Dieu merci pour les bénévoles d’expérience !

Les proportions varient selon les événements, mais les 50+ constituent souvent plus de 40 % et jusqu’à 60 % de leurs bénévoles. Et en plus, ils oeuvrent gratuitement un plus grand nombre d’heures que leurs homologues plus jeunes. Aussi bien dire qu’ils sont l’âme de ces événements socioculturels, en plus de fournir plus que leur part de l’huile de coude nécessaire à leur succès. Portrait du bénévolat d’expérience au Québec et de quelques as du don de soi.

107 millions d’heures données

Selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), les 55+ ont cumulé plus de 107 millions d’heures de bénévolat en 2010. Représentant 27 % des bénévoles, ils effectuent plus du tiers des heures de bénévolat. La culture et les loisirs sont nez-à-nez avec les services sociaux parmi les types d’organismes dans lesquels ils s’impliquent. Pas étonnant, donc, de les voir si nombreux, postés aux endroits stratégiques des festivals, portant fièrement les couleurs de l’événement auquel ils donnent des dizaines et même des centaines d’heures chaque année.

« Chez nous, 60 % des bénévoles ont 50 ans et plus et la majorité d’entre eux donnent bien plus que les deux blocs de quatre heures demandés. Ces bénévoles se distinguent par leur ponctualité, leur degré d’implication et leur volonté de transmettre leurs connaissances », résume Isabelle Latulippe, coordonnatrice des Fêtes de la Nouvelle-France, à Québec.

Vicky Côté, directrice des projets spéciaux au Mondial des cultures, à Drummondville, abonde dans le même sens. « Chez nous, 40 % des 2000 bénévoles ont 50 ans et plus et le taux de rétention d’une année à l’autre est de 90 % ! La majorité y consacre 40 heures et plus chaque été. Les aînés sont des personnes engagées, fiables, ponctuelles, loyales, fidèles aux règles, à l’écoute des festivaliers et généreux des trucs appris au fil des ans. Et contrairement à la croyance voulant qu’ils soient peu réceptifs au changement, ils sont les premiers à embarquer lorsqu’on prend le temps de leur expliquer pourquoi. »

Selon les données de l’ISQ, la motivation principale des bénévoles d’expérience est le désir de contribuer à la société. Voyons si cela s’avère sur le terrain, auprès de trois bénévoles de premier ordre à Québec, Drummondville et Saint-Hyacinthe. 

Carnaval ou Nouvelle-France ? Josey Lefebvre choisit les deux !

Si un jour Régis Labeaume et Bonhomme Carnaval étaient dans l’impossibilité de participer à un événement promotionnel, Josey Lefebvre pourrait très bien les remplacer à titre d’ambassadrice de Québec, tant elle est fière de sa ville natale. Cet amour se transpose d’ailleurs en gestes concrets : un intense bénévolat au Carnaval de Québec depuis 30 ans et aux Fêtes de la Nouvelle-France (FNF) depuis huit ans !

« Jeune fille, je me suis présentée comme duchesse et je n’ai pas été choisie. Loin de m’éloigner du Carnaval, ce refus m’a incitée à y participer autrement. Être bénévole me permet de connaître mieux ma ville et son histoire, de partager ma passion pour Québec, de voir l’envers du décor d’événements grandioses et de faire partie de la parade », résume la dynamique femme de 53 ans.

À ceux qui hésiteraient à faire du bénévolat, elle suggère de foncer en allant vers une cause compatible avec leurs affinités. « Le bénévolat est une bonne façon de s’épanouir, d’apprendre, de vivre des expériences différentes, de socialiser et de ressentir la chaleur humaine des gens généreux qui oeuvrent dans ces organisations », dit Josey.

