« Avez-vous votre bouton argenté ? »

Aucun doute dans l’esprit de Louise DesChâtelets : notre société doit donner un coup de barre afin de rendre prioritaire une qualité de vie adéquate pour tous les aînés. Et il faut y voir maintenant. « Tout ce qui traîne se salit. Attendre davantage ne ferait qu’empirer la situation pour les aînés d’aujourd’hui et de demain », dit la porte-parole du mouvement Bouton argenté du Réseau FADOQ.

« Prenons les proches aidants. Combien d’études y a-t-il eu sur les besoins de ces gens-là, en majorité des aînés, qui font épargner une fortune au système de santé ? Pourtant, on ne leur donne encore que des miettes. Le moment est venu de vraiment s’attaquer à ces situations problématiques », affirme Mme DesChâtelets, pour qui le Réseau FADOQ, fort de ses 315 000 membres et de sa solide réputation, est l’organisme tout indiqué pour porter ce projet de société essentiel.

Affichez-vous !

Nouvelle offensive du Réseau FADOQ, le mouvement Bouton argenté a pour but de susciter un vent de sympathie à l’égard des aînés et une prise de conscience allant de pair. Tous ceux qui sont soucieux d’assurer aux bâtisseurs de notre société la qualité de vie à laquelle ils ont droit sont invités à afficher leur solidarité en portant le bouton argenté à leur boutonnière et en se joignant aux milliers de signataires du contrat social mis de l’avant par le Réseau FADOQ.

Pourquoi un bouton ? Parce que les enfants ont besoin des plus vieux pour boutonner leur manteau et que, plus tard dans le cycle de la vie, c’est au tour des aînés d’avoir besoin des générations plus jeunes. Sa couleur évoque le vieillissement alors que ses quatre trous représentent les quatre principes sur lesquels repose le contrat social en faveur d’une qualité de vie adéquate pour les aînés : la santé, le bien-être, la sécurité et l’appartenance.

À bas les préjugés !

Grâce à la chronique « Courrier des lecteurs » du Journal de Montréal, qu’elle signe depuis plus de 13 ans, Louise DesChâtelets est dans une situation privilégiée pour tâter le pouls de la population sur plusieurs sujets controversés. « Je remarque que si chacun veut le meilleur pour ses parents et grands-parents, c’est plutôt mal perçu de vouloir protéger les aînés en général. Pourtant, si rien n’est fait, plusieurs vont finir dans la dèche, car c’est faux de penser que les gens âgés sont tous fortunés et passent leurs hivers en Floride », dit celle qui occupe la scène artistique depuis plus de 40 ans, comme comédienne, animatrice et chroniqueuse.

Elle s’inquiète des frictions intergénérationnelles qui sont relatées dans les lettres qu’elle reçoit. Parmi les témoignages les plus bouleversants qui lui sont parvenus, il y en a plusieurs touchant les coupures de liens entre les grands-parents, les parents et les petits-enfants.

« Certains parents permettent difficilement aux grands-parents de donner des conseils. D’autres brisent les liens avec leurs parents pour un oui ou pour un non, privant ainsi leurs enfants d’une relation essentielle avec leurs grands-parents. Je crois que les aînés ont le droit d’exprimer leur opinion, mais qu’un dosage s’impose et que ces échanges intergénérationnels doivent se faire dans le respect de la part de tous. »

La solitude des aînés est selon elle un autre sujet tabou. Comme si l’on ne voulait pas s’avouer, comme société, que parfois ceux qui nous ont mis au monde sont délaissés. « Il faut s’intéresser aux aînés. Ils ont tant à dire et ont un rôle important à jouer dans la famille. » Elle souhaiterait d’ailleurs que les maisons intergénérationnelles deviennent monnaie courante et que les aînés disposent du soutien nécessaire pour demeurer aussi longtemps qu’ils le souhaitent dans leur maison, près des leurs.

L’âgisme aussi la désole. « Dans bien des professions, dont la mienne, c’est comme si l’on devenait un déchet à partir d’un certain moment. Loin de se servir des connaissances et du savoir-faire des travailleurs d’expérience, on les met souvent de côté. »

Aidez-vous aussi !

S’il lui apparaît évident que la société doit tendre la main aux aînés, elle estime que ces derniers doivent aussi s’aider eux-mêmes. « Quel que soit notre âge, on ne doit jamais abandonner et ne jamais s’abandonner », conseille-t-elle.

Entre autres, selon cette grande amoureuse, les gens âgés ne devraient pas renoncer à l’amour ni se priver de cette liberté-là pour ne pas déplaire à leurs enfants. « Avoir envie de donner et de recevoir de l’affection, ça ne s’arrête pas à 60 ans, ni à 70 ans. Les enfants prennent souvent très mal ça que leur parent âgé, après avoir perdu l’être cher, retombe en amour. Pourtant, ils doivent leur laisser vivre ces moments de bonheur-là. »

Un jour, ce sera leur tour !

Exemple éloquent de vieillissement actif, Louise DesChâtelets se considère privilégiée d’être toujours très active professionnellement, grâce notamment à sa polyvalence. C’est pourquoi, avoir 68 ans, elle n’a aucun problème avec ça !

« J’ai très mal vécu le passage à la cinquantaine mais l’arrivée dans la soixantaine a été facile. Je fais attention à moi et je ne me suis jamais sentie aussi libre. Fini pour moi les angoisses de la réussite ! »

Quand elle jette un regard sur sa vie, elle constate qu’elle a filé bien plus vite qu’elle ne l’aurait imaginé étant jeune. Et la voilà porte-parole du mouvement Bouton argenté !

« Il faut que toute la société prenne conscience du virage de société qui s’impose pour protéger et valoriser les aînés. Ce projet doit représenter quelque chose pour toutes les générations, même les jeunes. Car le bouton argenté, ils vont le porter un jour, et plus vite qu’ils ne le pensent ! »

Un p’tit 2 $

À partir du 16 septembre, vous pourrez vous procurer le bouton argenté, au coût de 2 $, dans les endroits suivants :

  • Toutes les succursales de la Banque Laurentienne.
  • Tous les regroupements régionaux FADOQ.

Informations : fadoq.ca, 1 800 544-9058.

Photo : Bruno Petrozza – maquillage : Véronique Prud’homme