Attention, proches aidants en détresse… financière

Certains le deviennent du jour au lendemain, mais la plupart héritent progressivement du statut de proche aidant. Pour un grand nombre, c’est un véritable défi humain… et financier. Comment y faire face ?

Allons-y avec quelques statistiques canadiennes :

  • 3 millions de Canadiens ont un statut de proche aidant;
  • les soins qu’ils prodiguent gratuitement coûteraient 25 milliards de dollars par année au gouvernement;
  • 55 % ont entre 45 et 64 ans;
  • 80 % sont des femmes;
  • la majorité ont des enfants;
  • le risque de mortalité augmente de 63 % chez les aidants durant les quatre premières années de prise en charge à domicile;
  • 28 % s’occupent des soins à un enfant, 20 % à un conjoint et 7 % à un parent;
  • 9 % consacrent au moins 20 heures par semaine de soutien à un aîné;
  • ils assument 80 % des soins d’un proche atteint d’une maladie de longue durée.

De lourdes conséquences

Ce don de soi a des répercussions effroyables sur les finances personnelles et familiales des proches aidants :

  • 41 % des familles aidantes puisent dans leurs économies;
  • un aidant sur trois doit diminuer ses heures de travail et ses revenus (il doit aussi refuser promotions, formations, heures supplémentaires);
  • une femme aidante sur deux doit abandonner son emploi;
  • 64 % des aidants n’ont aucune flexibilité dans leur horaire de travail;
  • 10 % ont dû emprunter de l’argent de proches pour joindre les deux bouts;
  • 12 % ont dû emprunter à la banque.

De plus, les proches aidants doivent assumer toutes sortes de dépenses (médicaments, soins à domicile, services professionnels ou de réadaptation, modification du logement…). Les soins coûtent en moyenne 430 $ par mois, selon un sondage de la Banque CIBC. Mais ils peuvent grimper entre 7 600 $ et 120 000 $ en moyenne par année pour les personnes ayant des problèmes de santé graves, selon des données compilées par le Regroupement des aidants naturels du Québec. Imaginez la situation d’un ménage dont les revenus sont limités, voire proches du seuil de faible revenu !

Pas surprenant que 20 % des proches aidants vivent une situation de précarité financière. Ils sont ainsi forcés de réduire leurs propres dépenses personnelles (habillement, transport, santé…) pour joindre les deux bouts.

Planifiez !

La plupart des proches aidants sont plongés dans la détresse financière parce qu’ils se sont fait happer progressivement par leur nouveau statut.

Dès que votre enfant, votre conjoint ou, surtout, votre parent affiche des signes de détérioration de leur santé, qui signalent une maladie de longue durée, vous devriez convoquer un conseil de famille :

  • chaque membre doit être impliqué lorsqu’on prodigue des soins aux parents, et ils ont leur mot à dire sur les décisions;
  • partagez les responsabilités (hébergement, ménage, soins, médicaments, sorties, transport, etc.);
  • faites appel à des services communautaires qui offrent du soutien et des soins à domicile, ainsi que des services de répit (moins de 6 % des aidants s’en prévalent);
  • contactez votre CLSC pour une liste de ressources.

Cherchez de l’aide !

Aussi surprenant que cela puisse paraître, une majorité de proches aidants ignorent qu’il existe des programmes d’aide qui leur sont destinés. À peine 5,4 % reçoivent de l’argent du gouvernement ! Même si les crédits d’impôt sont nettement insuffisants pour couvrir l’effort financier d’un proche aidant, pourquoi s’en priver ? Or, plusieurs personnes admissibles ne les demandent même pas… Par contre, ils sont souvent inaccessibles aux ménages à faible revenu, ou ne s’appliquent pas aux personnes habitant en centre d’hébergement et qui passent la fin de semaine dans leur famille.

Par ailleurs, demandez à un conseiller ou planificateur financier de vous aider à sélectionner les produits adaptés à votre situation et à celle de la personne aidée (assurance vie, de soins de longue durée, de maladie grave ou d’invalidité, REER, etc.) ainsi que les mesures fiscales appropriées. Établissez la liste de vos besoins et de ceux de la personne aidée : temps consacré aux soins et types de soins, médicaments, aménagements, etc. Demandez une Entente sur le soutien aux proches aidants (ESPA) à votre CLSC.

Si, à titre d’aidant, vous vous occupez des finances d’un proche, n’oubliez pas de regrouper dans un endroit sécuritaire ses documents de nature financière. Faites-en une copie et conservez-les dans un autre lieu ou dans le nuage, après les avoir numérisés (DropBox, Google Drive, iCloud), pour éviter de les perdre en cas de sinistre.

Enfin, épargnez. Même si vos revenus sont peu élevés, ouvrez un compte CELI et instaurez un virement automatique depuis le compte où est déposée votre paie. L’épargne stabilisera vos finances, mais elle vous donnera aussi les moyens de passer au travers, notamment en vous payant un psy. Ainsi, 18 % des aidants qui suivent une psychothérapie diminuent leur épuisement, 33 % leurs symptômes dépressifs et entre 40 % et 54 % leur anxiété, selon des données de l’Université Laval.

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Ressources

  • Site Web pour aidants, Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM) : 514 340-2800, http://bit.ly/2zzDHKf
  • Devenir aidant, ça s’apprend !, IUGM : 514 340-2800, http://bit.ly/2zIUZV8
  • Boîte à décision pour proches aidants, Université Laval : http://bit.ly/2DVIh8F
  • Prestations pour proches aidants, assurance-emploi : 1 800 808-6352, http://bit.ly/2DWIkB8
  • Crédits d’impôt pour aidants naturels, ACFC (fédéral) : 1 866 612-2232, http://bit.ly/2QAQllG
  • Crédit d’impôt pour aidant naturel cohabitant avec un proche, hébergeant un proche, prenant soin de son conjoint, Revenu Québec : 514 864-6299, 418 659-6299, http://bit.ly/2QrNvjd
  • Crédit d’impôt pour maintien à domicile d’une personne âgée (70 ans et plus), Revenu Québec : 514 864-6299, 418 659-6299, http://bit.ly/2UaCRMG
  • Crédit d’impôt pour frais engagés par un aîné pour maintenir son autonomie, Revenu Québec : 514 864-6299, 418 659-6299, http://bit.ly/2PdYYOF
  • Crédit d’impôt pour répit à un aidant naturel, Revenu Québec : 514 864-6299, 418 659-6299, http://bit.ly/2Qw5BR6