Chic-Chocs : l’hiver à son meilleur

Pour les décrocheurs de l’hiver, ceux qui détestent la saison froide à s’en confesser, l’école de la dernière chance est l’Auberge de montagne des Chic-Chocs, dans la réserve faunique de Matane, en Gaspésie. Si vous ne tombez pas en amour avec l’hiver après quelques jours de paysages à vous jeter dans la neige, d’expériences sportives incomparables et de repas exquis, dans une auberge perchée à 615 m au milieu de 60 km2 de nature vierge, vous êtes une cause perdue ! À l’autre bout du spectre, les fous de l’hiver y vivront des expériences de ski de haute route, de ski méta ou de raquette qu’ils conserveront à jamais sur le dessus de leur tiroir de souvenirs.

Les contemplatifs et les gens en mal de repos peuvent aussi y trouver leur compte, en adoptant la stratégie des 3 S : sauna, spa, sofa, avec, en option, le 4e S, celui du scotch au coin du feu. On promet ainsi un effet d’année sabbatique en trois jours ! Quel que soit votre profil, vous oublierez vite les nombreuses heures de déplacements qu’il vous aura fallu pour atteindre cette auberge de la Sépaq et en revenir. En fait, un avertissement s’impose : on n’en revient jamais tout à fait. Une partie de notre coeur reste accrochée à ces montagnes et nos yeux n’ont de cesse ensuite de chercher d’autres paysages d’hiver aptes à les séduire de la sorte.

Unique… du début à la fin

Si certains sont des habitués de cette auberge de montagne grand confort, hiver comme été, beaucoup s’y rendent une fois seulement, pour vivre une expérience unique. D’ailleurs, le réputé quotidien britannique The Guardian l’a choisie comme l’une des 10 meilleures destinations écologiques de ski dans le monde. Elle fait aussi partie de la sélecte Collection d’expériences distinctives de la Commission canadienne du tourisme.

L’aventure commence à Cap-Chat, en montant à bord d’un camion sur chenilles qui transporte les clients jusqu’à l’Auberge, une quarantaine de kilomètres qu’il faudra plus de deux heures à franchir. Quant à cette auberge quatre étoiles, elle a tout du chalet d’hiver de rêve : une vue incomparable, 18 chambres champêtres, des canapés disposés autour du feu et, à la salle à manger, des tables réfectoires où il fait bon, le soir, partager nos aventures. L’ambiance est si conviviale qu’il n’est pas rare de voir quelqu’un se lever et raconter une bonne blague à tout le monde, comme dans un party de famille. Génial…

Les repas, copieux et d’une grande finesse, contribuent à l’ambiance festive. Quelques exemples : trio de poissons fumés, lapin au citron confit, quinoa rouge, asperges et betteraves jaunes ainsi qu’une crème glacée à la mélasse absolument inoubliable. Et puisque le directeur de l’auberge, Guy Laroche, est un ancien sommelier, la carte des vins est à la hauteur des talents du chef.

De plus, là-haut, les téléphones cellulaires ne fonctionnent pas et il n’y a pas d’Internet. L’occasion est belle de vraiment décrocher, ce que les clients, majoritairement âgés de 40 à 60 ans, apprécient énormément après le choc initial de se retrouver ainsi isolés. Il ne reste plus qu’à aller jouer dans la neige, comme des enfants…

À l’aventure !

À l’heure du déjeuner et du lunch, des guides chevronnés et attentionnés, tels Laurie, Mia, Sébastien et Jean-François, passent de table en table proposer des sorties de quelques heures ou d’une journée complète en leur compagnie, pour tous les calibres, avec équipement fourni. Au menu : raquette, observation de la faune, ski de haute route et ski méta.

Le ski de haute route s’adresse aux skieurs friands de poudreuse recherchant un exercice complet, puisque les remontées mécaniques brillent par leur absence. Pour atteindre les sommets vierges, on installe des peaux de phoque sous des skis semblables à des planches de ski alpin, dont les fixations s’apparentent à celles du ski de fond et l’on glisse les skis sur la neige, d’où l’invitation à venir se « traîner les pieds » dans les Chics- Chocs ! En haut, on enlève les peaux, on clique sur les fixations afin qu’elles retiennent les talons et l’on descend dans des conditions parfaites !

Le ski méta, quant à lui, est un hybride entre la raquette et le ski, qui se pratique uniquement en de rares endroits au Québec. Une bande de peau de phoque sous ces skis plus courts que ceux du ski alpin permet l’ascension sans trop de difficulté, le talon étant mobile. Puis, on descend dans les sous-bois en adoptant une technique semblable à celle du télémark. Un must accessible même aux novices car tomber dans un coussin de poudreuse épais comme ça est plutôt agréable.

Question d’éliminer tous les frissons accumulés dans la journée, le sauna et le spa extérieur attendent les invités. Il ne reste plus qu’à enfiler des vêtements décontractés, puis à passer à table, après un petit arrêt au bar, le temps de goûter à une bière locale, notamment la savoureuse Pit Caribou.

Plus beau que nature

Pour ma part, j’ai participé à une demi-journée de ski de haute route incluant une initiation au Détecteur de victime d’avalanche, que l’on doit porter sur soi en tout temps, tout comme un émetteur-récepteur portatif. J’ai aussi fait la Boucle de l’Auberge, une randonnée en raquette de 45 minutes offrant un rapport effort/vue imbattable. La demi-journée de ski méta a par ailleurs été un pur plaisir pour la skieuse très moyenne que je suis.

Quant à la longue randonnée en raquette, une boucle de cinq heures passant par le mont 780 et l’Épaule, j’en garde le plus beau souvenir du voyage, surtout la sapinière montagnarde qui ressemblait à un rassemblement de « fantômes » à cause du poids de la neige sur les branches et de l’effet des grands vents. Au sommet, la vue des montagnes environnantes, du fleuve, de la Côte-Nord et du ciel bleu froidure, m’a donné ce sentiment de symbiose avec la nature qui arrive parfois quand ce qui nous entoure semble trop beau pour être vrai. Il ne fallait pas trop s’attarder toutefois, car le mercure montrait -16,5 ºC et, bien que le temps était sec, pieds et mains commençaient à refroidir. Après un petit coup de bouillon chaud, le groupe a donc quitté, à regret, ce blanc paradis.

Renseignements utiles… en rafale

  • L’hiver, on peut séjourner à l’Auberge de montagne des Chic-Chocs deux, trois, quatre ou sept nuits. Les forfaits incluant le transport à partir de Cap-Chat, l’hébergement, les repas, le service de guides et l’équipement, débutent à 500 $ pour deux nuits, en occupation double ( rabais de 15 % si réservation avant le 1er février ).
  • De Montréal, il faut parcourir 730 km pour atteindre le poste d’accueil de Cap-Chat ( environ 9 heures ). L’Auberge est à 55 km de là et l’on franchit les 40 derniers kilomètres à bord d’un camion à chenilles ( compter 2 h ).
  • À certaines dates, les vendredis, un service de transport nolisé en autocar ( avec Internet, toilette, cuisinette et sièges se transformant en couchettes ) est disponible à partir de la Rive-Sud de Montréal et de Québec, à destination des montagnes gaspésiennes. Prix : 175 $ de Montréal et 150 $ de Québec, pour l’aller-retour.
  • Les dates d’ouverture pour la saison hiver 2012-2013 sont du 26 décembre au 31 mars. L’Auberge sera fermée du 2 au 17 janvier.

Pour en savoir plus : www.sepaq.com, 1 800 665-3091.