« Ma responsabilité première : continuer d’évoluer »

La pandémie a été un temps de réflexion pour France Castel. À 77 ans, l’actrice a pris le temps de se poser et de prendre plusieurs décisions qui ont eu un bel impact sur va vie. Parmi elles, s’installer à la campagne à temps plein avec son amoureux.

Un grand retour au petit écran

À la rentrée, France a effectué un grand retour au petit écran dans Nuit blanche, une saga familiale diffusée sur ICI Radio-Canada. « Je meurs très tôt dans la série, mais il y a plusieurs retours dans le temps, explique-t-elle. Je sens le devoir de rester présente pour représenter mon groupe d’âge : il faut qu’on existe. Nous avons besoin d’être représentés. »

L’actrice à la voix singulière fait aussi du doublage pour L’Agent Jean et des apparitions sur différents plateaux de télé. « Je fais plein de trucs, mais pas de gros projets en arts vivants, dit-elle. Je devais faire une tournée, mais j’ai annulé. Je devais faire partie de Lysis au TNM, mais comme la pièce a été reportée à cette année, j’ai aussi annulé. À mon âge, je ne souhaite pas faire de tournée durant l’hiver. J’ai envie d’être cohérente. Je pense que je mérite ça ! »

La pandémie a eu du bon pour France. « Elle m’a donné le temps de réfléchir et de sentir vraiment ce qu’il me reste à faire. À 77 ans, il faut se demander ce qui est important pour nous. Des raisons personnelles ont aussi influencé mes choix. Mon frère est mort et j’ai perdu plusieurs personnes durant la pandémie… »

Changement de décor

Montréalaise depuis des décennies, France avait aussi une maison à la campagne où elle a choisi de s’installer pour de bon avec son amoureux. « Nous avons vendu notre propriété à Montréal, confirme-t-elle. Je vis maintenant à la campagne. Chawki et moi y pensions déjà, mais la pandémie a précipité les choses. »

Pour eux, vivre à Montréal devenait de plus en plus essoufflant. Nous avions toujours hâte de nous réfugier à la campagne. Nous nous sommes demandé si à 77 ans, nous avions le courage et la santé nécessaires. Finalement, nous avons fait le saut. »

Faire le ménage pour ne garder que l’essentiel a été un grand exercice. De sa carrière, elle n’a conservé que l’essentiel pour ses petits-enfants, notamment des photos.

« Ça m’a rappelé ma mère qui, au moment d’aller dans une résidence privée, avait rassemblé les étapes importantes de sa vie dans un seul album photos. Même chose avec ses vêtements. J’avais trouvé ça formidable qu’elle soit capable de se détacher ainsi… »

Ce qui compte vraiment

Au cours de ses réflexions pandémiques, l’actrice a choisi d’explorer une nouvelle manière de faire. « J’ai envie de me sentir bien. J’ai le luxe de pouvoir le faire parce que je vis simplement. Je peux rester à la campagne, mais j’ai toujours en moi ce désir de servir à travers mon métier. Je compte me donner la possibilité de sentir ce qui est important pour moi et de dire oui à ce qui m’appelle vraiment. »

Pour elle, il est de plus en plus clair qu’on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. « J’avais un petit frère. Il est mort alors qu’il n’avait pas 73 ans… Nous étions huit chez nous, nous sommes maintenant quatre. Ça fait réfléchir… Ma sœur s’est fracturé une hanche. Je sens que la vie déboule… »

Elle note que les situations de la vie sont imprévisibles. « On ne sait jamais ce qui nous pend au bout du nez. Comme en temps de pandémie, il faut s’adapter et répondre à ce qui nous parle le plus. Personnellement, je compte voir mes enfants et mes petits-enfants. »

Un bel équilibre

Parmi ses objectifs personnels, France cherche encore et toujours à s’améliorer. « Je veux continuer à vibrer, à aider là où je peux le faire, mais en ne me perdant pas de vue. Cela implique de respecter ma responsabilité première qui est de continuer d’évoluer et de devenir une meilleure personne. »

Celle dont on a souvent évoqué l’intensité semble avoir trouvé un bel équilibre avec le temps. « J’ai réussi, avec tous les moyens que j’ai dû prendre et que la vie m’a donnés, à m’équilibrer. Souvent, on associe l’équilibre à une forme précise alors qu’il ne prend pas le même visage pour personne. Quoi qu’il en soit, je crois qu’on peut parvenir à s’harmoniser. Mais en ce qui concerne l’intensité, c’est quelque chose qui ne me quittera probablement jamais… » (rires)

Une mise au point nécessaire

« Avec le temps, on peut juste apprendre à mieux se gérer, poursuit-elle. Je crois qu’on peut changer nos comportements, mais pas ce qu’on est fondamentalement. Si je n’avais pas changé certaines habitudes, je ne serais pas là aujourd’hui à discuter… Mais ce qu’on est intérieurement peut grandir, s’améliorer, devenir plus lumineux. »

France, qui est une adepte de la marche, se sent choyée d’être en santé. « Mais la santé mentale en a pris un coup !, admet-elle. J’ai dû faire un tune-up et rappeler Nicole, ma psychologue, pour jaser un peu lors de quelques séances virtuelles. Ça m’a permis de me remettre à jour. Ça n’était pas évident de faire face à l’anxiété et à toutes sortes de finalités. Malgré tout cela, j’ai quand même été chanceuse… »

Photo : Andréanne Gauthier