Feux de forêt : quelles conséquences pour les personnes aînées ?

Le ciel orangé, le smog dans le ciel, la fumée dans la gorge. L’été 2023 a été marqué par les feux de forêt d’une envergure sans précédent qui ont ravagé de vastes étendues de territoire, au Québec et ailleurs dans le monde. Événement extrême, mais exceptionnel? Peut-être pas. Le risque d’établir de nouveaux records est tristement réel.

Retour à l’été 2023, le plus chaud jamais enregistré sur Terre (jusqu’à maintenant). En quelques semaines, plus de quatre millions d’hectares de forêt partent en fumée au Québec, selon le bilan de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). C’est une superficie plus élevée que la somme des 20 dernières années. La dévastation est inédite, tout comme la cause. La quasi-totalité des 713 feux a été allumée par la foudre, du jamais vu.

Exception ou tendance?

Les experts sont unanimes : avec le climat qui se dérègle, les événements climatiques extrêmes de ce genre sont plus fréquents et plus intenses.

Le réchauffement des températures allonge la saison des feux de forêt et avive la foudre : plus d’éclairs, plus de feux allumés. Les combustibles sont aussi plus secs. Les incendies s’amorcent et se propagent alors avec plus d’intensité, ce qui les rend plus difficiles à maîtriser ou à éteindre.

Selon les prévisions, l’été 2024 sera tout aussi brûlant que le précédent, en raison des faibles quantités de neige de l’hiver et de la fonte hâtive. Au moment d’écrire ce texte, début mars, la SOPFEU avait annoncé l’ouverture précoce de ses stations de surveillance. Elle avait aussi émis son premier bulletin de risque d’incendie de l’année pour trois régions de la province, soit l’Estrie, la Montérégie et le Centre-du-Québec. Cela n’avait jamais été fait aussi tôt dans l’année.

Cette fumée qui voyage

Évidemment, les conséquences sont singulièrement dramatiques pour les populations qui habitent à proximité des feux de forêt. Mais il ne faut pas oublier que ces incendies libèrent d’énormes quantités de fumée toxique dans l’atmosphère, qui peuvent voyager jusqu’à mille kilomètres de distance des feux.

Cette fumée contient un mélange complexe de particules fines, de monoxyde de carbone, de dioxyde de soufre, de composés organiques volatils et d’autres substances nocives.

Les particules fines sont particulièrement préoccupantes, car elles atteignent les régions les plus profondes des poumons, pouvant entraîner une altération des fonctions pulmonaires, augmenter le risque de maladies respiratoires et cardiovasculaires, ainsi qu’exacerber les symptômes de plusieurs affections chroniques. En conséquence, chaque année au Canada, plusieurs centaines de décès prématurés sont attribuables aux feux de forêt.

Cela est inquiétant pour les 65 ans et plus. Selon le plus récent Portrait des personnes aînées au Québec, 75 % de ces personnes souffrent d’au moins une maladie chronique (16 % en ont trois ou plus), ce qui comprend notamment l’asthme, l’hypertension, le diabète, les maladies cardiaques, le cancer et la maladie pulmonaire obstructive chronique. 

Des solutions

Selon Nature Québec, la province doit investir dans la recherche et le développement de meilleures pratiques d’aménagement forestier et dans la mise en place d’une foresterie qui respecte la capacité de régénération de la forêt et des écosystèmes.

D’ailleurs, un groupe de chercheuses et de chercheurs québécois a récemment proposé de minimiser les risques en tenant compte des effets des changements climatiques dès la planification des coupes forestières, notamment en créant des réserves de précaution sans coupes.

La vingtaine d’universitaires avance de surcroît qu’on pourrait rendre la forêt plus résistante et plus résiliente en laissant en place plus d’arbres semenciers et en plantant plus de pins gris, qui se reproduisent plus rapidement et plus facilement que l’épinette noire, par exemple. Dans certaines régions, on pourrait aussi envisager de planter davantage de feuillus, qui résistent mieux aux incendies.

Les solutions pointent également vers notre responsabilité collective qui est de protéger nos forêts et boisés urbains, nos milieux humides et les écosystèmes océaniques. Ces milieux naturels sont nos meilleurs alliés dans la lutte et l’adaptation aux changements climatiques. Ils agissent comme filtres de l’air et de l’eau, comme refroidisseurs d’air lors des canicules, comme bassins de rétention d’eau lors des inondations et des sécheresses, en plus d’être de grands capteurs de carbone.

Adopter un mode de vie plus sobre et militer pour préserver la nature et ses trésors de résilience est sans doute ce que nous pouvons faire de plus utile pour notre santé et celle des humains qui nous suivront.

L’exposition à la fumée d’incendie forestier peut causer, entre autres problèmes de santé, des difficultés respiratoires, des maux de tête, des étourdissements et des palpitations cardiaques. L’exposition répétée peut contribuer au développement et à l’aggravation de diverses maladies cardiaques et pulmonaires.

Comment se protéger

•            Restez informés des prévisions météorologiques et des alertes concernant les incendies dans votre région et surveillez la Cote air santé (CAS);

•            Limitez le plus possible vos activités extérieures et activités physiques intenses lorsque la qualité de l’air est affectée par la fumée;

•            Si vous devez sortir, portez un masque respiratoire certifié, comme un N95, afin de filtrer les particules fines;

•            Gardez les portes et les fenêtres fermées, utilisez un purificateur d’air et remplacez les filtres selon les instructions;

•            Consultez un médecin en cas de symptômes respiratoires persistants.

Source : Agence de la santé publique du Canada