Bruno Pelletier : la cinquantaine zen

Ces trois dernières années, Bruno Pelletier a eu la douleur de perdre trois précieux collaborateurs et amis avec qui il avait bâti son impressionnante carrière. Secoué par ces départs, le chanteur en a tiré une leçon : la vie, c’est maintenant.

Sous influences

En septembre dernier, Bruno nous présentait un album intitulé Sous influences, disponible en magasin et sur les plateformes numériques.

« Ce sont des artistes à qui je fais un coup de chapeau, explique-t-il au sujet de son plus récent opus. Ce sont des artistes majeurs de notre patrimoine et qui m’ont tous influencé à leur manière. Je les aimais lorsque j’étais ado et je les aime encore. Je pense à Claude Dubois et à Richard Séguin, entre autres. J’ai aussi fait une belle part aux artistes que je n’avais pas beaucoup chantés, notamment Jean-Pierre Ferland, Gilles Vigneault, Sylvain Lelièvre, Boule Noire, Diane Dufresne, Pauline Julien, Gerry Boulet, Patrick Norman, Michel Pagliaro, Pierre Flynn, Daniel Lavoie. Avec chacun d’entre eux, j’ai une histoire et il y a une raison pour laquelle j’ai choisi de les chanter. »

Après 35 ans de carrière, l’artiste se sent privilégié de constater que le public est toujours au rendez-vous. « Après tout ce temps, je suis toujours là, convient-il. Une carrière, c’est fait de hauts et de bas, de succès et de passages à vide. Il y a aussi la volonté d’y être encore et de proposer de nouveaux projets. Il y a du travail derrière tout cela, mais il y a aussi un immense respect pour le public. Les gens le savent : je suis quelqu’un d’assez discret, mais je ne suis pas inaccessible. Je suis conscient de ce que ça représente quand des gens choisissent d’acheter mon album ou d’assister à mes spectacles. »

Un engagement de cœur

Par ailleurs, après presque huit ans d’engagement auprès de la Fondation québécoise du cancer, le chanteur a choisi de passer le relais.

« Je considérais qu’après presque 20 ans de bénévolat au total, je pouvais céder ma place. Je vais continuer à m’engager, mais de façon sporadique. Je ressors de cet engagement la tête haute et avec le sentiment du devoir accompli. Outre la carrière et la vie personnelle, il y a aussi les soucis de santé des parents qui font en sorte qu’il faut établir des priorités. Je n’y arrivais plus. »

À l’instar de la plupart des cinquantenaires dans notre société, il a vu ses parents s’occuper de lui, puis a assumé ses responsabilités de parent. Maintenant, il aide ses parents.

« J’ai la chance d’avoir une maman de 82 ans en pleine forme. Elle conduit sa voiture, fait son épicerie, etc. Elle a quelques petits soucis de santé comme bien des octogénaires, mais elle a une belle qualité de vie. Nous avons la chance de l’avoir près de nous, ma sœur et moi. C’est un beau privilège. Elle vivait à Québec, elle est venue nous rejoindre en banlieue de Montréal. Nous l’avons rapatriée à 10 minutes de chez nous. Nous sommes passés de deux à trois visites par année à deux à trois visites par semaine! En vieillissant, nous devenons les proches aidants de nos parents… »

Garder la forme

À 57 ans, Bruno se dit conscient plus que jamais de l’importance de vieillir en santé. « J’ai toujours fait beaucoup de sport, dit-il, et je continue d’en faire, mais j’ai diminué le rythme et le niveau de performance que je m’imposais. »

Il confie que la cinquantaine lui a apporté quelque chose de paisible. « Comme tout le monde, je n’aime pas certains aspects du vieillissement. Je suis un gars actif, mais je suis plus sage et modéré. En janvier dernier, j’ai perdu mon agent, Paul [Lévesque]. Il est parti de manière soudaine. Le choc que j’ai eu! Ça été bouleversant. Entre nous, ça été 30 ans de collaboration et d’amitié. Cet événement a remis bien des choses en perspective. Ça m’a donné envie de vivre à 100 milles à l’heure et d’arrêter de m’en faire avec des niaiseries. C’est une chance de se lever le matin et de pouvoir décider de notre journée. Ces dernières années, j’ai reçu quelques claques importantes. Il y a deux ans, j’ai perdu mon agent en France. Nous étions amis depuis 20 ans. Puis, mon producteur russe est décédé en décembre 2019, suivi du décès de Paul. En trois ans, j’ai perdu trois piliers. Ce sont des gens qui m’ont aidé à bâtir ma carrière et accompagné pendant 11, 20 et 30 ans. Je me sens orphelin sur le plan du business. »

Il gère maintenant ses affaires seul et prend actuellement la pleine mesure de ces pertes. « C’est énorme! J’ai toujours été à la fois très vivant et angoissé à l’extrême. On dirait que ces événements m’ont calmé. Je m’étonne de voir la manière dont je me comporte maintenant. Étonnamment, je n’ai plus envie de m’en faire… »

Bruno Pelletier sera en spectacle à travers le Québec. On confirme les dates sur son site Web.