Votre ville est-elle amie des aînés ou en voie de l’être ? Probablement, puisque 130 villes et municipalités régionales de comté (MRC) dans la province sont déjà reconnues municipalités amies des aînés (MADA) et que 449 autres ont entrepris la démarche visant à adapter leurs structures et leurs services pour favoriser le vieillissement actif et faire en sorte que les aînés puissent prendre leur juste place dans leur communauté.
Le Québec, société modèle
Bien que le concept se soit répandu comme une traînée de poudre chez nous depuis la tenue de projets-pilotes dans six villes et une MRC, en 2008, et qu’il touche déjà presque toute la population par le biais de la participation de toutes les grandes villes de la province, le programme MADA demeure méconnu du public.
Nul n’est prophète en son pays, faut-il croire, puisque le Québec est un modèle à l’échelle planétaire pour sa façon de développer l’approche MADA, en plus d’avoir contribué activement à son implantation. L’Organisation mondiale de la santé considère même que le Québec est la société la plus « amie des aînés » dans le monde !
« Dans plusieurs pays, les municipalités décident elles-mêmes des moyens pour optimiser la santé, la participation et la sécurité des aînés, sans soutien gouvernemental ni accompagnement. C’est le cas notamment en France et aux États-Unis », explique Catherine Ferembach, sous-ministre adjointe au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
Au Québec, le Secrétariat aux Aînés a choisi de travailler en collaboration. « Tout d’abord, poursuit Mme Ferembach, il est associé au Centre de recherche sur le vieillissement de Sherbrooke, qui a développé et perfectionne le modèle MADA. De plus, il peut compter sur le Carrefour action municipale et famille, un organisme sans but lucratif qui accompagne les responsables locaux du dossier tout au long de leur démarche. Cette façon de procéder, qui allie un soutien universitaire et un suivi personnalisé, s’avère une recette gagnante. »
MADA, c’est quoi au juste ?
Le programme MADA est une démarche à laquelle les villes peuvent adhérer de façon volontaire. Une personne responsable du dossier doit être mandatée, puis un comité de pilotage doit être créé, incluant des élus, des citoyens et des représentants d’organismes. Après avoir fait un diagnostic de la situation et une analyse des besoins, le comité rédige une politique des aînés et un plan d’action échelonné sur un minimum de trois ans, puis les fait adopter par le conseil municipal, qui dépose une demande de soutien financier au Secrétariat aux Aînés. Lorsque celle-ci est acceptée, il ne reste plus qu’à passer à l’action !
Le programme MADA s’articule autour de huit grands domaines d’intervention qui touchent entre autres l’habitat, le transport, l’aménagement des espaces extérieurs et des bâtiments, la participation sociale ainsi que le respect et l’inclusion.
Ici ce sera la mise en place d’un service de bibliothèque mobile, ailleurs, ce sera l’adoption d’une réglementation permettant la construction de maisons multigénérationnelles ou encore l’aménagement d’intersections plus sécuritaires pour les piétons. Autant d’avenues pour favoriser une meilleure qualité de vie pour les aînés. L’objectif à long terme est la création d’un « réflexe aînés » politique et communautaire qui, loin de provoquer un clivage intergénérationnel, s’avérera bien souvent tout aussi profitable pour les autres générations.
Des idées et des $$$
Administré par le Secrétariat aux Aînés, le budget du programme MADA est de 2 millions $ par année. Les villes et MRC qui entreprennent la démarche reçoivent en moyenne 15 000 $ pour établir une politique et un plan d’action correspondant aux besoins de leur milieu. Les municipalités doivent aussi contribuer financièrement à la démarche.
Pour la mise en œuvre du plan d’action, les villes ou MRC peuvent aussi bénéficier de subventions gouvernementales. En effet, le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire dispose d’une enveloppe de 3 millions $ par année pour permettre la réalisation de petits projets d’infrastructures. En tout, 89 projets provenant de plans d’action MADA ont été financés entre 2009 et 2012, pour un total de 6 millions $.
À suivre…
Comment le gouvernement entend-il faire le suivi afin que les plans d’action ne restent pas lettre morte et que la mention de municipalité amie des aînés ne soit pas qu’un titre vide ?
« MADA est un programme récent pour lequel l’engouement persiste et se concrétise puisque après trois ans seulement, 579 villes et MRC sont déjà à l’une ou l’autre des étapes de la démarche. Une chose est sûre : les municipalités ont pris acte du vieillissement de la population et sont en action pour s’adapter. Dans un premier temps, nous souhaitons qu’un maximum de villes et MRC entreprennent une démarche MADA. Notre objectif est d’atteindre 860 inscriptions d’ici quatre ans. Par la suite, une évaluation des résultats sera faite », assure Catherine Ferembach, du MSSS.
Faites votre part !
Programme MADA ou pas, il incombe à chaque aîné de demeurer un citoyen à part entière aussi longtemps que possible. Votre village ou ville n’est pas en processus MADA ? À vous d’exiger de vos élus municipaux que la situation soit rectifiée au plus vite. Votre municipalité fait partie des 579 qui sont dans le processus visant à créer des milieux de vie mieux adaptés à une population vieillissante ? À vous de faire pression pour que les améliorations mentionnées au plan d’action deviennent réalité !