Le Bodyguard: un « beau défi » pour Frédérick De Grandpré

Acteur et chanteur, Frédérick De Grandpré relève un nouveau défi professionnel en incarnant un personnage iconique de la pièce à succès Le Bodyguard. Rencontre avec un artiste qui n’a pas peur de se réinventer.

« C’est un beau défi pour moi. Même si c’est un personnage qui peut paraître très dur au début, je le souhaite attachant », raconte à Virage le principal intéressé au sujet du charismatique Frank Farmer, personnage que Kevin Costner a interprété au grand écran.

Lorsqu’il parle de ce nouveau rôle, l’enthousiasme est au rendez-vous.

« Chaque fois que je peux ajouter de l’émotion ou de l’humour, du sérieux ou de l’action, je le propose à Joël [Legendre, le metteur en scène] en répétition. C’est un véritable feu roulant ! Je ne suis jamais plus d’une minute et demie en coulisses… »

Passionné d’arts martiaux (il est ceinture noire en karaté), l’acteur puise dans ses acquis pour servir le personnage. « Chaque fois que j’aborde un nouveau rôle, je l’apprivoise toujours sur le plan physique, notamment par le biais de sa démarche, sa manière de bouger et de vivre dans son corps. C’est ce que j’ai fait avec Frank Farmer. J’ai commencé à faire des arts martiaux à l’âge de 11 ans. Ça m’a vraiment formé et permis de développer mon plein potentiel sur les plans physique, spirituel et mental. »

Retour aux études

Sans jamais avoir renoncé à son métier d’acteur, Frédérick a effectué un retour aux études à la mi-quarantaine afin de se donner d’autres assises.

« C’était important pour moi de le faire, dit-il. J’ai toujours eu une carrière en dents de scie. On m’a confié de beaux personnages [dans Quadra, Le Négociateur, Mémoires vives, etc.], mais j’ai aussi connu des passages à vide importants. Ils m’ont permis d’être avec ma famille et mes filles, mais j’avais le sentiment de ne pas me réaliser pleinement dans ma vie professionnelle. J’avais besoin de quelque chose qui me permette d’attendre les beaux projets d’acteur. »

Le comédien cherchait quelque chose qui le passionne autant que son métier d’acteur.

« Pour cette raison, je me suis tourné vers la philosophie, un domaine qui me permet de faire acte utile dans la vie d’enfants, d’adultes et même en entreprise. J’avais envie de transmettre une vision de la vie, du dialogue, de la pensée qui soit différente et axée sur le raisonnement. Pour moi qui n’étais pas un intellectuel à la base, décrocher un diplôme universitaire a demandé beaucoup d’organisation. »

La philosophie pour mieux vivre

« La philosophie apporte un équilibre à l’être émotif que je suis, poursuit-il. Face aux décisions que j’ai à prendre, à ma manière d’élever mes filles ou d’être en relation avec ma conjointe, cela m’amène à faire des choix plus raisonnés, plus logiques. Sans me détacher de mon côté émotif, la philosophie m’a amené un regard et un point de vue différents sur les problématiques. Le philosophe André Comte-Sponville, qui est très axé sur la philosophie qui aide à vivre, dit ceci : « La philosophie, c’est penser sa vie et vivre sa pensée. » C’est une belle façon de vivre. Le bonheur qui vient de la raison plutôt que de l’émotion bonifie la vie, à mon avis… »

Frédérick, qui célébrera ses 51 ans en mai prochain, fait l’éloge de la lenteur.

« La chose la plus notable que la cinquantaine m’a apporté, c’est la lenteur. J’ai toujours voulu aller vite, et dans tout. Mais depuis, une lenteur s’est installée. Je le constate aussi dans ma pratique des arts martiaux. J’essaie de faire les choses doucement, d’être plus réfléchi. Je profite de cette lenteur que la vie me propose, parce que le corps ne va plus aussi vite qu’avant. Ne plus rouler à 120 km/h, mais profiter un peu plus du paysage, c’est aussi très agréable. Cela a fait une grosse différence dans ma vie… »

Des lectures philosophiques accessibles

À ceux qui souhaitent s’initier à la philosophie, Frédérick offre quelques suggestions de lecture.

« L’œuvre de Frédéric Lenoir est incontournable, car il fait le pont entre la philosophie intellectuelle et la pratique. André Comte-Sponville a signé des livres incroyables sur le bonheur et l’amour. Il a écrit un essai intitulé Le bonheur désespérément après avoir vécu un grand deuil, c’est-à-dire la perte d’une de ses filles. Comment réussir à être heureux, sans espoir d’être consolé ? C’est très touchant. Dans notre société, on est beaucoup dans l’espérance. Comte-Sponville prétend qu’il ne faut pas espérer, mais vivre. Le bonheur est un état plutôt qu’un but à atteindre. Il faut parvenir à être parfaitement heureux dans le moment présent, sans plus d’espoir. »

Le Bodyguard : à Montréal, puis à Québec

Amateurs de comédies musicales, réjouissez-vous. Le Bodyguard est présenté à Montréal jusqu’au 15 avril, puis à Québec, du 28 juin au 6 août. Pour se procurer des billets : musicorspectacles.com/artistes/le-bodyguard. Frédérick De Grandpré participe à l’émission Philo Philo diffusée sur TFO. Il a des spectacles au programme avec son groupe de jazz, Aller simple pour Paris. On s’informe sur ses projets sur sa page Facebook.

Photo: Melany Bernier