François Morency : la démence, parlons-en !

Avec Discussions avec mes parents, François Morency ne croyait pas rallier un si vaste public, toutes générations confondues. Parallèlement à ce grand succès, il a accompagné ses deux parents en fin de vie. Aujourd’hui, il s’implique pour sensibiliser la population aux enjeux liés à la démence.

Une génération mise en lumière

En tournage pour Discussions avec mes parents, dont la 4e saison sera diffusée cet automne et dont le concept vient d’être acheté par Universal, François Morency nous apprend qu’il devrait pouvoir compter sur une 5e saison… pour notre plus grand bonheur !

« J’œuvre à tous les niveaux dans ce projet : écriture, jeu, montage, promotion, publicité. Ça m’occupe à temps plein !», explique-t-il. L’histoire a débuté par des statuts Facebook sur ses parents qui ont suscité l’intérêt de ses fans. Puis, il y a eu le livre, en 2018. « Une semaine après la parution, quatre producteurs télé m’approchaient pour en faire une série télé. »

Le succès de la série repose sur plusieurs facteurs, de l’avis de François. « C’est une génération qu’on voyait très peu à l’écran, dit-il. On était obsédé par l’idée de rejoindre les jeunes. C’est comme si on faisait de la télé pour ceux qui ne la regardent pas. Avec le recul, et parce que des gens de toutes les générations m’en parlent, j’ai constaté que la relation parents-enfants, peu importe nos origines, notre religion, notre race ou notre milieu social, reste la même. Cette relation est empreinte d’amour, d’admiration, de challenges et de chocs des valeurs. »

Le retour du balancier

Avec le temps, les parents qui ont pris soin de leurs enfants voient les rôles s’inverser, lentement mais sûrement. « Généralement, vient un moment où les parents ne peuvent plus remplir toutes les tâches nécessaires à leur autonomie, confirme François. Nous réussissons à étirer la vie physique, mais la fin de vie n’est pas toujours heureuse…»

François sait de quoi il parle puisqu’il a pris soin de ses parents durant les dernières années de leur vie. « Mes parents ont été en parfaite forme physique et mentale jusqu’à l’âge de 87-88 ans. Puis, il y a eu un déclin physique et mental très rapide. Mon père a vécu un début d’Alzheimer et des problèmes cardiaques. Ma mère a été profondément affectée par le diabète et conséquemment, elle a développé de la démence. Lorsque le cerveau manque de sucre, certains dommages sont irréparables. »

Ses parents ont eu des diagnostics très différents, mais tout aussi irréversibles. « C’est tout un défi de voir nos proches perdre leurs facultés mentales, petit à petit… Cela impose plusieurs deuils avant le grand deuil final.»

« Chez nous, nous sommes quatre enfants, poursuit-il. Il a fallu prendre en charge tous les aspects de la vie de nos parents. Je n’ose même pas imaginer si nous n’avions pas été là pour eux… Nos parents étaient tellement éclatants de santé que nous pensions qu’ils allaient mourir dans leur sommeil à l’âge de 100 ans. Ce n’est pas ce qui se passe dans la vraie vie… »

Pour cette raison, il insiste sur le fait qu’il faut en parler. « Si vos parents arrivent à cet âge ou si vous avez cet âge, il ne faut pas être naïf et vous croire à l’abri. Il faut planifier les choses et en jaser. Pour vous, mais aussi pour votre entourage. Que souhaitez-vous et que souhaitent vos parents ? Faut-il vendre la maison ? Mieux vaut avoir ces discussions quand tout va bien que d’être pris au dépourvu. C’est comme faire un testament : on espère le meilleur, mais on prépare le pire… »

Un engagement significatif

François a accepté d’être porte-parole du Mois mondial de sensibilisation à la maladie d’Alzheimer, qui se déroule en septembre. Il revient sur la raison de son engagement.

« Mes parents sont décédés à deux ans d’intervalle, ma mère en janvier 2021, mon père en février 2019. Elle ne nous reconnaissait plus. Comme mes parents ont été rendus célèbres par l’émission, j’ai écrit sur Facebook un mot leur rendant hommage. La Santé publique canadienne réfléchissait à cette campagne quand elle est tombée sur mes publications. On m’a demandé si j’étais à l’aise d’en parler dans le but de sensibiliser les gens. »

Même s’il prépare la suite des choses, François demeure conscient des limites de la planification. « Le bout que je contrôle, je le contrôle à fond. Mes deux frères ont eu des cancers et l’un d’eux fait autant sinon plus attention que moi. Cela relève de la pensée magique à certains égards de se croire protégé parce qu’on fait attention à soi. Je ne me vois pas faire des push-ups jusqu’à 88 ans ! (rires) La corde à danser et le jus de carotte ont leur limite ! Il y a une partie qui nous échappe… »

***

Des conseils bons pour le cerveau

On dit que ce qui est bon pour le corps est aussi bon pour le cerveau. Pour prévenir la démence, on suggère d’être actif, d’avoir une alimentation saine, d’éviter le tabac et la consommation excessive d’alcool, de réduire le stress et de maintenir un réseau social.

On s’informe sur le Mois mondial de sensibilisation à la maladie d’Alzheimer au alzheimer.ca/fr ou au 1 800 616-8816.

Photo : Karine Dufour