Aux petits oignons

Parole de Josey, être bénévole, c’est aussi apprendre à se « revirer sur un 10 ¢ ». Comme lors de l’édition 2014 du Carnaval, alors qu’elle était présidente du comité du pays invité, et qu’elle a dû planifier sur-le-champ une journée d’activités à la satisfaction des dignitaires de la ville chinoise de Harbin, et ce, sans interprète, leur avion n’ayant pas décollé comme prévu à 6 heures du matin ! Ces invités de marque n’oublieront jamais le repas dans ce resto qui a ouvert ses portes plus tôt juste pour eux, la visite de la Chute Montmorency, du centre de ski le Relais et de l’Hôtel de glace ainsi que la course en canot à laquelle ils ont assisté grâce à la débrouillardise de Josey.

Comme en témoigne Isabelle Latulippe, coordonnatrice des ressources humaines au Carnaval et aux FNF : « Josey se distingue par sa façon de traiter les gens aux petits oignons ». Pas étonnant de la voir encore cet été au poste de présidente du comité de l’accueil VIP lorsque Québec replongera à l’époque de la Nouvelle-France.

« Le sens de l’hospitalité est naturel chez moi. Je veux que les gens se sentent comme de la visite qu’on accueille à la maison », dit Josey, dont le bureau sert tantôt d’entrepôt à instruments de musique, tantôt de lieu de repos pour des danseurs en décalage horaire. Et si le devoir appelle cette gente dame à aider une future mariée à enfiler sa somptueuse robe en vue d’épousailles dignes d’une autre époque, elle accourt au galop !

400 heures par année, minimum !

Josey consacre environ 300 heures par année au Carnaval et plus de 100 aux FNF. Il y a aussi Opération Enfant Soleil, la Société canadienne de la sclérose en plaques, l’Ordre de Bonhomme et autres, tout ça en plus d’un travail à temps plein, de son rôle de mère et de celui de proche aidante auprès de ses parents vieillissants. Non mais un jour il faudra bien que cette bénévole exceptionnelle écrive un livre sur la gestion du temps…

Les Fêtes en bref

6 au 10 août

Vieux-Québec

nouvellefrance.qc.ca

1 866 391-3383

Denyse Poirier : du bénévolat de calibre Mondial  

Qu’est-ce que le Mondial des cultures pour Denyse Poirier ? Sa réponse tient en trois mots : « Une belle folie ». Cette intensité inégalée la fait entrer dans la danse du bénévolat année après année depuis 1982 !

Au cours de l’événement culte de Drummondville, cette enseignante à la retraite tient un rôle clé : coresponsable, avec Gratien Gagnon, du comité Santé, qui doit organiser un service de premiers soins pour les ensembles folkloriques et le public qui fréquentent le parc Woodyatt ainsi qu’une unité médicale pour les participants étrangers, sur le site de l’hébergement. Forte de nombreux cours de premiers soins, elle intervient si un membre d’une troupe se blesse ou est malade, puis coordonne une équipe de spécialistes dans divers domaines pour faire le suivi approprié : médecins urgentologues, dentistes, ophtalmologistes, chirurgien et thérapeute sportif.

« 9 à 5 » ? Pas du tout !

Madame Poirier était de l’équipe du tout premier Mondial, en 1982, et n’a manqué que deux éditions de ce populaire festival. Son horaire de travail n’a rien du « 9 à 5 ». « Quelques jours à l’avance, nous préparons le local. Puis, pendant les 11 jours du Mondial, je travaille souvent de 9 h à 1 h du matin, parfois plus tard encore. En effet, je reste sur place jusqu’à ce que les spécialistes aient terminé leurs soins. Lorsque le Mondial est fini, nous mettons deux à trois jours pour tout remettre en place. Puis, je dors une journée complète ! »

Elle est friande des contacts humains chaleureux, de la collaboration et de la confiance qui règnent sur les lieux. « C’est dans ma nature de m’impliquer à fond. Après chaque édition, je ressens une vive satisfaction d’avoir fait quelque chose de vraiment significatif pour d’autres personnes », explique la dame de 71 ans, indubitablement un modèle pour les bénévoles plus jeunes et toute l’équipe du Mondial.

Oui ou non ?

