L’incroyable expérience du canot à glace

Quand on vous dit que vous en parlerez à vos petits-enfants, avec le canot à glace, c’est vrai ! On en revient avec le sentiment d’avoir pris part à une activité unique au monde !

Il règne un calme étrange. Debout sur une petite banquise qui dérive au beau milieu du fleuve Saint-Laurent, je sirote mon chocolat chaud et je savoure un brownie d’enfer en contemplant le cap Diamant, les falaises de Lévis, le pont de Québec et, au loin, le mont Sainte-Anne, derrière l’île d’Orléans. Le froid n’a aucune prise sur moi. Les autres participants blaguent avec les guides. Tout le monde est détendu et heureux d’être là. Là où pratiquement personne ne va.

Puis, à la demande de Julien Harvey, fondateur de Canot à glace expérience, chacun retourne à sa place, un genou dans le canot, un pied sur la glace, et attend le signal pour remettre le canot à l’eau et poursuivre cette aventure de quelques heures.

Passionnés de père en fils

Julien Harvey est un passionné de son sport, qu’il a commencé à pratiquer à 19 ans, sur un coup de tête. « Je suis arrivé au quai du bassin Louise en jeans, dit-il. Il faisait un froid glacial. Au retour, j’ai dû me dégeler dans la douche. Mais l’étincelle s’était produite et je n’ai jamais cessé depuis. »

Notre homme fait du canot de compétition depuis plus d’une douzaine d’années, tout comme son père et son grand-père, qui ont écumé avec un prestige certain le circuit professionnel à Québec, Montréal, l’Isle-aux-Coudres, Rimouski, Toronto et jusqu’à Saint-Jean, Terre-Neuve. La famille participe aux courses du Carnaval de Québec depuis les années 1950. L’idée de partager cette passion avec le grand public a germé juste avant la pandémie.

Un sport extrême ? Pas du tout !

« J’ai des clients de 12 à plus de 70 ans, précise-t-il. Deux de mes guides ont 70 ans bien sonnés et la moitié sont des femmes. Vous êtes minimalement en forme ? Vous pouvez faire du canot à glace ! Malgré les apparences, ce n’est pas un sport extrême. »

Julien Harvey admet que vous sortirez de votre zone de confort. Car on glisse sur le fleuve et sur les glaces, dans un environnement hostile, spectaculaire, inusité. « Les néophytes vivront un petit trac avant la descente à l’eau, une sorte d’appréhension, commente-t-il. Mais dès qu’on est sur le fleuve, ça se dissipe. Car on n’arrête pas de bouger… »

À part les cargos et les brise-glace, on se retrouve seuls sur le Saint-Laurent, dans un environnement glacé qui change constamment, avec des sons très particuliers, comme ceux des rames, des crampons ou du canot qui raclent la glace.

On passe aussi d’un moment d’assez forte adrénaline à un autre de contemplation, lorsqu’on hisse le canot sur une petite banquise, pour se laisser dériver dans un paysage démesuré et étonnamment calme. « Les gens réalisent soudainement qu’ils marchent sur la glace au milieu du fleuve, ajoute Julien Harvey. C’est magique ! »

Ça remonte à loin

Le canot à glace remonte pratiquement à la Nouvelle-France. Avant que ne soit bâti le pont de Québec, en 1904, les ponts de glace ne se formaient qu’à tous les cinq ans en moyenne. Le courant, le comportement des glaces et les marées compliquaient la traversée, même après l’apparition des brise-glace à vapeur, à la fin des années 1980. La traversée en canot est alors devenue la chasse gardée d’une poignée de familles.

C’était un métier dangereux, pratiqué avec des canots de bois (et non de fibre de verre et de carbone comme aujourd’hui). Cette activité a conservé son caractère artisanal, car l’équipement est encore fabriqué à la main.

Tout équipé… et au chaud !

Lors de l’initiation au canot sur glace, Julien et ses acolytes (il y a cinq canotiers par embarcation, dont deux ou trois guides selon les groupes) offrent une petite séance de formation sur la terre ferme. Puis, on passe à l’action, après avoir enfilé des bgas de laine, des chaussures en néoprène, des crampons, des jambières et une veste de flottaison fournis par Canot à glace expérience.

Je n’ai jamais eu froid, même quand j’avais les pieds carrément dans l’eau ou sur la banquise. J’en retiens un moment unique, emblématique de notre nordicité.

Infos

La mise à l’eau se fait à l’Anse-au-Foulon, boulevard Champlain, à Québec. De décembre à la mi-mars ou à la fin avril, selon la saison. Réservation obligatoire. canotaglaceexperience.ca, 418 554-5691.

***

D’autres activités hivernales hors du commun

  • Luge au Massif de Charlevoix

Vous glissez pendant deux heures avec une luge individuelle « traditionnelle » sur une piste de 7,5 km dans des paysages époustouflants, à partir du sommet de la montagne à Liguori, de jour ou de soir. Possibilité de s’y rendre en chenillette ou en raquettes. lemassif.com/fr/luge, 1 877 536-2774.

  • Escalade de glace à la Montagne d’argent

On peut faire de l’escalade de glace un peu partout au Québec, notamment au Parc d’escalade et de randonnée de la Montagne d’argent de La Conception, dans les Laurentides. L’activité s’adresse à tous, pourvu que vous ayez une masse corporelle normale. Le matin, on vous offre une formation technique. L’après-midi, vous vous retrouvez dans les cordages, sur la glace, en compagnie des guides. L’équipement est fourni. À noter : le site comprend 16 km de sentiers de raquette. montagnedargent.com, 819 430-8169. Ailleurs au Québec : aventurequebec.ca/fr/escalade-de-glace

Photo : Julien Harvey