Gregory, virtuose de l’intergénération

Peut-être est-ce la nuit blanche à célébrer après avoir remporté le trophée de la meilleure animation jeunesse pour l’émission Virtuose, au Gala des Gémeaux, mais en ce lundi matin ensoleillé, « Gregory » et « calme » peuvent cohabiter dans la même phrase. Tel un sage avant l’heure, il livre sa vision unique de la vie et révèle l’objectif commun de ses innombrables projets : faire le pont entre les générations.

« Je crois que la musique peut servir de trait d’union entre les générations. Virtuose en est un exemple, cette émission pour enfant étant massivement regardée par les 50 ans et plus. À 48 ans, je veux servir de lien entre ceux qui me précèdent et ceux qui me suivent, et les amener à la même table si possible. Pris individuellement, l’expérience et la richesse du passé, l’espoir et la foi du futur ainsi que le dévouement, la conviction et la persévérance du présent ne valent rien. Mais ensemble, ils constituent notre richesse, notre trésor », fait valoir Gregory Charles.

D’ailleurs, tous ses projets sont teintés de cette dimension intergénérationnelle car selon lui, une société qui ne s’occupe pas de ses aînés ni de ses enfants est une société en faillite.

Radio, télé, spectacles…

Au cours des prochains mois, Gregory sera très occupé. Rien de nouveau pour cet hyperactif, si ce n’est la responsabilité additionnelle de la gestion des productions dans lesquelles évolue cet homme-orchestre surdoué, doté d’une culture générale phénoménale.

« Novembre et décembre sont des gros mois pour Radio-Classique, nos radios à Québec et à Montréal, car le concept Les classiques des classiques n’est jamais aussi vrai qu’à Noël. De plus, il y aura la sortie d’un disque et quelques spectacles de Noël avec les jeunes de l’émission Virtuose et la première saison de la série télévisée Crescendo, une compétition entre ensembles vocaux de six écoles secondaires. Puis, en janvier, la deuxième saison de Virtuose sera en ondes. »

Gregory est également porte-parole de la Société des casinos, « un endroit où on mange bien, on joue bien, on se divertit bien et qui rapporte annuellement plusieurs centaines de millions de dollars à l’État. »

« Tous ces engagements ne m’empêchent pas d’avoir une belle vie de famille, de voir grandir ma fille et mon couple, de m’occuper de mes parents. » Il peut entre autres passer du temps de qualité avec sa fille tard le soir, quand son épouse est au lit. En effet, tout comme son père, Julia, quatre ans, se contente d’une poignée d’heures de sommeil par nuit !

« Comme disait ma mère…»

Avec Gregory, chaque valeur, chaque facette de la vie se résume en une phrase-clé, qu’il emprunte souvent à sa mère, son pilier, son modèle, celle qui lui a inculqué les principes d’une parfaite cohérence qui le guident aujourd’hui. Le mantra suprême, c’est cette directive en apparence toute simple, mais lourde de responsabilité : « Fais ce que tu as à faire ».

« Ma mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis 14 ans. Mes parents n’imaginaient pas ainsi la fin de leur vie et ça m’attriste profondément. Mais au final, ils ont fait ce qu’ils avaient à faire et le reste n’est pas si grave. Avec le candidat que j’étais, ils sont allés jusqu’au bout de leur énergie, de leur temps et de leur argent. D’ailleurs, ça m’embête que le concept de canonisation soit strictement réservé aux religieux, sans quoi mes parents seraient de parfaits candidats ! »

Malheureusement, Julia n’aura pas eu la chance de connaître sa mamie à son plus « rugissant ». C’est pourquoi Gregory a écrit le très touchant livre N’oublie jamais, paru en 2013, à la fois hommage pour la maman, souvenir pour la fille et thérapie pour lui-même. « Le geste de raconter ma mère à ma fille m’a permis de prendre la pleine mesure de l’amour que ma mère a éprouvé pour moi et, ainsi, d’aimer encore plus ma fille. »

L’amour, toujours l’amour

Le dévouement exceptionnel de ses parents lui a aussi appris qu’en faisant ce qu’on a à faire, on génère de l’amour. « C’est ça la justice des gestes qu’on pose; on crée quelque chose de magique. L’amour est une ressource extraordinaire. Quand il y en a assez, tu peux toujours y avoir accès pour faire avancer, créer, enjoliver, ensoleiller. Mes parents ont réussi à se construire un bunker d’amour. Aujourd’hui, ma relation avec mon épouse est semblable. »

L’amour est à ce point fondamental pour lui qu’il va jusqu’à affirmer ceci : « Tu n’es pas un être humain tant que tu n’as pas aimé quelqu’un ou quelque chose plus que toi-même. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est si important d’écouter les vieux : ils ont plus de chance d’avoir compris ça ! »

Noël chez les Charles

Gregory Charles appréhende un peu le temps des fêtes, en raison de la santé chancelante de ses parents. « Ma mère me disait de me réfugier dans la musique au besoin. Alors, j’ai composé une pièce, Décembre bleu, en pensant à tous ceux qui passeront leur premier Noël sans un proche. Je ne suis pas encore rendu là mais je trouve ça extrêmement émouvant. »

Gregory étant croyant et pratiquant, Noël revêt une signification particulière pour lui.  Cependant, alors qu’il n’avait pas de cadeaux à Noël étant petit, sa mère les jugeant futiles, Gregory peut confirmer avec certitude que ce ne sera pas le cas de la petite Julia…

 

Photos : Bruno Petrozza – Maquillage : Véronique Prud’homme