Donner à l’artiste suivant

Deux personnes dans le monde célèbrent leur 60e anniversaire de naissance à chaque seconde. Au moment où vous lisez ces lignes, Raymond Legault vient tout juste d’avoir sa demi-seconde de gloire. Il considère ce passage dans la soixantaine comme étant l’heure des choix et c’est en arrivant à cet âge charnière qu’il a décidé de placer sa santé au cœur de sa vie, plutôt que l’engagement syndical.

« Avoir 60 ans, c’est se demander de quoi on souhaite que soit fait le dernier droit de sa vie. Pour ma part, je ne me demande pas quoi faire, mais comment je vais arriver à tout faire ! », indique celui qui a mis fin en octobre à 32 années d’engagement syndical à l’Union des artistes (UDA), dont sept années à la présidence.

« J’ai déjà été victime d’épuisement professionnel en 2003 et je sentais les symptômes réapparaître de façon inquiétante depuis un an. J’ai donc décidé de démissionner avant la fin de mon mandat, en mars 2015. Je m’assure ainsi d’avoir la santé nécessaire à une transition efficace, laquelle se poursuivra à raison d’une journée par semaine jusqu’en juin 2014 », explique le comédien, qui a passé le relais à Sophie Prégent.

L’UDA : essentielle !

Celui qu’on a vu entre autres dans Le Temps d’une paix, Bach et Bottine, Cormoran et Le Retour, avoue en entrevue que sa tâche lui semblait de plus en plus lourde. Et pour cause : l’Union des artistes négocie des conditions de travail et de rémunération minimales pour les 12 000 personnes qu’elle représente, mène de front quelque 50 ententes collectives et 300 lettres d’entente dans neuf secteurs d’activité et gère plusieurs dizaines de milliers de contrats par année !

Et alors que 75 % des artistes tirent moins de 16 000 $ de leurs revenus annuels de leur art, la pertinence de l’Union des artistes ne fait aucun doute. Il y a aussi l’âgisme, qui fait cruellement son œuvre dès 50 ans, surtout chez les femmes.

« Dans l’ensemble, les artistes âgés ont une situation comparable à celle des autres aînés de la société. Un filet de sécurité a en effet été mis en place par l’Union des artistes, faisant en sorte que l’avenir d’une portion des travailleurs est plus prometteur que celui des artistes de 70 ans et plus, dont plusieurs sont démunis. »

Pour eux, il y a la Fondation des artistes, créée par l’UDA en 1995. « À l’approche des fêtes, des membres de l’UDA rendent visite à quelques dizaines d’entre eux et leur remettent un panier de Noël. Et, bien qu’ils aient grandement besoin de ce coup de pouce, la visite semble être leur plus beau cadeau. »

Priorité à la santé !

Tout nouvellement ex-président de l’UDA, Raymond Legault n’a pas encore ses idées bien arrêtées sur la suite de sa vie. Il a cependant quelques certitudes, dont celle qu’il ressentira toujours le besoin de donner au suivant, que ce soit par le biais du syndicalisme ou du bénévolat, notamment auprès de personnes ayant de la difficulté à gérer leur budget.

Cependant, sa santé sera au premier rang de ses priorités, à commencer par un programme de remise en forme et un régime de vie plus équilibré. Il y a également un projet de film dans l’air et un désir de se réserver du temps pour savourer le plaisir d’écrire. Que le résultat soit une pièce de théâtre, un roman ou un journal, peu lui importe, pourvu que sa créativité soit mise à contribution.

Dans sa mire, il y a également les Îles de la Madeleine, où il compte passer de plus en plus de temps avec sa conjointe, dans la propriété qu’ils viennent d’acquérir et où, espèrent-ils, leurs quatre enfants et cinq petits-enfants viendront les visiter, le jour où ils seront des Madelinots à temps plein.

Ah oui, il souhaite aussi se remettre à l’ébénisterie, tâter l’apiculture, concrétiser son rêve de faire de la plongée sous-marine et tant d’autres projets bien à lui, dont la réalisation sera non négociable !

L’Union des artistes signe le contrat social

Le contrat social mis de l’avant par le Réseau FADOQ a fait vibrer la très sensible corde de solidarité de Raymond Legault, puis celle du conseil d’administration qu’il dirigeait à ce moment-là. Résultat : l’Union des artistes fait maintenant partie de la centaine d’organismes et entreprises qui ont signé cet engagement à poser des gestes concrets afin d’assurer une qualité de vie adéquate aux aînés d’aujourd’hui et de demain.