Michel Charette : sur son X

Conscient d’être dans une période particulièrement faste, Michel Charette enchaîne les projets avec, au cœur, le sentiment d’être privilégié. Et pour cause ! À 52 ans et avec 30 ans de métier, l’acteur ne cesse de jouer et de se renouveler. Il s’apprête à s’installer derrière le micro à Rouge FM tout l’été et prépare son premier spectacle solo en carrière.

District 31, Le bonheur

Ces dernières années, le grand public a apprécié Michel Charette dans District 31, l’un des plus grands succès de la télé des dernières années. Le projet, qui s’est terminé ce printemps, impose un deuil avec lequel l’acteur compose bien.

« On nous a annoncé d’avance la fin du projet, explique-t-il. Nous avons eu le temps de décanter. Dans ce métier, nous sommes habitués à faire des deuils. Un projet comme celui-là, ça ne se présentera peut-être plus dans ma vie. De belles amitiés se sont créées : Vincent-Guillaume (Otis) est devenu un grand ami, Sébastien (Delorme) et Gildor (Roy), des buddies ».

Autre succès de la dernière année : la série Le bonheur. « C’est un peu trash, admet l’acteur, mais la réponse a été au-delà des attentes. On atteignait 1,3-1,4 million de personnes ! Je lis actuellement la deuxième saison : on ouvre la machine encore plus et c’est tant mieux. Au Québec, il y a de la place pour des séries un peu plus mordantes. »

Pour la saison estivale, Michel a accepté un nouveau mandat à la radio de Rouge FM, aux côtés de sa complice de longue date, Jessica Barker. « Nous serons en ondes de 16 h à 18 h. Sur 30 vies, nous formions un couple très populaire. Nous rêvions de faire de la radio ensemble. L’occasion nous est donnée. À chaque semaine, nous aurons un coanimateur différent : un acteur, un humoriste, un sportif. Nous voulons que les gens s’amusent, qu’ils apprennent des choses. »

Du théâtre au programme

Également auteur de théâtre, en collaboration avec François Chénier, il nous présentera à compter du 17 juin le fruit de son travail : la pièce À l’institut, au Théâtre des Hirondelles, à Saint-Mathieu-de-Beloeil. « Ça se passe dans un institut psychiatrique, explique-t-il. Mon film préféré – et de loin ! – est Vol au-dessus d’un nid de coucou. Avec François, avec qui je travaille depuis 30 ans, je voulais écrire une comédie sur ce thème. Nous suivrons donc Jean-Guy Gagnon, un bipolaire qui vit sur la rue et qui est admis en institut. Le but, ce n’est pas de rire de cette situation, mais de faire une fête. Les séances de thérapie sont vraiment drôles… Nous nous sommes entourés d’acteurs de talent : Henri Chassé, Stéphane Jacques, France Parent, Marc St-Martin et Joëlle Paré-Beaulieu. »

À l’hiver 2023, Michel partira en tournée avec Le vrai monde, de Michel Tremblay, qui a été présentée au Théâtre du Rideau Vert. L’été suivant, c’est en France qu’il se rendra pour faire vivre cette production. « Nous jouerons à La Cartoucherie, à Paris, dit-il. C’est bien excitant ! Peut-être qu’après, ma famille viendra me rejoindre et que nous irons nous promener. »

Une période heureuse

Conscient de la fragilité de ce métier de pigiste, l’acteur saisit toutes les occasions. « J’en profite, car tout peut s’arrêter demain matin. Je suis dans une bonne période. Cette année, je célèbre 30 ans de carrière. Nous allons souligner le 25e anniversaire des Boys. J’ai fait Ladies night pendant 15 ans, Watatatow 5 ans, Radio Enfer 4 ans. Je suis privilégié, car je n’ai jamais manqué de travail. En me levant chaque matin, je me dis que des milliers de personnes voudraient être à ma place… »

Avec l’expérience, il sait très bien que le succès est relatif et que dans ce métier, le défi est de durer. « J’ai grandi dans une ruelle à Montréal. Ma mère m’a toujours dit : « Ne fais pas ton acteur ! » Gildor m’a aussi donné un précieux conseil : « Ne fais jamais chier personne ». Ce n’est pas dans ma nature. Je reste conscient que c’est un travail d’équipe : le technicien est aussi important que l’acteur. »

Un retour d’ascenseur

À 52 ans, Michel n’a jamais été aussi en forme physiquement et mentalement. « Je suis à une place où tout acteur rêve d’être. Je profite de la vie. J’ai du plaisir, j’ai de beaux projets, des gens me font confiance. Mes enfants vieillissent. Ma fille a 12 ans, mon fils a 8 ans. Ma blonde est retournée aux études à temps plein en droit. Cela exige de la gestion. Elle s’est occupée de la maisonnée et des enfants. Maintenant, c’est à son tour. Je lui ai dit que lorsqu’elle réussira son barreau, c’est moi qui resterai à la maison… (rires) Vraiment, tout va bien. Je n’ai aucune raison de chialer… »

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Dans la mire : un premier spectacle solo

Au printemps et à l’été 2024, Michel rodera son premier spectacle solo, qu’il nous présentera l’automne suivant, une production de ComédiHa ! « Je ne deviens pas humoriste, je reste un acteur. Tout partira de moi, mais je veux raconter une histoire. Je veux laisser place à l’improvisation. »

Ce qui l’effraie le plus, c’est de se retrouver seul, sur scène, car il a toujours travaillé en gang. « Je pense avoir un bon sens du timing et du punch. François Chénier va faire partie du processus du début à la fin. Je suis un gars rigoureux, alors je compte travailler fort… »

Photo : Éric Myre – Maquillage : Émilie Labellevie