À go, on branche nos vélos!

L’électrification des transports touche aussi les vélos! Depuis la pandémie, la vente de vélos à assistance électrique connaît un boom sans précédent au Québec. Virage fait la mise au point sur ces vélos à batterie.

« C’est un tsunami! » Voilà comment Jacques Sennéchael, rédacteur en chef du magazine Vélo Mag, résume l’engouement pour le vélo à assistance électrique (VAE) depuis quelque temps. « Les 50 ans et plus s’en entichent comme jamais. Tellement que les manufacturiers ont de la misère à répondre à la demande », explique cet observateur de la scène cycliste.

La vague est née il y a quelques années en Europe, où les ventes de VAE sont en progression constante. Un des facteurs expliquant leur attrait sur le Vieux-Continent : les gouvernements européens les voient comme une manière de réduire les déplacements pendulaires en automobile et, par le fait même, la congestion et les gaz à effet de serre. Pour cette raison, l’État français et certaines communes subventionnent même leur achat.

En Amérique du Nord, la vague frappe avec des années de retard, probablement en raison du climat et de la dépendance à la voiture. Au Québec, ce n’est pas le côté utilitaire de ces vélos qui séduit, c’est leur aspect ludique. D’où l’explosion des ventes en pandémie, période pendant laquelle les gens cherchent de nouvelles façons d’occuper leurs temps libres.

Alors, pourquoi prendre le virage du vélo électrique? Faisons le tour de la question avec des passionnés de ces bicyclettes à batterie.

  1. On peut faire de plus longues sorties.

Depuis que Jacqueline Laliberté, 69 ans, roule en VAE, elle prend plus souvent la clé des champs. « Je n’ai plus peur de m’aventurer en zone inconnue. Je sais toujours que je vais avoir assez d’énergie afin de rentrer chez nous sans que je m’épuise », dit-elle.

Par exemple, avec sa nouvelle monture ayant une autonomie d’une centaine de kilomètres, elle a pédalé sans itinéraire dans les chemins de Saint-Jean-Port-Joli. « Avec un vélo conventionnel, je n’aurais jamais osé faire ce genre d’escapade », dit cette résidente de Québec.

Autre élément qui rassure notre retraitée : les pneus des vélos électriques sont généralement plus gros que la moyenne, en lien avec leur poids plus imposant. Donc, ils sont plus aptes à endurer la médiocrité des routes québécoises. « Je crains moins les crevaisons », affirme cette cycliste électrifiée.

  1. On ne craint plus les pentes raides.

Le principal ennemi du cycliste, ce sont les côtes. Le relief accidenté décourage les sédentaires à mettre la pédale à la roue. Toutefois, avec un vélo dopé au wattage, le moteur décuple la puissance du cycliste à chaque coup de pédale. Résultat : les pentes se montent comme à l’époque de nos 20 ans.

« Grâce à ma monture électrique, je m’aventure sans appréhension dans les côtes de ma ville, Mont-Saint-Hilaire, ce que je n’osais faire avec mon ancien vélo. Je découvre mon coin de pays comme jamais auparavant », explique Pierre Thivierge, 74 ans, propriétaire d’une bécane à assistance électrique.

Tout comme Jacqueline Laliberté, Pierre Thivierge prolonge ses sorties depuis sa conversion au VAE. « Je passe désormais des heures par semaine sur mon vélo. Je l’utilise à toutes les sauces, tandis que ma voiture reste de plus en plus souvent dans le garage », dit ce passionné de vitesse, qui adore rouler à… 30 km/h. « Des fois, je me fais peur ! », rigole-t-il.

  1. On fait de l’exercice autrement.

Beaucoup de cyclistes dénigrent sans gêne les vélos à batterie. « Ce n’est pas du sport », lit-on sur les forums publics. Jacques Sennéchael, de Vélo Mag, avoue que le sujet divise la planète cycliste.

Or, contrairement à la croyance populaire, les VAE exigent une bonne forme physique et constituent un bon entraînement, affirme Jean-François Larouche, kinésiologue au Centre Épic de l’Institut de cardiologie de Montréal.

Si l’on utilise un vélo à moteur pédalier, les bienfaits physiques sont plus grands, car les cyclistes doivent obligatoirement pédaler pour avancer. « Dans ce cas-ci, le moteur réduit les efforts dans les côtes, mais permet de rouler plus longuement, améliorant l’endurance », dit ce kinésiologue.

Si l’on opte pour un vélo à moteur-roue, l’effort pourrait être moindre, car ce type de bicyclette peut rouler uniquement avec l’énergie de la batterie. Il est tentant de se laisser aller… « Son avantage, c’est qu’il permet aux gens moins en forme de récupérer pendant une sortie. Ce type de monture fait quand même travailler l’équilibre et certains muscles stabilisateurs », dit cet expert de l’entraînement.

Leur désavantage, c’est qu’en réduisant l’effort nécessaire afin de gravir les pentes, le moteur sacrifie le développement de la puissance.

  1. On continue un sport apprécié.

Josette Potvin, 74 ans, souffre de polyarthrite rhumatoïde. Sans son vélo électrique, elle aurait raccourci ses sorties au strict minimum. « Mon vélo électrique me donne encore la possibilité de faire des sorties de 30 km et plus dans le bonheur », dit cette Montréalaise du quartier Rosemont, qui aime faire de grands déplacements en ville avec son mari, Jean-Luc Cousineau (sur la photo).

  1. On maintient une vie sociale.

Autre avantage du VAE : il donne possibilité aux cyclistes de différents niveaux de pédaler en groupe, le moteur gommant les niveaux de forme physique des participants. Cet outil permet de garder la motivation et de maintenir des liens sociaux.

« Au final, le meilleur exercice est celui que nous faisons régulièrement, donc tant mieux si le vélo à assistance électrique rend l’exercice plus accessible », conclut le kinésiologue Jean-François Larouche.

Le prix d’un vélo électrique oscille entre 2 000 $ et 5 000 $. Il est possible de convertir un vélo ordinaire en vélo électrique pour moins de 1 500 $.

Photo : Simon Diotte