Vieille de 430 millions d’années, cette île perdue au cœur du Saint-Laurent n’a pas fini de fasciner les visiteurs de tout âge, avec sa succession de paysages et de phénomènes géologiques extraordinaires. Une destination de rêve pour souder le clan et créer des souvenirs mémorables.
Dès qu’on pose les pieds sur Anticosti, on sent que ce voyage ne sera pas comme les autres. Juste après l’atterrissage de notre avion, on nous prête une énorme camionnette 4X4 capable de s’extirper des pires chemins.
Mais ce monstre de fer a un talon d’Achille : ses pneus. On a donc deux pneus de rechange en vue de notre safari d’une semaine dans un chalet isolé, sans possibilité de ravitaillement. Et paraît-il que ça pourrait être insuffisant! « Si vous êtes dans le trouble, vous pouvez nous joindre en tout temps sur l’émetteur-récepteur radio », nous assure-t-on à l’accueil. Ça promet !
Notre camionnette, dont la location est comprise dans les forfaits avec la Sépaq Anticosti, principal pourvoyeur d’aventures sur cette nef de verdure – dixit le frère Marie-Victorin –, transporte confortablement six passagers.
Sa taille imposante nous protège aussi en cas de collision avec un cerf de Virginie, surabondant à la grandeur du territoire. Ce sont finalement peut-être les cerfs qui crèvent les pneus des camions…
Balade à Port-Menier
Porte d’entrée d’Anticosti, le village de Port-Menier, seul lieu habité de l’île, compte moins de 200 âmes. On y fait nos emplettes avant de s’évader en nature. Malgré sa taille modeste, le village vaut une balade en camion ou en vélo, qu’on peut emprunter gratuitement au bureau d’accueil touristique.
À voir : les vestiges de l’ancien château Menier, la baie Gamache et ses oiseaux marins ainsi que les cerfs de Virginie qui mangent dans nos mains, au grand plaisir des enfants (et aussi des plus vieux). Un arrêt s’impose à l’Auberge de Port-Menier, un restaurant gastronomique géré par la Sépaq, où l’on présente aussi une exposition sur les trésors de l’île.
Tous au chalet
Pour des vacances en mode multigénérationnel, on choisit les chalets, situés dans le centre de l’île, là où se concentrent les attraits majeurs. Ils sont accessibles par la route Transanticostienne, 266 km de gravier et de sable qui traverse l’île de part en part. Étonnamment, l’état de la route est impeccable, beaucoup mieux que la moyenne des routes québécoises.
Les chalets, tous en bord de mer, ne sont pas luxueux mais confortables. Sans électricité ni Internet, ils forcent les rapprochements. Les soirées se terminent par des feux de joie sur la plage, alimentés par le bois de grève, ou par des jeux de société. Une bonne façon de passer du temps de qualité avec des gens qu’on aime et de profiter d’une cure de désintoxication rapide des réseaux sociaux.
Canyons, grottes…
Anticosti, c’est le pays des canyons, dont quelques-uns s’explorent facilement en randonnée. L’incontournable est celui de la Vauréal, qui n’a rien à envier en splendeur à ses cousins de l’Arizona. Un sentier de 7 km aller/retour mène au fond d’une gorge profonde, encaissée par des parois colossales de 90 m. Le point d’orgue de cette excursion : la contemplation et la baignade dans la chute Vauréal, haute de 76 m.
Au canyon de la rivière Observation, qui mesure 5 km de longueur et que des falaises de 25 à 50 m de hauteur encaissent, le sentier propose une autre expérience. Plutôt que de marcher dans le fond du canyon, on marche dans un chemin facile de 3 km au-dessus des falaises, procurant une vue en plongée sur ce phénomène spectaculaire causé par la gélifraction et la dissolution du calcaire.
À l’Auberge McDonald, où un restaurant sert des repas gastronomiques (réservation par radiocommunication), on ramasse les casques de protection équipés de lampe frontale pour aller explorer la cathédrale souterraine qu’est la Grotte à la Patate, dont la spectaculaire entrée fait 10 m de haut sur 7 m de large. Une fois dans la pénombre, puis la noirceur totale, plus de 500 m de passages et de salles obscures sont accessibles aux non-claustrophobes. Si la spéléologie vous intéresse, une autre cavité vaut le détour : la grotte des Trois Plaines, de 400 m de longueur, qu’on traverse intégralement. Elle se cache au km 26 de la Transanticostienne.
Autre incontournable : la Baie de la Tour, où des somptueuses falaises de 90 et 75 m de hauteur surplombent une baie arrondie et sa lagune. De la fin juin à la mi-juillet, on peut assister au spectacle saisissant de milliers de capelans en période de reproduction qui viennent « rouler » sur la plage, transportés par les vagues. Phoques et oiseaux marins ne ratent pas une telle manne.
Anticosti, c’est aussi la pêche à la truite de mer, à l’omble de fontaine ou au saumon, les pique-niques en bord de mer, l’observation de la faune – cerfs de Virginie, renards roux et argentés, lièvres, phoques, baleines et plus de 200 espèces d’oiseaux –, la contemplation d’épaves, la visite de phares, les baignades en eau pure et beaucoup d’histoires et de légendes. De quoi laisser des souvenirs mémorables pour les 7 à 77 ans… malgré l’absence de crevaisons !
Repères
La Sépaq offre plusieurs forfaits de séjour en chalet, du 26 juin au 17 août, de trois, quatre ou sept jours, comprenant le vol aérien (de Mont-Joli, Québec ou Montréal), la camionnette avec kilométrage illimité et les autorisations d’accès au Parc national d’Anticosti. Les repas, l’essence et les assurances pour le véhicule ne sont pas compris. sepaq.com
Photo : Simon Diotte