Le fait de côtoyer des danseurs en provenance de nombreux pays est pour elle un enrichissement supplémentaire et aussi un défi de taille, quand ceux-ci ne parlent ni français ni anglais et qu’elle doit intervenir sans l’aide d’un interprète ! Cela a donné lieu à bien des épisodes cocasses.

« Dans les débuts du Mondial, je devais veiller sur une costumière bulgare demeurée à l’hébergement parce qu’elle ne se sentait pas bien. Elle ne parlait que sa langue maternelle. Par des signes, je lui demande si elle veut de l’eau ou du jus. Elle fait non de la tête. Je lui amène néanmoins de l’eau et divers jus. Elle boit tout en mon absence. Je lui offre de lui en apporter d’autre. Elle fait encore signe que non. Je lui en ramène néanmoins et elle boit tout. En soirée, j’apprends que dans le langage non verbal bulgare, hocher de droite à gauche veut dire oui… »

Toutefois, si l’on demande à Denyse Poirier si elle sera de l’édition 2014 du Mondial, aucun doute possible : c’est oui !

Le Mondial en bref

3 au 13 juillet

Parc Woodyatt
53, rue Du Pont
Drummondville

mondialdescultures.com

819 472-1184

Connu comme Denis Girouard à l’Expo !

À l’Exposition agricole de Saint-Hyacinthe, Denis Girouard connaît tout le monde et tout le monde connaît Denis Girouard. Et pour cause : il y œuvre de façon quasi continue depuis 50 ans ! Ce « gars de la place », qui a passé toute sa vie à Saint-Hyacinthe et demeure dans la maison paternelle, voit dans cet engagement au long cours un geste tout naturel.

Maniaque de photographie, il a dans ses archives personnelles une photo de lui en 1964, dans un kiosque de vente de billets pour les manèges et la roue de fortune. Il avait alors 24 ans. « J’ai peut-être sauté cinq ou six ans en tout entre 1964 et 1980, quand les responsables des manèges n’avaient pas de travail pour moi », relate celui qui conserve fièrement tous ses laissez-passer de l’Expo depuis 1981.

12 heures par jour, pendant 11 jours !

À l’époque, il vendait des billets, assemblait et démontait les manèges, les faisait fonctionner, etc. M. Girouard faisait coïncider ses vacances estivales annuelles avec l’Expo pour être de la fête et amasser un peu d’argent. Puis, de 1981 à 1986, il a été affecté aux spectacles se déroulant devant l’aréna.

Depuis ce temps, il est « embauché » par son épouse, responsable du kiosque d’information, pour diriger l’équipe de quelque 22 jeunes qui distribuent les horaires quotidiens aux visiteurs affluant à l’Expo par l’une ou l’autre des six barrières. Son épouse lui verse une très modeste rétribution en bout de ligne, mais il affirme que personne d’autre ne voudrait travailler pour ce salaire-là !  

« Pendant 11 jours, je suis à l’Expo 12 à 13 heures par jour, à préparer les boîtes, à réapprovisionner les jeunes en horaires et à tout ramasser à la fin de la journée », résume le retraité. Il maintient ce rythme d’enfer depuis plus de 25 éditions de l’Expo, faisant de lui une figure connue de tous les fidèles du plus grand festival agricole québécois.

Celui qui aime bien inverser les chiffres de son âge et croire qu’il a 47 ans, ne se tourne pas les pouces d’une Expo à l’autre. Il marche et marche encore, quand il n’est pas sur son vélo. De plus, il agit bénévolement en tant que famille d’accueil de chiens Mira depuis 1989, ayant entre autres eu 16 chiens à long terme.

En 2014, les dirigeants de l’Exposition de Saint-Hyacinthe procéderont autrement pour faire connaître la programmation quotidienne aux visiteurs. Est-ce la fin d’une fructueuse association longue d’un demi-siècle ? D’une façon ou de l’autre, il y a fort à parier que Denis Girouard sera souvent à « son » Expo à compter du 24 juillet…

L’Expo en bref

24 juillet au 3 août

2670, av. Beauparlant

Saint-Hyacinthe

expo-agricole.com

450 773-9307