Le cancer colorectal sous la loupe

Juste un autre article sur un autre type de cancer qui ne vous concerne pas ? Détrompez-vous ! Vous avez tout avantage à vous renseigner sur le cancer colorectal. Trois arguments : il arrive bon 3e parmi les cancers les plus diagnostiqués, bon 2e parmi les cancers les plus meurtriers et, dans près de 90 % des cas, il peut être traité de façon efficace s’il est découvert au stade précoce par coloscopie.

Dépister, dépister, dépister

Ce n’est pas étonnant que le verbe « dépister » revienne constamment dans la bouche de Céline Blouin, infirmière spécialisée en oncologie à la Ligne Info-cancer (1 800 363-0063) de la Fondation québécoise du cancer.

« Il est recommandé, de 50 ans à 74 ans, de se soumettre tous les deux ans à un test de dépistage sous forme d’analyse des selles, au moment du bilan de santé demandé par le médecin par exemple. Ce test a pour but de vérifier s’il y a des saignements dans le tube digestif. Si du sang microscopique est décelé, le médecin prescrira une coloscopie », explique Mme Blouin. Elle précise que le suivi sera plus serré, et démarrera souvent dès l’âge de 40 ans ou même avant, en présence d’antécédents familiaux de cancer colorectal.

L’infirmière admet que la préparation en vue du test et la coloscopie elle-même sont plutôt désagréables, bien que peu douloureux. Mais elle insiste sur l’importance de subir le test si le médecin l’a prescrit. En effet, faire preuve d’insouciance ou encore céder à la peur du test lui-même peut entraîner des conséquences sérieuses.

« La coloscopie permet de détecter et d’éliminer des polypes, soit des cellules précancéreuses. Si l’on ne subit pas le test, les polypes peuvent se transformer en cancer. Il faut savoir que dans le cas d’un cancer colorectal métastatique, le taux de survie est de 18 à 24 mois », prévient-elle. Le pronostic est meilleur si le cancer n’est pas métastatique.

Le délai varie d’une région à l’autre, mais l’infirmière estime qu’avec les retards engendrés par la pandémie, il peut s’écouler entre quelques semaines et quelques mois entre le moment où le médecin prescrit la coloscopie et celui où l’examen pourra avoir lieu.

Connaître les facteurs de risque

Qu’est-ce qui nous prédispose au cancer colorectal ? Les antécédents familiaux de cette maladie pèsent dans la balance, surtout si au moins deux proches parents ont reçu un diagnostic de la maladie ou s’il n’y en a qu’un, mais que son diagnostic a été posé avant 50 ans. Un syndrome héréditaire prédisposant au cancer colorectal ou aux polypes peut aussi être en cause.

Le risque est également accru chez les personnes atteintes d’une maladie inflammatoire chronique, sauf le syndrome du côlon irritable.

Aussi, plus on avance en âge, plus on est susceptible d’avoir un cancer colorectal. La majorité des gens ont 50 ans ou plus au moment de recevoir un diagnostic. Cependant, ce cancer est de plus en plus courant chez les personnes plus jeunes.

Par ailleurs, contrairement à la croyance populaire, le cancer colorectal touche presque autant les femmes que les hommes. C’était différent il y a quelques décennies, alors que la maladie frappait bien davantage les hommes que les femmes.

La solution : prévenir

Le cancer colorectal est traitable et guérissable, dans la plupart des cas. Il est aussi évitable. Comment faire pour le prévenir ?

L’adoption d’un mode de vie sain est la clé. Cela veut dire être actif, maintenir de bonnes habitudes alimentaires, adopter une consommation d’alcool modérée, ne pas fumer et conserver un poids santé. Enfin, prévenir, c’est demander à passer un test de dépistage dès l’âge de 50 ans.

À quand un programme provincial ?

Le mot de la fin appartient à Barry Stein, président de Cancer colorectal Canada (colorectalcancercanada.com/fr) : « C’est urgent que le Québec emboîte le pas à toutes les autres provinces canadiennes qui ont déjà leur programme de dépistage provincial du cancer colorectal. Cela se traduirait entre autres par l’ajout de ressources pour faire des coloscopies et par une campagne de sensibilisation axée sur les symptômes de cette maladie. »

***

Des symptômes à avoir à l’œil

  • Sang dans les selles
  • Douleurs abdominales persistantes (p. ex. sensation de pesanteur, ballonnements, crampes ou gaz…)
  • Sensation de pesanteur, comme si les intestins n’étaient jamais vidés
  • Perte de poids
  • Changements dans les selles (diarrhée ou constipation)
  • Changements dans la forme ou la taille des selles (p. ex. selles plus étroites)