«Vieillir est un privilège»

Virage avait rencontré Guy Mongrain en 2010, alors qu’il était le porte-parole d’une campagne menée par l’Autorité des marchés financiers pour sensibiliser les investisseurs à la vigilance envers les fraudeurs. En 2013, l’animateur s’associe à la promotion d’une carte privilèges émise par la Banque Laurentienne pour les membres du Réseau FADOQ.

« Il y a plusieurs liens entre les deux : la sécurité financière, la saine gestion du crédit et la bonne utilisation de l’argent, cette ressource épuisable… » Ce rôle de porte-parole l’amènera à participer à différentes activités du Réseau FADOQ. Voilà qui tombe bien, car rencontrer du monde, toutes sortes de monde, le nourrit et l’allume. Guy Mongrain aime la vie, les gens, les voyages, la photographie, la lecture, sa petite-fille… C’est avec gentillesse qu’il nous parle de ses plus grandes passions.

Le privilège de vieillir…
et de voyager

Cette année, Guy Mongrain traverse la frontière de la soixantaine et considère que vieillir est un privilège. En santé, en forme et bien entouré, avancer en âge c’est jouir, en effet, du privilège de profiter de l’existence, soulagé de certaines responsabilités. Les enfants sont autonomes et, côté carrière, il n’a plus à se démener pour gagner sa place. « Je trouve agréable de profiter de la vie avec davantage de sérénité et moins d’obligations. »

Comment voit-il cette étape ? « Je suis un être de voyages, encore très actif. Je veux que chaque instant de cette prochaine décennie soit fait de belles découvertes. »

L’été, ne cherchez pas Guy Mongrain ; il roule en véhicule récréatif avec son épouse. « À chaque retour, je suis heureux de ce que j’ai vu, raconte-t-il, mais je regarde ce qu’il me reste à voir et ma liste est encore longue. Je ne voudrais rien manquer. »

Il y a maintenant six ans qu’il a découvert le caravaning, grâce à sa sœur. Cette façon de se déplacer lui a permis de faire des voyages fabuleux et d’explorer de merveilleux coins de pays : les Rocheuses; la vallée des dinosaures en Alberta; la région des grands canyons; Monument Valley… « Au volant de mon VR, mon pare-brise est un écran géant sur lequel le National Geographic m’envoie les plus belles images », illustre l’animateur.

Si l’Amérique du Nord en VR le ravit, il entretient aussi beaucoup d’intérêt pour l’étranger. De récents séjours à Istanbul et à Barcelone lui ont permis de prendre le pouls de grandes villes et sa liste d’endroits à voir s’étire jusqu’en Europe et même plus loin : Saint-Pétersbourg, Prague, la Turquie, l’Espagne, l’Afrique du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande…

« Nous avons une sapré belle planète, poursuit-il. Des choses ont été bâties depuis plusieurs centaines d’années et sont encore debout alors qu’aujourd’hui, nous avons de la misère à faire tenir nos viaducs. » Des chefs-d’œuvre comme
la basilique Sainte-Sophie ou la mosquée bleue à Istanbul, ou encore le Vatican, l’émerveillent par leurs splendeurs. « Marcher dans la Rome antique, c’est marcher dans l’histoire. »

Zoé, 8e merveille du monde

Par ailleurs, juste avant d’aborder la soixantaine, l’année 2012 lui aura fait le plus beau des cadeaux : l’arrivée de sa petite-fille Zoé.

« J’ai eu deux garçons et je me sens doublement comblé de me retrouver avec une petite-fille. Quand elle s’approche et me tend les bras, mes rotules ramollissent. Zoé, c’est la continuité et c’est en même temps l’occasion d’interagir avec une enfant de façon plus sereine que dans le rôle de parent. Comme parent, il y a deux lignes : l’autorité et la compréhension. Comme grand-parent, il n’y en a qu’une : la compréhension. Je n’irai jamais à l’encontre des valeurs que lui inculquent ses parents, ce qui n’empêche pas les petites gâteries. Parents et grands-parents sont complémentaires. Quand elle dort chez nous, nous n’avons pas à nous presser vers le train-train quotidien le matin, nous avons tout le temps de profiter de sa présence. »

Dénigrement ? Non merci !

Si tant de choses lui plaisent, d’autres l’horripilent. Comme la division entre les générations. « Je n’aime pas quand les aînés dénigrent les jeunes ni quand les jeunes dénigrent les aînés. Nous faisons tous partie du même ensemble et ce n’est pas en nous excluant que nous ferons avancer les choses. Il y a des tonnes de sagesse chez les personnes plus âgées et quand on est rendu à cette étape de la vie, on pense généralement davantage à donner qu’à prendre. Les jeunes ont aussi des choses à nous apprendre, en regard des technologies par exemple. Je vois les relations intergénérationnelles comme un perpétuel échange qui se doit d’être productif. »

Est-il rendu à l’étape de la semi-retraite ? « Tout à fait », répond-il. Il a tiré un trait sur les émissions quotidiennes mais il anime toujours avec plaisir La poule aux œufs d’or et accepte quelques autres mandats quand l’occasion se présente. « Je suis comme un avion en approche finale, compare-t-il. Le train d’atterrissage est sorti mais j’ignore encore si la piste est loin ou proche. » À cet égard, il se dit fort chanceux d’avoir vécu des expériences aussi belles que Salut, bonjour !, Fort Boyard et Québec à la carte, et d’avoir encore ce merveilleux contact avec la télévision qu’il aime beaucoup.

Quand il observe la société d’aujourd’hui, il trouve que la courtoisie a pris le bord et il aimerait renverser cette mentalité du chacun pour soi, devenue maladive et épidémique, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’un très ambitieux programme ! Pourtant, fait-il remarquer, avec une parole gentille, un sourire ou un compliment pour autrui, on peut faire une différence.

Il est comme ça Guy Mongrain, il regarde d’abord le beau côté, une tendance héritée de sa mère. « Jusqu’à maintenant, poursuit-t-il, ma vie a été enviable, on m’a dorloté, on m’a fait confiance, on m’a protégé. J’aimerais transmettre tout cela à ma petite-fille. La vie n’est pas toujours facile mais elle vaut la peine d’être vécue. »

Quelle perte de temps que de s’en faire avec l’avancée en âge, pense-t-il. Ce temps précieux, il préfère le passer à visiter tous les beaux endroits encore sur sa liste. L’été prochain, ce sera Terre-Neuve… en attendant que Zoé vieillisse un peu et puisse monter à bord du VR avec grand-papa et grand-maman pour aller sur une plage, quelque part, construire des châteaux de sable.