Patrick Norman : la chance d’être aimé… depuis 50 ans

Jusqu’au 19 décembre, une exposition sur les 50 ans de carrière de Patrick Norman se tient au Musée de la photographie Desjardins de Drummondville. Cette rétrospective permet à l’auteur-compositeur-interprète d’effectuer un magnifique voyage dans le temps et de dresser un bilan des plus positifs de son parcours.

50 ans d’amour

Malgré une carrière d’exception, Patrick Norman en convient : il n’aurait jamais cru qu’on lui consacrerait un jour une exposition dans un musée, un honneur qu’il reçoit avec beaucoup d’humilité.

« Je n’aurais jamais imaginé voir ça de mon vivant, dit-il. Cet exercice m’a plongé dans mes boîtes et par le fait même, dans mes souvenirs, mes bons coups et mes tourmentes. Ça m’a rappelé que j’ai eu une vie riche à plusieurs égards. Cet amour perdure depuis 50 ans… » Par reconnaissance envers le public, il a même décidé d’offrir aux 5 000 premiers visiteurs son album intitulé Après la tombée du rideau.

« L’exposition débute avec une photo de moi, à l’âge d’environ 16 ans, en train de jouer de la guitare électrique avec mon père, poursuit-il. Il m’accompagne sur un ampli Gibson que j’aimerais tellement retrouver ! À plusieurs reprises, les photos m’ont ému ! On revisite ma carrière par décennie : les années cinquante, soixante, etc. En visitant l’exposition, j’ai vécu un vrai voyage dans le temps ! Je tiens à souligner le travail exceptionnel qui a été fait. J’ai été renversé de voir ce qui a été accompli ! »

Un beau bilan

Conscient d’avoir le privilège de vivre de sa passion, Patrick se sent béni d’avoir été un élu dans ce métier où ils sont peu nombreux… Il nuance, toutefois, ayant en mémoire une période plus difficile de sa vie professionnelle.

« À mes débuts, j’ai été un peu regardé de haut, se souvient-il. On me refusait des engagements, on me repoussait. Étant déjà atteint du syndrome de l’imposteur, cela a simplement renforcé mes convictions. Finalement, je suis passé au travers grâce au public qui aimait ce que je faisais et qui me réclamait. Je suis toujours resté près des gens. »

En 50 ans de carrière, les rencontres avec des idoles ont été parmi les moments les plus marquants pour Patrick. « Ça m’a donné des ailes, explique-t-il. J’ai rencontré des grands, dont Chet Atkins. J’ai aussi rencontré des inconnus, qui étaient de grands musiciens, et qui avaient su déceler chez moi un certain talent. Avec la musique, j’avais trouvé mon bonheur. Mais ces gens m’ont fait prendre conscience que je pouvais aller encore plus loin dans ce milieu. »

Patrick, qui vient d’avoir 76 ans, voit le temps accélérer. « Je suis à faire une tournée qui s’intitule Si on y allait, dit-il. Habituellement, une tournée dure de deux à cinq ans. Je me vois mal en préparer une autre par la suite… J’ai décidé d’en faire ma tournée d’adieu. »

Il confie vivre la vie d’un homme de son âge. « Les mouvements répétitifs nous rattrapent, à un certain moment. Dans mon cas, les épaules et les pouces sont douloureux. Je souffre d’arthrose. »

Plus il vieillit, plus il découvre qu’il y a urgence. « J’ai finalement trouvé la femme que j’aime et nous partageons un amour extraordinaire. Je vois les années passer à grande vitesse et je constate qu’il ne m’en reste pas beaucoup… »

Il faut dire que des événements ponctuels lui rappellent le caractère éphémère de la vie…

« Récemment, mon meilleur ami était heureux de m’annoncer qu’il avait droit à l’aide médicale à mourir. Ça m’a rentré dedans ! C’est le gars avec qui j’ai fait de la plongée, du vélo, du ski de fond, de la marche. Nous avons voyagé ensemble. C’est mon meilleur chum ! Je suis d’accord avec son choix, je suis fier de lui, mais ça me touche… C’est aussi ça vieillir…  »

De plus, le 2 avril dernier, c’était le 1er anniversaire du décès de sa mère. « Elle était née un 1er avril et elle est décédée le lendemain de son 101e anniversaire… Ma mère était un poisson d’avril. Elle nous a joué tout un tour ! Moi, je veux vivre longtemps, mais je ne veux pas vieillir longtemps. »

Par ailleurs, il est devenu arrière-grand-père depuis peu, un autre événement qui lui rappelle qu’il se dirige vers l’inévitable. « Je ressens une grande sérénité face à cette fin, mais ça me chagrine de penser que je devrai renoncer au bonheur que je vis en ce moment. Profiter de chaque instant, c’est la seule vérité… »

Pour en savoir plus, visitez le patricknorman.ca. On y trouve entre autres les dates de son spectacle ainsi qu’une boutique en ligne.