Pratiqué pour la perte de poids ou pour mieux gérer certains problèmes de santé, le jeûne intermittent gagne en popularité depuis quelques années. Présente-t-il de réels avantages pour les personnes aînées?
« Il faut toujours qu’il y ait un régime à la mode et il semblerait que pour beaucoup de gens, le jeûne intermittent soit en effet la saveur du jour! », atteste Caroline Tanguay, nutritionniste, diététiste et conférencière.
Qu’est-ce que le jeûne intermittent?
Le jeûne intermittent consiste à observer une alternance entre des périodes plus ou moins longues où il n’y a aucune prise de nourriture et d’autres pendant lesquelles on s’alimente. Selon plusieurs études, le jeûne peut avoir des bienfaits sur le fonctionnement cellulaire, la résistance à l’insuline, les processus inflammatoires, la réduction de la tension artérielle, le fonctionnement du système immunitaire et le maintien des capacités cognitives.
« On a par ailleurs remarqué que le jeûne pouvait contribuer à réduire le risque de maladies cardiovasculaires et de cancer, ajoute la nutritionniste. Il va également ralentir la poussée de l’organisme à vieillir, puis favoriser la réparation des dommages. Lorsqu’il jeûne, le corps comprend qu’il va manquer d’énergie et démarre l’utilisation des réserves énergétiques et de tous les mécanismes de maintenance et de réparation pour traverser une période difficile. »
Pour ou contre?
Caroline Tanguay précise que les études actuelles sur le jeûne intermittent portent davantage sur les adultes d’âge moyen que sur les personnes aînées. La spécialiste tient malgré tout à formuler certaines mises en garde. Les personnes à faible poids peuvent être à haut risque de dénutrition et de chutes. Celles qui sont carencées en nutriments devraient également s’abstenir. Les aînés s’exposent en outre à une baisse du système immunitaire, de la tension artérielle, de leur énergie et à une diminution de la densité osseuse et musculaire.
Dans un article qu’elle signe pour la Fondation AGES, la nutritionniste et auteure Louise Lambert-Lagacé exprime aussi des réserves au sujet de l’adoption du jeûne intermittent par les 70 ans ou plus. Elle explique que les personnes aînées ont des besoins élevés en protéines pour maintenir leur masse et leur force musculaire. « Or, il devient quasi impossible de répondre à de tels besoins en ne mangeant que deux repas par jour ou même en jeûnant deux jours par semaine », écrit l’auteure du livre Au menu des 65 ans et plus.
Couvrir ses besoins énergétiques
« Une personne aînée qui souhaiterait quand même expérimenter le jeûne intermittent doit d’abord s’assurer de couvrir ses besoins énergétiques minimaux au-delà du métabolisme de base et ne pas être en sous-poids. Il faut d’autre part qu’elle veille à combler ses besoins en vitamines et minéraux, qu’elle consomme des aliments sains et nutritifs — donc qu’elle évite les calories vides — et qu’elle soit suivie par une nutritionniste », souligne Caroline Tanguay.
À propos des effets amaigrissants, la nutritionniste tient à signaler qu’à l’exception des personnes qui ont l’habitude de beaucoup grignoter le soir, le jeûne intermittent permet rarement de perdre plus de 10 livres. « Souvent, après cela, le corps ralentit et on constate qu’il ne se passe plus rien en termes de perte de poids », commente-t-elle.
Trois types de jeûne intermittent
● Temps restreint. Il s’agit du jeûne à privilégier, car le plus facile à appliquer. La personne mange ce qu’elle désire en quantité et en qualité, mais uniquement pendant une période limitée dans la journée. Il peut être suivi tous les jours ou quelques jours par semaine.
● La méthode du 5 : 2. Elle consiste à ne pas s’alimenter deux journées par semaine non consécutives, ou très peu, soit un maximum d’environ 500 calories pour une femme et 600 calories pour un homme.
● Un jour sur deux. L’individu qui la pratique mange peu — moins de 600 calories par jour — ou pas du tout une journée sur deux.