Le phénomène Cyril

Vous ne le connaissez peut-être pas. Mais faites le test auprès d’un adepte de la pêche. Dites seulement son prénom, Cyril, et je vous garantis que ses yeux deviendront ronds comme ceux d’un poisson. Car Cyril Chauquet, vedette de l’émission numéro un du Canal Évasion, Mordu de la pêche, c’est le copain de chaloupe dont tous les pêcheurs rêvent, leur idole, leur modèle. Et pour cause : ce passionné élève la pêche au rang de sport par des histoires de pêche absolument invraisemblables mais néanmoins vraies… images à l’appui !

« Le concept de mon émission est né de ma frustration que mon activité soit vue comme quétaine. Pourtant, j’ai fait de la compétition en snowboard et bien des activités extrêmes mais la pêche est celle qui me procure le plus de sensations et d’adrénaline. C’est ça que je veux transmettre dans mes émissions », dit celui qui est le producteur des émissions dont il est la vedette, ce qui fait de lui le dirigeant d’une PME employant 15 à 20 collaborateurs, ayant pignon sur rue à Montréal.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’adrénaline passe. Brésil, Tahiti, Chili, Costa Rica ou Québec, il propose une expérience complète : de la pêche, bien entendu, mais aussi la découverte des gens, de la culture, de la nourriture. Est-il d’abord un aventurier ou un pêcheur ? « Autant l’un que l’autre, en fait. J’aime avoir la sensation d’être dans des endroits qui n’ont jamais été explorés. Mais ce qui me pousse à y aller, c’est la pêche. »

En amour avec les poissons

Une conversation avec Cyril, c’est comme un accéléré de ses émissions : une suite incroyable d’anecdotes de pêche, mimées à grands renforts de gestes et d’éclats de voix. Aucun doute possible, il est mordu. Il aime tant les poissons, en fait, qu’il les embrasse… puis les laisse filer.

« J’ai toujours été comme ça : j’ai envie de pleurer si je vois un poisson crever dans le fond d’une chaloupe. Je veux pêcher mais pas tuer ni vider les cours d’eau. C’est pour ça que je suis un adepte de la remise à l’eau, une pratique de plus en plus courante, surtout parmi la génération montante de pêcheurs. » 

Québécois d’adoption depuis dix ans, ce Français a choisi de vivre ici notamment en raison de la qualité de la pêche qu’on y pratique. Aussi, son amoureuse, Stéphanie, est québécoise et ils ont choisi d’élever leur fillette ici.

« En France, on est chanceux si l’on pêche un ou deux brochets dans une journée. Ici, on peut en prendre 15 ou 20 », fait remarquer celui qui adore plus que tout la sensation de la touche, qui lui fait crier : « Fish on ! »

Des tournages fous, fous, fous !

Son passeport canadien, Cyril s’en sert souvent. Très souvent. Il est à l’extérieur près de la moitié du temps, en tournage ou en voyage (de pêche). « Chaque épisode de 30 minutes nécessite 20 heures de tournage réparties sur six à sept jours de travail, sans compter les déplacements. » Ce rythme est d’autant plus essoufflant et stressant qu’il tourne tour à tour en français et en anglais, son émission étant diffusée dans plusieurs pays d’Europe mais aussi aux États-Unis et au Canada anglais, sous le nom Fishing Adventurer.

Son rêve : poursuivre l’aventure Mordu de la pêche, mais avec encore plus de moyens techniques. Il aimerait aussi tourner un documentaire sur la nature et aborder alors les ravages causés par la surpêche commerciale. Autre idée : un concept associant pêche et cuisine, avec un chef différent à chaque épisode.

Risques calculés ?

Aujourd’hui, on le reconnaît dans la foule, même sans ses habituels vêtements et casquette kaki. Il se prête volontiers aux séances de photos et de signatures partout où il passe et se nourrit de la vague de J’aime qui suit l’affichage de chaque nouveau trophée de pêche sur les médias sociaux. Aux yeux d’un nombre grandissant d’adeptes, il est LE pêcheur sportif par excellence.

« Je suis téméraire, un peu débile même, mais je prends uniquement des risques calculés », affirme-t-il. Puis, il raconte cette aventure, au Brésil, au cours de laquelle il a plongé au beau milieu d’un banc de quelque 5000 piranhas afin de décrocher son fil pris dans une branche immergée, au bout duquel se débattait toujours un tucunaré (peacock bass) de 20 lb, le poisson d’eau douce qui procure selon lui le meilleur rendement poids/puissance. Il a finalement sorti la bête, l’a embrassée devant la caméra et remise à l’eau.

Son sourire lorsqu’il termine cette histoire me confirme que sa vision des risques calculés est nettement différente de la mienne…

 

Le palmarès du mordu

Son plus gros poisson : « Un marlin de 800 lb pêché au Costa Rica. »

Son plus grand défi en pêche : « Capturer une grosse truite en eau claire, quand je la vois et vice-versa. C’est extrêmement technique ! »

Son espèce préférée à pêcher : « J’aime bien l’achigan à petite bouche, que j’ai découvert au Québec. Tout dépend du contexte, en fait. Par exemple, pêcher un énorme brochet à la mouche, en eau claire, est vraiment excitant ! »

Ses leurres favoris : « Pour l’achigan, le brochet et le maskinongé, j’y vais avec un spinner bait. Pour le doré, avec un jig et pour la truite, avec une cuiller tournante. »

Ses meilleurs endroits de pêche au Québec : « Pour la truite en lac ensemencé : la Mauricie et Lanaudière ; pour la truite sauvage : la Baie James et la Côte-Nord ; pour le brochet et le doré : la Baie James ; pour le saumon : la Gaspésie et la Côte-Nord ; pour la pêche en mer : le sud de la Gaspésie où, grâce à des efforts de la Fédération des pêcheurs et chasseurs du Québec, on peut à nouveau s’adonner à la pêche sportive au bar rayé, une espèce qui avait été décimée par la surpêche commerciale. »

Ses meilleurs endroits de pêche sur la planète : « En eau douce, le Québec est dur à battre. En mer, il y a de fabuleux endroits accessibles, notamment à Cuba et en Amérique centrale. »