. Grâce à ses judicieux conseils, j’ai maîtrisé rapidement la base. Surtout, j’ai vécu un coup de foudre pour le pas de patin, malgré mes cuisses et mes bras qui brûlaient sous l’effort considérable qu’exigent les montées après une sortie de 10 km. De retour à la maison, je me suis mis à chercher les aubaines sur internet. Je voulais un équipement le plus vite possible. Aubaines que je cherche encore…
Engouement chez les 50 ans et plus
Je ne suis pas le seul à tomber en amour avec le pas de patin après un seul essai. Dominic Guay, 51 ans, qui habite dans le quartier Montcalm à Québec, a un parcours comparable au mien. Il a acquis un équipement de skate juste après la pandémie et depuis, cet homme d’affaires ne rate plus une occasion de patiner sur la neige. « J’aime l’intensité du pas de patin. On se vide complètement lors d’une sortie d’une heure, comme si on allait dans un gym. Pour un gars comme moi qui aime avoir chaud et avoir un bon retour sur l’investissement lors d’un entraînement, c’est l’exercice parfait », dit cet ancien marathonien, qui assouvit sa passion sur les pistes des plaines d’Abraham, à un jet de boule de neige de sa maison. Depuis, il a aussi converti sa conjointe à la technique popularisée par le Finlandais Pauili Siitonen.
Le pas de patin intéressera davantage les gens qui préfèrent l’intensité à une pratique plus contemplative. Michel Ledoux, 66 ans, instructeur de ski de fond depuis des décennies, explique qu’il est impossible de faire une sortie « pépère » en pas de patin, contrairement au style classique, où l’intensité varie grandement en fonction du fondeur. « Le skating est plus cardio et sollicite beaucoup plus le haut du corps, notamment les abdominaux. Il faut toujours garder un effort minimal pour conserver le mouvement de glisse », avance-t-il.
Depuis quelque temps, ce fondeur constate un grand engouement des 50 ans et plus pour le pas de patin, car les gens de cette génération cherchent encore à repousser leurs limites. « Comme on dit souvent, les sexagénaires sont les nouveaux jeunes », dit l’instructeur de ski.
L’un des grands plaisirs du pas de patin, c’est la vitesse. « À une température de -5 degrés Celsius, je glisse deux fois plus vite en pas de patin qu’en classique », dit ce fondeur devant l’éternel, qui a adopté la technique du pas de patin dès son apparition sur la scène mondiale. Seul bémol, il s’agit d’un sport essentiellement solitaire. La conversation s’avère difficile en glissant sur la neige comme un train.
Les premiers pas
Bien qu’il s’agisse dans les deux cas de ski de fond, les équipements pour le pas classique et le pas de patin ne sont pas les mêmes. En skating, les skis sont plus fermes et plus courts et ne possèdent pas de zone dédiée à l’application de cire d’adhérence. Fini le fartage avant les sorties! Quant aux bottes, elles possèdent une semelle plus rigide et comptent sur une petite armature pour soutenir la cheville. Les bâtons sont également plus longs et plus rigides. Bref, impossible de récupérer une partie de l’équipement du pas classique pour le pas de patin. Le prix? « Vous devez débourser au minimum 800 $ pour un équipement complet », affirme Gilles Labre, propriétaire des boutiques Courir, qui se spécialisent en ski de fond en hiver. Michel Ledoux vous recommande fortement de visiter une boutique spécialisée pour choisir le bon équipement adapté à votre poids et votre taille.
Un peu de technique
Avant de s’élancer sur les pistes damées, les néophytes devraient suivre au moins un cours de base. Ma monitrice Judith Cotton-Montpetit déplore que beaucoup de fondeuses et fondeurs pratiquent le pas de patin sans avoir suivi de formation. « Ces gens-là compensent leur mauvaise technique en poussant plus fort, hypothéquant leur énergie. Ça se voit tout de suite », soutient cette passionnée. Tant qu’à vous lancer, faites-le comme il le faut. Michel Ledoux et Judith Cotton-Montpetit expliquent qu’un seul cours privé vous lancera sur de bonnes bases. « Puis on reprend un autre cours après quelques sorties pour affiner la technique », dit Michel Ledoux, qui enseigne le ski de fond depuis plus de 40 ans. D’ailleurs, la plupart des centres de ski possèdent des listes de personnes qui donnent des leçons privées ou semi-privées.
De nombreux centres de ski font également la location de skis pas de patin, comme c’est le cas à Ski Montagne coupée (location à 30 $ pour la journée). Il est donc possible d’expérimenter cette technique avant d’acheter un coûteux équipement qui prendra la poussière. Dans ce cas, contactez-moi, je cherche un équipement pas cher!