Gare à l’effritement des régimes de retraite !

Nouvelles balises des régimes complémentaires de retraite qui entachent les droits acquis des travailleurs, changements législatifs qui ne vont pas assez loin pour protéger les retraités, rente de longévité qui laisse à eux-mêmes les travailleurs de 65 à 75 ans, etc. Le Réseau FADOQ en avait long à dire lors de la présentation de son mémoire aux Consultations particulières sur le rapport D’Amours, le 22 août.

« Il y a bel et bien péril en la demeure en matière de régimes de retraite. Le rapport D’Amours s’intitule Innover pour pérenniser le système de retraite mais, dans les faits, les recommandations fragilisent l’ensemble des caisses de retraite. Quant aux retraités, ils demeurent sous-représentés et sous-consultés. Si l’on ne prend pas garde, une nouvelle classe de pauvres va voir le jour : les retraités floués », fait valoir Danis Prud’homme, directeur général du Réseau FADOQ.

Un Québécois sur deux environ dispose d’un régime de retraite avec son employeur. C’est donc la santé financière de la moitié des travailleurs actifs et retraités qui est en jeu et, par voie de conséquence, celle de toute la société, si les brèches dans les régimes de retraite que constituent certaines recommandations du rapport D’Amours deviennent réalité.

Les solutions FADOQ

Dans son mémoire, le Réseau FADOQ n’a pas seulement mis en lumière les failles du rapport D’Amours. Proactif, il a également proposé des solutions concrètes, dont certaines ont l’avantage de profiter aussi aux travailleurs qui ne bénéficient pas d’un régime de retraite. Cela s’impose, compte tenu notamment du sort réservé aux travailleurs d’expérience et de la piètre figure des Québécois en matière d’épargne-retraite.

Voici les recommandations FADOQ :

Bonification des cotisations à la Régie des rentes du Québec, une institution publique assurant une gestion transparente, pour arriver à une couverture de 50 % du salaire au moment de la retraite.

Mise en place de stratégies de rétention des travailleurs d’expérience, reconnaissance de cette main-d’œuvre et instauration de méthodes de gestion flexibles et adaptées à leur réalité.

Obligation pour les entreprises offrant un régime complémentaire de retraite de se prémunir d’une assurance en cas de faillite, de façon à mieux protéger les contributions des travailleurs. Les coûts d’une telle assurance pourraient être répartis entre l’employeur et les salariés.

Reconnaissance du droit des retraités d’être considérés comme des créanciers prioritaires en cas de faillite d’entreprise.

Selon le Réseau FADOQ, le gouvernement doit opter pour des solutions novatrices axées sur la mise en place de mécanismes permettant la bonne gestion, l’équité et la transparence des régimes de retraite.

De telles mesures mettraient fin à la gestion laxiste qui a été l’apanage de plusieurs caisses de retraite. De plus, elles redonneraient aux employeurs leur juste part de responsabilité, entre autres par l’obligation de contracter une assurance retraite et par une contrainte de bon usage de ces sommes (surveillance quant à l’utilisation des surplus, absence de congé de paiement, règles de solvabilité strictes, etc.)

Finalement, une réforme législative est de mise. Elle pourrait s’inspirer du modèle ontarien : un mécanisme de garantie pour les fonds de pension.

So-So-So-Solidarité !

Actuellement, les caisses de retraite du secteur public sont moins en danger que celles du secteur privé, ce qui n’exclut pas la possibilité de modifications au désavantage de participants actifs ou de retraités du secteur public.

« C’est par souci de justice, au nom de tous les retraités, que nous appuyons le contrat social en faveur d’une qualité de vie adéquate pour les aînés d’aujourd’hui et de demain, dont le Réseau FADOQ est le leader », commente Jean-Louis Comtois, responsable du Comité de défense des droits des retraités de l’Association des retraités d’Hydro-Québec, qui compte environ 8000 membres.

Selon lui, tous les organismes, dont les grandes entreprises telles qu’Hydro-Québec, devraient signer le contrat social et, ainsi, s’engager moralement à prendre les aînés en considération dans toutes leurs décisions, à commencer par celles qui concernent les régimes de retraite de leurs employés.

« Pensions coupées: ça pourrait VOUS arriver »

Beaucoup de gens se croient protégés des tristes histoires comme celle des 1000 retraités de l’usine White Birch Stadacona, à Québec, qui ont vu leur pension de retraite coupée de 47 % sans avoir eu voix au chapitre et sans que leur entreprise n’ait fait faillite, puisqu’il s’agissait d’une vente aux enchères de leur entreprise. Gilles Bédard, président du RERWBC, lance un avertissement clair aux retraités bénéficiant d’un régime de retraite à prestation déterminée : « Ça pourrait VOUS arriver » !

« Rien n’empêche qu’un jour, il ne reste qu’un point en suspens dans la négociation de la convention collective et que ce point soit la terminaison des régimes de retraite. Dans ce contexte, que feront les travailleurs ? Chose certaine, les retraités ne seront pas consultés… », déplore M. Bédard, pour qui la diminution de pension représente 200 000 $. Les économies d’une vie…

Selon lui, toute la population doit être consciente de la nécessité de protéger les acquis des retraités. « Nous lutterons jusqu’au bout pour que justice soit faite, pour les retraités de White Birch Stadacona et tous les travailleurs et retraités qui sont floués ou risquent de l’être », dit M. Bédard. Il croit que le Réseau FADOQ, avec son contrat social, est le bon pôle de centralisation de cette lutte à finir avec le « virus qui s’infiltre graduellement : des financiers qui achètent des entreprises et qui coupent partout pour maximiser leurs bénéfices ».

Une pension est un salaire différé, qu’on se le dise !
À l’heure où l’avenir plus que précaire des régimes de retraite fait constamment la manchette, Danis Prud’homme, directeur général du Réseau FADOQ, s’insurge contre le discours de plus en plus répandu, notamment par les élus municipaux, à l’effet que les citoyens qui n’ont pas de régime de retraite avec leur employeur n’ont pas à payer de leurs poches pour maintenir des régimes de retraite soudain jugés trop généreux.
« D’une part, le régime de retraite est un salaire différé dans lequel les travailleurs ont investi année après année. D’autre part, si les caisses de retraite sont en déficit, c’est en raison de la faiblesse des marchés mais aussi, dans plusieurs cas, parce que les employeurs n’ont pas rempli leurs obligations dans le passé », analyse M. Prud’homme.