Renseignements personnels en péril

Les 55+ sont plus préoccupés que la moyenne des Canadiens par la protection de leurs renseignements personnels, tout en étant moins susceptibles de prendre certains moyens simples afin de se mettre à l’abri du vol d’identité, de l’hameçonnage, de la fraude, etc. Tour d’horizon avec le Commissaire à la vie privée du Canada et le président de la Commission d’accès à l’information du Québec.

D’emblée, présentons l’un et l’autre, que Virage a rencontrés dans leurs bureaux. Me Daniel Therrien dirige le Commissariat à la vie privée du Canada, à Gatineau, une équipe de près de 200 employés incluant des agents d’information, des enquêteurs et des technologues travaillant en laboratoire pour voir comment l’information circule « sous le capot ». Pour sa part, Me Jean Chartier est à la tête de la Commission d’accès à l’information du Québec, qui a pignon sur rue à Québec et à Montréal et regroupe 60 employés.

Bien que leurs mandats et juridictions soient différents, tous deux ont pour mission de défendre, protéger, sensibiliser et informer les individus sur la complexe mais ô combien cruciale question de la protection des renseignements personnels, à l’heure où les nouvelles technologies de l’information permettent aux entreprises et aux fraudeurs d’en savoir toujours un peu plus sur nous, souvent à notre insu.

Protégez-vous !

« Les gens ne devraient pas hésiter à utiliser les courriels, les médias sociaux et les services bancaires en ligne. Toutefois, ils doivent connaître les risques, savoir comment ça fonctionne et poser des questions au besoin afin de mieux se protéger », résume Me Therrien.

De façon générale, il indique de ne pas donner des renseignements personnels à quelqu’un qu’on ne connaît pas et de se méfier d’un courriel ou appel téléphonique d’une agence gouvernementale ou d’une institution financière réclamant nos données personnelles, car les gouvernements et les institutions ne fonctionnent pas ainsi.

Il incite également les aînés à utiliser des mesures simples, telles que modifier leurs paramètres de sécurité, désactiver la fonction de localisation et utiliser des mots de passe afin de mieux se protéger sur Internet, quitte à requérir les services d’un de leurs enfants ou petits-enfants s’ils ne savent pas comment s’y prendre. Et vive l’intergénération !

Pour sa part, Me Jean Chartier rappelle que par téléphone par exemple, des gens peuvent se faire passer pour un petit-fils dans le besoin, un fonctionnaire, la banque, une entreprise de télécommunication, etc. « Souvent, on est tenté de donner notre numéro d’assurance sociale, notre numéro de carte de crédit ou notre adresse pour ne pas être impoli mais l’attitude à adopter est plutôt de lui demander ses coordonnées et de lui dire qu’on va le rappeler. S’il s’agit d’un fraudeur, il va raccrocher », note-t-il.

Toutefois, même lorsqu’on est certain de l’identité d’un représentant d’un organisme gouvernemental ou d’une entreprise, il conseille aux gens de se défaire du mauvais réflexe de fournir sur-le-champ une foule de renseignements personnels. « Il faut que les renseignements demandés au moment d’ouvrir un compte ou un dossier soient nécessaires en fonction de ce que les organismes et entreprises font. Si ce n’est pas le cas, on ne fournit pas ces informations », résume-t-il.

Et si ça vous arrivait ?

Vous devez donc y aller avec parcimonie et méfiance dans la divulgation de vos données personnelles, prévenir en utilisant différentes mesures de protection et, surtout, bien garder en tête que le vol d’identité, l’hameçonnage et autres fraudes n’arrivent pas qu’aux autres.

Voici quoi faire si ça vous arrivait à vous :

  • Signaler le vol ou le crime au service de police local ou à la GRC.
  • Contacter le Centre antifraude du Canada (1 888 495-8501) s’il s’agit d’une arnaque ou d’une fraude.
  • Faire annuler toute carte de crédit et tout compte bancaire piratés.
  • Signaler aux autorités compétentes tout document ou pièce d’identité manquant.

Par ailleurs, si vous estimez qu’une entreprise privée ou un organisme gouvernemental n’a pas bien protégé vos renseignements personnels, communiquez directement avec lui pour lui faire part de vos doléances.

Si la réponse ne vous satisfait pas, vous pouvez porter plainte au Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, s’il s’agit d’un ministère ou organisme fédéral, d’une organisation sous réglementation fédérale ou d’une organisation étrangère exerçant des activités commerciales au Canada. Sinon, vous pouvez vous adresser à la Commission d’accès à l’information du Québec, qui traite 2000 demandes de révision annuellement, concernant la protection des renseignements personnels et l’accès aux documents des organismes publics.

 

Comment réduire les risques ?

  • Déchiquetez vos papiers personnels (comptes, avis de cotisation, talons de paie, offres de cartes de crédit…) plutôt que de les mettre tels quels à la poubelle ou dans le bac de récupération, car ce sont des mines de renseignements qui pourraient permettre un vol d’identité.
  • Vérifiez vos relevés bancaires et relevés de carte de crédit pour y déceler tout achat non autorisé.
  • Assurez-vous que vos ordinateurs, tablettes et téléphones cellulaires soient protégés par un mot de passe distinct et difficile à deviner.
  • Désactivez les fonctions WiFi et Bluetooth lorsque vous ne les utilisez pas.
  • Familiarisez-vous avec les paramètres de confidentialité et prenez le temps de lire les politiques de confidentialité avant d’y consentir.
  • Signalez les courriels non sollicités comportant des pièces jointes ou du contenu suspect au Centre de notification des pourriels, au combattrelepourriel.gc.ca
  • Pensez aux possibles conséquences à long terme sur votre réputation et celle d’autres personnes avant de publier une photo ou un commentaire douteux sur les réseaux sociaux, car Internet n’oublie pas ! Ainsi, il peut s’avérer quasi impossible de réellement les supprimer.
  • Résistez à l’envie de publier sur les médias sociaux des photos de vos petits-enfants dans le bain car elles peuvent être copiées et partagées à mauvais escient. Ne publiez pas non plus vos photos de voyage en précisant que vous êtes en Floride pour cinq mois ! Qui sait, ça pourrait donner des idées à un « ami » de vos amis Facebook.
  • Consultez le priv.gc.ca et le cai.gouv.qc.ca pour d’autres conseils. Vous pouvez aussi communiquer avec le Commissariat à la vie privée du Canada au 1 800 282-1376 et avec la Commission d’accès à l’information du Québec au 1 888 528-7741.